Mauvais calculs
Rapport de l’Ademe sur les énergies renouvelables : les obstacles à un mix électrique 100% renouvelable
Une étude de l'Ademe tire la conclusion que la France pourrait tirer son électricité uniquement des énergies renouvelables d'ici à 2050, le tout pour le même prix qu'avec le nucléaire. Une conclusion qui omet de lourdes réalités économiques et techniques.
Atlantico : Le rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), conclut que d'ici 2050, la France pourrait tirer toute son énergie de ressources renouvelables (sans le nucléaire), le tout pour un coût semblable à celui de nucléaire. Que faut-il penser des chiffres avancés par ce rapport ?
Rémy Prud'Homme : Notons qu'en 2014, selon la très officielle CRE (Commission de Régulation de l'Energie), le prix moyen d'achat aux producteurs est de 91 € pour l'éolien terrestre, de 217 € pour l'éolien en mer, et de 418 € pour le photovoltaïque. Merci pour eux. Ces prix vont baisser, mais jusqu'où, c'est que personne ne sait exacxtement.Or le prix actuel d'achat de GDF du solaire ou de l'éolien est d'environ 200€ moyenne selon la commission de régulation de l'énergie. Le prix de l'éolien maritime est même au dessus de 200€, le solaire est actuellement payé à 300€ en moyenne. Même si dans le futur on imagine que les prix vont baisser, on ne peut pas être certain.
Il est dit qu'on aura des moyens de stockage considérables, mais aujourd'hui on ne sait pas stocker de l'électricité en grande quantité.
Peut être que les scientifiques vont trouver la solution un jour, mais cela fait déjà un siècle qu'ils cherchent à stocker l'électricité en quantité industrielle. Tous miser sur le renouvelable intermittent sans pouvoir stocker de l'électricité en grande quantité c'est s'exposer à des coupures fréquentes.
Par exemple, la production d'électricité solaire un soir de pointe en hiver est nulle, car il n'y a pas de soleil ! On serait réduit à compter sur l'énergie éolienne, et là c'est le même problème s'il n'y pas de vent, il n'y a pas d'électricité. Sans capacité de stockage on risque de grandes coupures les soirs de pic électrique. En fait, au delà d'un certain point, plus de renouvelable, c'est plus de centrales thermiques polluantes pour pallier aux risques de coupure.
Selon l'étude, ces sources d'énergie se repartirait ainsi : 63 % d'éolien terrestre et en mer, 17 % de solaire, 13 % d'hydraulique et 7 % de thermique renouvelable (géothermie comprise). Dans quelle mesure ces chiffres sont-ils envisageables ?
63% d'éolien : actuellement seuls 3% de l'électricité utilisée est d'origine éolienne. Selon ce rapport, il faudrait donc multiplier ce pourcentage par 15. Or cela semble impossible au vu des problèmes que créer l'éolien. On a déjà des difficultés à trouver des endroits pour créer des sites éoliens, car les habitants et les responsables politiques n'en veulent pas, il y a eu une multiplication des procès ces dernières années, alors multiplier cette énergie par 15 cela semble déraisonnable.
De plus, il y a une question de coût, les sites les plus propices à l'éolien sont déjà utilisés. Donc si on multiplie les sites, on va se trouver avec des sites éoliens de moins en moins rentables car peu traversés par des courants venteux.
13% hydraulique : c'est actuellement le cas, mais personne n'envisage qu'on puisse en créer davantage, car tous les cours d'eau sont exploités pour l'énergie hydraulique, il n'y a plus de ressource possible de ce côté là.
17% de solaire : en France 1 à 2% de l'électricité est solaire, encore une fois il faudrait multiplier par 10! Cela coûterait des sommes extravagantes, il faudrait tout relier au réseau… Il n'existe aucun pays au monde où l'éolien et la photovoltaïque représentent plus de 25 % ou 30% de la production d'électricité. Il y a bien des pays, comme la Norvège ou la Suisse où les "renouvelables" assurent beaucoup plus. Mais l'essentiel de ces renouvelables consiste en bonne vieille électricité hydraulique.
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