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Qui pourrait être à Sarkozy ce qu’ont été Séguin ou Madelin à Chirac lorsqu’il était distancé dans les sondages par Balladur, le grand favori à qui tous se ralliaient ?
©Reuters

Candidat cherche ralliement providentiel

Largement derrière le candidat Edouard Balladur lors de la campagne présidentielle de 1995, Jacques Chirac articule à quelques mois du scrutin son projet autour de la "fracture sociale" qui fait écho aux Français. En 2017, la polarisation de la société française pourrait donner une prime à celui qui parlera aux "oubliés" de la mondialisation.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Philippe Tesson

Philippe Tesson

Journaliste, fondateur et directeur du Quotidien de Paris de 1974 à 1994.

Chroniqueur habitué des studios de radio et des plateaux de télévision.

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Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Frédéric  Métézeau

Frédéric Métézeau

Frédéric Métézeau est journaliste depuis 15 ans. Il a été journaliste pour France Bleu Nord, basé à Lille, et a présenté les informations sur France Inter avant devenir chef du service politique sur France Culture. Depuis août 2015, il est chef du service politique de France Inter.

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Atlantico : Selon un sondage Odoxa pour le Parisien et BFM TV, Nicolas Sarkozy avec 23% d'intentions de vote auprès des sondés envisageant de participer à la primaire de la droite est largement devancé par Alain Juppé (41%). Pourquoi, selon vous, l'écart se creuse-t-il entre les deux candidats ? Quelles différences et/ou similitudes, l'électorat de ces deux hommes présente-t-il ? 

Bruno Cautrès : Il faut tout d’abord remarquer, comme pour toute publication d’intention de vote, que ces chiffres sont susceptibles d’évoluer encore significativement, voire fortement, avant la primaire. Même si le nombre de candidats déclarés est sans doute maintenant à peu près stabilisé, on ne sait pas au final combien seront en mesure de se présenter. Cette simple donnée doit nous mettre en garde contre les conclusions hâtives au sujet du résultat final. De même, tous les candidats n’ont pas encore présenté leurs propositions et leur programme : Nicolas Sarkozy, qui se veut être la parole "officielle" des Républicains, va accentuer cette dimension de candidat porteur du projet collectif de son parti. La dynamique dont semble bénéficier Bruno Le Maire n’a également pas encore produit tous ses effets. Une fois prises ces précautions d’usage, on ne peut que remarquer qu’entre sa prise de fonction à la présidence de l’UMP et aujourd’hui, la côte d’intentions de vote à la primaire en faveur de Nicolas Sarkozy a fortement chuté. Cette chute a été parallèle à la montée des intentions de vote en faveur d’un Alain Juppé apparaissant de plus en plus comme le candidat en mesure d’assurer à la fois la place de la droite au second tour et la victoire lors de la présidentielle de 2017.

Alain Juppé a parfaitement su, pour le moment, capitaliser sur cette image de candidat d’une victoire qui ne peut échapper à la droite tandis que l’image plus clivante de Nicolas Sarkozy, ses épées de Damoclès judiciaires aussi, font de celui-ci un candidat plus risqué aux yeux de son propre camp. Au-delà de ces considérations d’image de vainqueur possible ou de vainqueur certain de la présidentielle 2017, il est très intéressant de constater de fortes différences sociologiques entre les deux électorats potentiels : d’après l’enquête électorale de grande ampleur que nous réalisons au CEVIPOF, l’enquête électorale 2017 auprès d’un gigantesque panel de plus de 20.000 électeurs, parmi ceux qui se déclarent certains d’aller voter à la primaire 44% déclarent vouloir voter pour Alain Juppé et 32% pour Nicolas Sarkozy (dans la vague de ce panel, réalisée en février), un important écart mais plus faible que celui mesuré par le sondage Odoxa. Si l’on regarde les structures sociologiques des deux candidats parmi ces électeurs certains d’aller voter à la primaire, il apparait que Nicolas Sarkozy dispose d’un électorat potentiel plus jeune (36% d’intentions de vote chez les moins de 35 ans), plus actif et surtout plus populaire qu’Alain Juppé. Alors que Nicolas Sarkozy avait été décrit comme "le président des riches", 43% des employés et 54% des ouvriers qui ont l’intention ferme de participer à la primaire lui accordent leur vote (contre 37% et 28% respectivement pour Alain Juppé). De même, 47% de ceux qui gagnent moins de 1250 euros par mois choisissent l’ancien président contre 32% pour Alain Juppé. Celui-ci recueille bien davantage de voix parmi les revenus supérieurs à 2500 euros et notamment les plus hauts revenus : parmi ceux qui gagnent plus de 6000 euros par mois, 52% ont l’intention de voter Juppé contre seulement 27% pour Sarkozy. Cette forte différence dans les deux électorats se retrouve en termes de capital culturel : les diplômés du supérieur choisissent nettement plus fréquemment le maire de Bordeaux (54% d’intentions de vote chez les Bac +4 et au-delà, plus de deux fois moins pour Nicolas Sarkozy). Comme on le voit, le positionnement plus "centriste" d’Alain Juppé lui attire les votes des milieux plus éduqués, plus bourgeois, plus riches et dans le même temps lui permet d’étendre ses zones de force parmi des catégories comme les agents de la fonction publique d’Etat (48% d’intentions de vote pour ceux qui déclarent être certain de voter à la primaire). L’un des ressorts de la compétition entre les deux candidats est qu’en occupant fortement ce créneau centriste/centriste de droite, éduqué, bourgeois, Alain Juppé repousse Nicolas Sarkozy vers un positionnement plus droitier où il se retrouve en candidat moins "mainstream" finalement. Il devient dès lors essentiel d’attirer pour Nicolas Sarkozy des électeurs venant du FN afin de compenser l’emprise d’Alain Juppé sur le centre. Dans les données de l’enquête CEVIPOF, parmi ceux qui se déclarent certain de voter à la primaire du mois de novembre, 71% de ceux qui avaient voté Bayrou en 2012 soutiennent Alain Juppé et seuls 7% Nicolas Sarkozy. En revanche, l’ancien président de la République recueille toujours davantage d’intentions de vote parmi ses anciens électeurs de 2012 (41% contre 36% pour Alain Juppé) et parmi l’électorat 2012 de Marine Le Pen (39% contre 29%). Si la bataille du centre semble d’ores et déjà gagnée par Alain Juppé, la bataille pour séduire l’électorat FN n’est pas terminée. 

Frédéric Metezeau : Nicolas Sarkozy a joué toutes les cartes : il a écrit un livre qui se vend très bien mais surtout auprès de sarkozystes convaincus, il a eu des passages dans à peu près tous les médias, il a fait des 20h, des réunions publiques, des dédicaces mais ça ne prend pas. Aujourd’hui, pour lui, la situation sondagière n’est pas des plus simples. Il ne faut pas non plus s’alarmer outre-mesure : cette situation peut changer. 

Nicolas Sarkozy est plombé par son bilan. En effet, le bilan de son quinquennat n’est pas bon : le chômage n’a pas baissé, les déficits se sont creusés, le FN en 2012 était beaucoup plus haut qu’en 2007. Or, Nicolas Sarkozy a été élu grâce à des mots forts, tranchants, de rupture en promettant que tout allait changer. Il a rué dans les brancards et le fait qu’il ait promis de tout retourner et qu’il n’y soit pas arrivé explique le manque d’indulgence des Français à son égard. On lui reproche donc d’autant plus son mauvais bilan qu’il avait promis de transgresser. 

A la différence de Sarkozy, le bilan de Juppé en tant que Premier ministre remonte à 1997 (année où il a quitté Matignon), quant à son passage au Quai d’Orsay, il importe peu car le bilan diplomatique intéresse moins les Français. De plus, depuis une dizaine d’années, Alain Juppé a eu un style plus consensuel, il a moins heurté les gens : l’époque "droit dans ses bottes" est terminée, tandis qu’à l’inverse Nicolas Sarkozy a été "archi droit dans ses bottes". 

Comment Nicolas Sarkozy pourrait-il inverser cette tendance ? Bien que les circonstances soient différentes, dans le duel qui oppose Nicolas Sarkozy à Alain Juppé, qui pourrait jouer auprès de Nicolas Sarkozy, le rôle qu'ont joué Philippe Séguin ou Alain Madelin auprès de Jacques Chirac lorsque ce dernier était largement distancé dans les sondages face à Edouard Balladur, alors grand favori ? 

Bruno Cautrès : Votre question a tout d’abord bien raison de nous rappeler qu’une élection n’est jamais jouée à l’avance. Jacques Chirac, en 1995, ne commence à redresser ses intentions de vote face à Edouard Balladur qu’au début 1995, au mois de février, alors même que tout le monde le pense perdu et perdant. Mais la grande différence est qu’il n’y avait pas alors de primaire : c’est le premier tour de la présidentielle qui a joué le rôle de primaire en 1995. Jacques Chirac a pu alors jouer son va-tout et saisir sa chance qui ne s’est affirmée que dans la dernière ligne droite. C’est une différence majeure avec l’actuelle situation. Par ailleurs, en 1995, l’engagement très lourd, très net et franc de Philippe Séguin en faveur de Jacques Chirac avait fortement remis en selle celui-ci. La popularité de Philippe Séguin dans son camp, sa forte image d’homme politique intellectuellement puissant et structuré, avait crédibilisé la perspective de Jacques Chirac à l’Elysée autour du thème néo-gaulliste de la "fracture sociale". En 2016, et pour Nicolas Sarkozy, on ne voit rien de comparable pour le moment : le président des Républicains semble pour le moment avoir du mal à réunir une équipe avançant fortement sur le plan des idées. Mais on voit des signes d’accélération (par exemple la proposition récente de suppression massive de postes de fonctionnaires). Il y a là un enjeu clef pour Nicolas Sarkozy : choisir et affirmer sa ligne, avancer sur le plan programmatique et montrer qu’en cela il n’est pas seul. Je me demande si l'équivalent de Philippe Séguin ne serait pas pour Nicolas Sarkozy tout simplement les militants de son parti : va-t-il vouloir montrer, par des consultations internes notamment (comme il l’a déjà fait), que le "peuple de droite" est à ses côtés, de son côté ? Je pense que l’un des ressorts de la compétition interne est exactement ici : si Alain Juppé avait bien résumé la situation en disant "j’ai l’opinion, il a le parti", où en est-on aujourd’hui en termes de choix de politiques publiques des militants des Républicains ? Le côté Juppé (rassembler, apaiser, réformer) est-il en train de passer devant le côté Sarkozy (incarner "la rupture" et reprendre l’histoire interrompue en 2012), davantage préoccupé par les questions identitaires ?

Eddy Fougier : La jurisprudence Chirac peut effectivement être une voie intéressante à explorer. Largement distancé à l’époque par Edouard Balladur, qui avait subi une défaite importante en 1988 contre François Mitterrand, Jacques Chirac était remonté dans les derniers mois de la campagne de 1995 et l’avait remportée. Pourquoi ne pas refaire le coup de la fracture sociale, ou de la fracture géographique, spatiale ?… Henri Guaino et Patrick Buisson ont joué ce rôle-là en 2007 (celui de faire le lien entre perdants et gagnants de la société actuelle). Guaino est davantage dans une veine souverainiste tandis que Buisson se positionne sur les valeurs conservatrices traditionnelles : c'est cette synthèse des deux qui a permis à Sarkozy de répondre aux angoisses des Français, ce qui lui a permis de gagner en 2007, et de performer, même si c’était insuffisant, en 2012. C’est Emmanuel Todd qui avait suggéré ce terme de la fracture sociale à Jacques Chirac, il faudrait aujourd’hui un Piketty de droite à Nicolas Sarkozy.

Jacques Chirac a assuré sa victoire à la présidentielle de 1995 autour du thème de la fracture sociale. Quelle pourrait être l'offre politique de Nicolas Sarkozy, l'idée phare autour de laquelle il réussirait à fédérer ?

Bruno Cautrès : Je pense que Nicolas Sarkozy va essayer d’incarner un "storytelling" autour de l’idée qu’il faut reprendre en la poussant bien plus loin la "rupture" qu’il voulait insuffler en 2007 : la crise de 2008, la victoire courte de François Hollande (51.5% au second tour) serviront à montrer que Nicolas Sarkozy a été interrompu dans son élan mais que celui-ci est toujours là, servi par le même dynamisme. Il pourrait même se servir de l’échec de François Hollande sur le terrain du chômage (pour le moment) pour montrer qu’il était bien dans le vrai et que la France a besoin d’une rupture : il pourrait ainsi récupérer l’impatience de l’électorat de droite pour des réformes dite de "structure" (moins d’impôts, moins de fonctionnaires, l’avenir des prestations sociales), finir ainsi de couper l’herbe sous les pieds de François Fillon et obliger Alain Juppé à apparaître comme un réformateur qui n’ira pas jusqu’au bout car trop lié aux centristes. Du point de vue tactique, il me semble que Nicolas Sarkozy, devra, s’il veut reprendre la main, rapidement faire ce que l’on appelle du "framing" : fournir à ses soutiens l’amorce d’un puissant "storytelling" capable de concurrencer celui d’Alain Juppé (le "vieux sage" qui revient de loin, marqué et transformé par les épreuves traversées et qui a eu le temps de digérer son passé en devenant un grand élu local). Nicolas Sarkozy prendrait un grand risque en pensant que la nostalgie de l’électorat de droite pour le "magic Sarko" du début de son mandat 2007 suffira à lever les doutes. Il lui faut s’incarner dans une vision, dans un répertoire et imposer son vocabulaire dans les semaines qui arrivent s’il entend reconquérir son camp. Quel que soit le candidat à l’élection présidentielle, cette élection se joue de plus en plus sur la capacité à incarner une synthèse, une vision présentable aux électeurs avec quelques mots-clefs marqueurs : quel triptyque Nicolas Sarkozy va-t-il opposer au "rassembler-apaiser-réformer" d’Alain Juppé ? En termes tactiques une grande question se pose donc à lui : continuer à prendre le temps de "faire travailler" le parti sur un programme collectif, validé par les votes des militants et qui deviendra l’élément clef vis-à-vis duquel tous les candidats à la primaire devront se positionner ou alors accélérer et montrer que la dynamique irrésistible de 2007 est toujours là et qu’elle s’incarne dans un puissant "storytelling" ?

Frédéric Metezeau : Il faut d’abord qu’il soit capable d’expliquer pourquoi il n’a pas fait certaines choses entre 2007 et 2012. Il répète souvent "j’ai changé, j’ai compris", mais à part faire un petit inventaire, il n’a jamais donné d’explication profonde. Or, quand on veut jouer le "revenant", il faut montrer qu’on a compris. 

Fondamentalement, à part quelques positionnements sur le mariage pour tous, sur le non cumul des mandats ou de façon un peu plus profonde, sur les questions identitaires, les programmes des candidats à la primaire sont les mêmes. Il n’existe aucun gouffre entre Sarkozy et Juppé sinon ils ne seraient pas membre du même parti. Au-delà de son offre, Sarkozy doit revoir sa façon d’être. Pour reprendre l’analogie Chirac/Balladur de 1995, je pense que Sarkozy a un coup à jouer qui consiste à trouver cette alchimie subtile, comme avait su le faire Jacques Chirac, à savoir être à la fois populaire, proche des gens, à l’écoute et dégager l’image d’un homme d’autorité et d’un chef d’état. Il ne s’agit pas de copier Jacques Chirac, cela serait absurde, mais de comprendre pourquoi cette alliance de facettes a fonctionné en 1995. Avoir l’air d’être un candidat antisystème mais qui donne l’impression d’être efficace et optimal pour prendre les commandes tout en cultivant un côté populaire, c’est certainement la recette magique qui profiterait à tous les candidats à la primaire, Sarkozy compris.  

Philippe Tesson : Le bon sens voudrait que Nicolas Sarkozy développe un projet sur les thèmes économiques et sociaux comme il l’a fait en 2007, et donc qu’il récidive car c’est la préoccupation principale des Français. Mais est-ce qu’on peut faire entendre la même musique à 5 ans d’intervalle, après un thème du quinquennat Hollande axé sur la courbe du chômage ? Je crois que les Français sont très sceptiques sur la possibilité de réalisation d’une baisse drastique du chômage à court terme. Tous les candidats seront donc prudents à ce sujet.

Il faut donc regarder vers d’autres thèmes. Un problème me semble très important : celui de l’identité nationale, un thème que Nicolas Sarkozy avait très bien senti en 2007, mais avait assez mal géré, surtout par haine politique de l’opposant. C’est pourtant un problème très objectif, et il faudra que le pouvoir nouveau le prenne en charge. Les Français manifestent une inquiétude diffuse et légitime à ce sujet. La France ne sait plus très bien qui elle est, où elle va, comment elle doit se situer par rapport au monde, à l’Europe. Ces thèmes ont donc un potentiel qui existait moins en France en 2007, car les développements nationaux et internationaux font de cette question une interrogation essentielle, ne serait-ce que pour des raisons morales, culturelles et politiques.

Eddy Fougier :Le gagnant de la présidentielle sera, selon moi, celui qui pourra faire le lien entre les gagnants et les perdants de la mondialisation, et répondre aux angoisses des seconds. Je pense que le second tour donnera d’ailleurs le choix entre celui qui prônera la fermeture, et ceux qui calmeront le jeu entre les deux.

Dans la sociologie électorale, il y a une majorité des ouvriers, exposés à la concurrence mondiale, une large partie des salariés, les peu ou pas diplômés, les bas revenus, les périurbains qui se sentent aujourd’hui délaissés. Ils se sentent, à tort ou à raison, victimes de la mondialisation, de la concurrence jugée faussée, sans oublier la menace identitaire car les deux sujets sont liés : voir son mode de vie diminué provoque aussi une "insécurité culturelle" pour reprendre le terme de Laurent Bouvet.

Les perdants dans la société actuelle sont donc très nombreux, et l’on ne peut pas remporter une élection uniquement avec les gagnants de la mondialisation. Jusqu’à présent, Nicolas Sarkozy avait justement réussi à faire le lien entre les deux. Aujourd’hui, il y a une polarisation plus forte entre les gagnants et perdants : ceux qui estiment que c’est une horreur économique et sociale, et ceux qui pensent qu’il y a dans la mondialisation un potentiel pour débloquer le système, c’est donc un enjeu encore plus important qu’à l’époque. Mais la difficulté pour Nicolas Sarkozy, s’il s’empare de ce thème, sera de ne pas tomber dans le discours populiste consistant à monter les uns contre les autres.

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