Qui part en vacances et comment ? : radioscopie de l’été 2022 des Français<!-- --> | Atlantico.fr
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Vers quel type de vacances se dirigent les Français pour cet été 2022 ?
Vers quel type de vacances se dirigent les Français pour cet été 2022 ?
©Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Congés estivaux

Après la pandémie de Covid-19 et face à l'inflation, l’été 2022 sera-t-il celui du retour à la normale pour les Français et le tourisme ?

Sandra  Hoibian

Sandra Hoibian

Sandra Hoibian est Directrice générale du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC). 

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Atlantico : Quelles sont les données du Credoc sur les départs en vacances des Français ?

Sandra Hoibian : Nous mesurons chaque année, dans le cadre de l’enquête Conditions de vie et aspirations, et plusieurs fois par an, le taux de départ en vacances sur les douze derniers mois. Il s’agit des Français qui partent au moins une fois, quatre jours consécutifs, pour des raisons personnelles, en vacances. Nos dernières mesures, en janvier 2022, dénotaient un taux parmi les plus bas depuis 40 ans (54%). Une conséquence évidente du Covid. Les gens sont beaucoup moins partis. Après la crise de 2008, il y avait eu une baisse des départs de 2 points, elle est de 9 points à cause du Covid. Avec le Covid, on observe plus de départs dans les zones rurales et en montagne que sur les littoraux. A mon sens, si la saison 2022 est bonne, elle sera surtout portée par les catégories aisées qui feront du « revenge tourism ».

Hormis la crise Covid, quelle est la tendance sur le temps long des départs en vacances ?

Depuis les années 2000, on observe une tendance à la baisse, mais on reste à environ 50 à 60 % de la population qui part. C’est un chiffre relativement stable. Une période de difficulté économique provoque souvent une chute. Il y a bien évidemment des écarts très importants selon les catégories de population. Ce qu’on observe, c’est une multiplication des types de loisirs. Au-delà des départs en vacances, on constate des départs en week-end, prolongés ou non.  Il y a d’autres formes d’escapades. Ce n’est pas parce que notre indicateur ne bouge pas que la société n’évolue pas. D’autant que notre critère est relativement large – 4 jours consécutifs – et qu’il peut y avoir des variations dans la durée, dans la destination. La mobilité à l’étranger, l’accès aux départs en avion, via les low cost, se sont démocratisés.

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Quels sont les profils des Français qui partent en vacances ?

Le départ en vacances est un marqueur social, c’est l’un des indicateurs où il y a le plus d’écarts entre les catégories modestes et aisées. Cela va du simple au triple. En moyenne 60% des gens partent, mais ils sont 80-90 % dans les catégories aisées et de 20 à 30 % seulement dans les catégories populaires. Et les catégories aisées partent plus souvent, plus longtemps, plus loin. On observe aussi un écart dans le recours au voyage marchand ou non. Le gros des départs est un voyage pas cher : chez des amis ou de la famille (60%), en voiture (80%), en France (80%). Sur les 60 % de Français qui partent, une bonne partie le fait en cherchant à être le plus économe possible. Le budget est une question déterminante. Le poids que représentent les vacances dans un budget est en moyenne de 4%, ce qui est supérieur au budget santé. Mais c’est un budget arbitrable, c’est la première chose qu’on coupe en cas de problème. Car même lorsque ce n’est pas cher, il y a un coût incompressible du transport d’environ moins 15%.

On observe un effet de génération, puisque la mobilité est valorisée chez les plus jeunes, là où chez les plus âgés, moins habitués partir, il va y avoir moins de départs en vacances. D’autant qu’ils peuvent être en moins bonne santé. Cela crée un vrai écart par rapport aux autres catégories d’âges. Globalement, la tendance est à l’homogénéisation entre les classes d’âges. Les jeunes séniors partent plus qu’avant et les jeunes adultes partent moins qu’avant. Les jeunes sont ceux qui utilisent le plus l’avion et qui ont le plus du mal à y renoncer, mais ils éprouvent aussi une forme de culpabilité.

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Est-ce qu’il y a eu des évolutions selon les classes sociales ?

Les classes moyennes partent un peu plus qu’auparavant. Il y a une forme de démocratisation de l’accès aux vacances mais qui ne bénéficie pas aux catégories modestes ; elles ne partent pas plus et sont touchées par toutes les crises. Ce sont elles qui annulent le plus leurs vacances et qui peinent le plus à retrouver le chemin des vacances.

Vers quel type de vacances se dirigent les Français ?

Les exigences vis-à-vis des vacances ont évolué. Il faut vivre des expériences, que le contenu soit riche, instagrammable, que les moments puissent intégrer l’album de souvenir, qu’il y ait de la mobilité. C’est assez loin des premiers départs en vacances qui étaient une forme de transhumance vers un lieu de villégiature. Même si dans le même temps on constate une réaugmentation des départs vers les résidences secondaires. On observe aussi une baisse des départs en séjours collectifs. De moins en moins de départs en colonies de vacances et les jeunes partent plus souvent avec leurs parents. Les vacances passent assez peu par des tour-opérateurs et même les voyages organisés ont évolué. Il y a un souhait d’individualisation des vacances qui est plus présent que par le passé. Cela pose une vraie question sur le collectif. Il est vécu de plus en plus comme une contrainte plutôt qu’un intérêt.  Il est important de mentionner que l’organisation des vacances présente un coût, en énergie, en temps, en argent. Et que ce sont souvent les femmes qui portent la charge de l’organisation des vacances. Et c’est un enjeu symbolique fort car il est très difficile à vivre de rater ses vacances.

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