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Comment mesurer le besoin de recapitalisation des banques ?
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Sauver l'Euro

Si toutes les banques françaises affirment pouvoir faire face à la crise actuelle, même en cas de défaut de la Grèce, la situation pourrait être amenée à évoluer rapidement.

Hugues  Le Bret

Hugues Le Bret

Ancien directeur de la communication de la Société Générale.

Fondateur de Achèle, société de conseil en communication et stratégie.

Il est également l'auteur d'un ouvrage sur l'affaire Kerviel (Les Arènes, 2010)

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Atlantico : Certaines voix se font entendre pour critiquer la position du gouvernement français dans le cadre du plan de sauvetage de l’Euro. Celui-ci chercherait à utiliser des fonds européens pour recapitaliser ses banques ? Est-ce crédible ?

Hugues Le Bret : Je ne pense pas, puisque toutes les banques françaises disent qu’elles ont les moyens de faire face à la crise, même en cas de défaut de la Grèce. Par exemple, la Société générale a dit clairement à l’occasion de son nouveau plan de restructuration qu’elle avait 900 millions d’exposition sur la dette grecque et que c’était provisionné à 100%.

Les prochains résultats des banques vont intervenir d’ici trois semaines, donc on verra à ce moment là l’impact sur leurs comptes et les différentes provisions qui seront alors réajustées. On verra si elles restent rentables globalement sur l'année, comme je le pense.

Mais, selon moi, le sujet de la recapitalisation des banques ne se pose que si l’on considère qu’au-delà de la Grèce il y aura des impacts sur des pays comme l’Italie. Là il y aurait des conséquences majeures, notamment sur BNP Paribas. Pour atteindre les niveaux de fonds propres règlementaires exigés pour les banques dans les accords de Bâle III, il faut que leurs capacités bénéficiaires servent avant tout au renforcement des fonds propres. Pour l’instant, si on se fie à la communication publique des banques, elles n’ont pas besoin d’être massivement recapitalisées et peuvent faire face aux exigences de fonds propres en grande majorité toutes seules. Le gouverneur de la Banque de France a d’ailleurs précisé dernièrement que les besoins en capitaux de l’ensemble des banques françaises s’élèveraient à environ de dix milliards d’euros.

Christine Lagarde a pourtant dit qu’il fallait 200 milliards pour les banques françaises…

Tout dépend de la conjoncture. Si on considère leurs activités, elles sont rentables. En réalité, le vrai sujet reste de savoir de combien elles vont devoir déprécier leurs bilans, et au-delà, leur exposition sur l’ensemble des entreprises auxquelles elles ont prêté, et de voir les taux de défaut qui seront appliqués sur les différents segments. En fonction du taux de défaut - dans un contexte de croissance en chute libre - et du taux de défaut des États souverains, est-ce-que la capacité bénéficiaire des métiers des banques permettra d’atteindre les niveaux requis de fonds propres ?

Il est difficile de répondre à cette question, sachant qu’il existe diverses possibilités : couper les dividendes (les banques distribuent 30% de résultat au lieu de 40 ou 45%, depuis 2009), payer cette distribution partiellement en actions et partiellement en cash (le cash constitue plutôt 1/3 de cette distribution de dividendes), aller chercher de l’argent sur les marchés (augmentation de capital et sollicitation de ses propres actionnaires), etc. Les banques peuvent également dégonfler leur bilan (ce qu’elles ont toutes commencé à faire) en vendant leurs actifs ou en arrêtant certaines activités…

Il faut savoir que le ratio de fonds propres c’est le niveau de fonds propres par rapport à la taille du bilan. Donc soit on augmente les fonds propres, soit on arrête de faire du crédit. En dernier ressort, il est possible d’effectuer une recapitalisation par des investisseurs souverains ou non souverains. C’est là que peut intervenir une action de l’État français ou d’autres États.

Finalement, c’est l’évolution de la valeur des dettes grecque et italienne, et des portefeuilles de crédits en général, qui dicteront si une recapitalisation est nécessaire pour atteindre les niveaux de fonds propres demandés. Il est question d’un besoin de 108 milliards pour les banques européennes, mais on ne dit pas quelles banques, dans quel pays… Il est probable qu’il y ait un besoin imminent pour les banques grecques, important pour les banques italiennes, mais je ne pense pas que cela dépassera ce qu’a dit le gouverneur pour les banques françaises. Evoquer un besoin de recapitalisation plus massif des banques européennesme semble donc aujourd’hui prématuré.

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