Quelques conseils pour limiter votre exposition à la pollution quand vous êtes contraint de travailler à Paris ou dans une grande ville<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon une étude du CNRS publiée lundi 24 novembre, respirer à Paris pourrait parfois avoir les mêmes conséquences que le tabagisme passif.
Selon une étude du CNRS publiée lundi 24 novembre, respirer à Paris pourrait parfois avoir les mêmes conséquences que le tabagisme passif.
©Reuters

Toxicity

Selon une étude du CNRS publiée lundi 24 novembre, respirer à Paris pourrait parfois avoir les mêmes conséquences que le tabagisme passif. En cause, la pollution et plus particulièrement celle liée aux particules fines. Mais attention, la pollution est aussi présente à l'intérieur de nos maisons.

Pierre Souvet

Pierre Souvet

Le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l'Association santé environnement France (ASEF). Il travaille en collaboration avec l'observatoire atmosphérique du Ballon de Paris.

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  • Personne n’échappe pas à la pollution, pas même en intérieur, chez soi, mais il est possible de limiter les conséquences.
  • Se protéger la bouche et le nez avec une écharpe ou un masque classique ne sert à rien.
  • Mieux vaut éviter les déplacements à pieds ou à vélo sur les grands axes ou les rues trop étroites (car la pollution s’y condense).
  • Malgré l’air pollué, aérer systématiquement les intérieurs, aux heures creuses de circulation.

Atlantico : Quels sont les gestes à adopter pour se protéger de la pollution lorsque l'on est contraint de vivre en zone urbaine ?

Pierre Souvet : Personne n'échappe à la pollution. On est tous soumis aux effets néfastes en période de pollution aigue comme que le montre cette étude du CNRS, mais le plus important est la pollution chronique qui fait que nous sommes tous les jours soumis, notamment dans les zones urbaines et encore plus à Paris, à de fines particules, supérieures aux normes de qualités de l'air définies par l'OMS (la référence étant la ville de Stockholm). 

Pour s'en protéger, il faut simplement éviter de s'approcher des lieux où la pollution est maximale, comme les lieux de circulation. Eviter de faire son jogging le long des voies de circulations, ne pas promener ses enfants là où la circulation est dense mais plutôt dans les parcs où la pollution se dilue un petit peu (celle-ci n'est pas homogène partout). Pour les personnes plus sensibles, les personnes âgées et celles souffrant de maladies cardiovasculaires, il faut leur dire de ne pas faire d'efforts lors de fortes pollutions. En ce qui concerne les automobilistes, l'intérieur de l'habitacle à une concentration plus forte de pollution qu'à l'extérieur, car elle s'accumule comme dans un bocal.

Il s'agit alors d'aérer dès que la circulation s'est un peu dégagée, une fois que les pots d'échappements se sont éloignés, surtout ceux des voitures diesel. Par exemple, lorsqu'on se trouve dans un bouchon sur le périphérique parisien, la pollution s'accumule dans l'habitacle, provoque une forte concentration de gaz toxiques comme l'azote et les oxydes d'azote, très irritants pour la gorge, les yeux et les poumons. Ainsi, dès qu'il y a la possibilité, on aère sa voiture. Les masques classiques n'empêchent pas les particules de passer et s'avèrent donc inefficaces. Il faudrait plutôt des masques spéciaux.

Ainsi, là ou la circulation est plus intense, on évite de faire du sport. On cible les populations à risques (personnes âgées et malades). Mais, comme je le signalais précédemment, personne n'échappe à la pollution.

Quels sont les comportements à éviter à tout prix ? 

Il faut éviter de faire des feux de cheminée qui rejettent les particules nocives surtout avec les foyers ouverts. Autant éviter de rajouter de la pollution à celle de la circulation urbaine. On évite aussi d'utiliser tout ce qui peu contenir des composés organiques volatiles comme la peinture et toutes sortes de solvants qui participent à l'aggravation de la pollution de l'air.

Il faut aussi réduire la circulation. Il y a des mesures autoritaires prises comme la circulation alternée, le covoiturage et la facilitation de la prise des transports en commun, mais il faut également participer à un effort général qui va être de réduire au maximum l'utilisation de son véhicule dans lequel on est plus exposé à la pollution. L'effort va donc ainsi profiter au plus grand nombre.

Alors, étant tous soumis à la pollution chronique, le fait qu'on ait relevé la TVA sur les transports en commun me semble un contresens sanitaire.

Quels moyens de transport privilégier afin de na pas inhaler de particules fines, tout en évitant d'aggraver les problèmes existants ?

On va de toute façon respirer des particules fines. Mais on peut prendre des mesures pour diminuer l'apport global de polluants en utilisant les transports en commun, pratiquant le covoiturage, encourageant la circulation alternée.

Il faut diminuer la pollution globale de polluants dans la mesure où l'on respire de toute façon de la pollution. Ainsi, il faut faire en sorte de ne pas se promener aux endroits ou la circulation est la plus dense, éviter les rues extrêmement étroites avec des immeubles hauts, appelées rues canyons, qui concentrent encore plus la pollution. Cibler parcs et endroits aérés où la pollution est minimisée. Les autorités doivent comprendre que la qualité de l'air dépend de l'aménagement des villes et passe par une diminution des trafics, par un nombre d'espaces verts suffisant.

Le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF) a souligné que, lors d'un épisode de pollution, il n'est pas recommandé de confiner les intérieurs mais plutôt d'aérer et de ventiler. L'air à l'intérieur de nos maisons est-il tout aussi pollué que l'air extérieur ?

L'air intérieur également pollué, à la fois par l'apport de l'air extérieur mais par tout ce qui va se générer depuis l'intérieur. La première chose est de ne pas fumer dans la maison, ne pas allumer de feux, d'encens dont la combustion dégage des produits cancérigènes. Ce ne sont pas toujours les mêmes particules qui polluent !

On a aussi les bombes pour les WC, les laques pour les cheveux, les déodorants en sprays, la peinture, le parquet flottant (et tous ce qui est fait en aggloméré qui rejettent des produits toxiques pendant des mois et provoque de l'asthme chez les enfants). Les vaporisateurs rejettent des particules qui ne sont pas les mêmes que les microparticules diesel mais qui favorisent tout autant le sifflement respiratoire et l'asthme.

L'intérieur est donc pollué par ce qu'on y met et la seule solution est d'aérer, un bon quart d'heure matin et soir, lorsque la circulation n'est pas très dense. Comprenons que se sont les combustibles rejetant des produits toxiques qui exposent à une pollution chronique. Le chauffage électrique ne représente donc aucun danger.

Propos recueillis par Lucie Trouillet

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