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Quelle majorité pour la droite après 2017 : pourquoi les investitures des candidats aux législatives pourraient bien finir par être remises en cause
©Reuters

Forcing sarkozyste

Le président des Républicains a choisi de donner les investitures largement en avance par rapport au calendrier habituel ; non sans un calcul politique précis derrière la tête. Pourtant, pour de nombreuses raisons, ces investitures tant convoitées sont presque sûres de changer d'ici les législatives.

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

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Atlantico : Au sein des Républicains, les travaux de la Commission Nationale d'Investiture (CNI) font débat. Est-ce la primaire présidentielle qui génère ces tensions ?

Xavier Chinaud : La volonté de Nicolas Sarkozy de donner des investitures avant la mi-juillet est assurément teintée d’arrière-pensées pour au moins deux raisons : jamais dans le passé les investitures législatives n'ont été données aussi longtemps avant l’échéance, c’était à Noël que les premières listes sur les cas les plus consensuels sortaient et au Printemps pour les cas plus complexes ; accélérer le calendrier permet au candidat non déclaré à la primaire de peser et d’influencer les désignations à son profit. Dans le même esprit, avancer à marche forcée alors même que les comptes de campagne des futurs candidats ne seront à ouvrir qu’en décembre et qu’aucune négociation avec les partenaires centristes n’a démarré conduira de fait à des désillusions pour nombre de candidats à la candidature.

Au sein des différentes équipes de campagne des candidats à la primaire s’élèvent des contestations. Sont-elles purement partisanes ?

Un accord avait été trouvé au sein de LR avant le démarrage des travaux de la CNI, prévoyant qu’en l’absence de consensus, dans le choix d’un candidat dans une circonscription, celle-ci serait réservée. Cet engagement n’a pas été respecté, les sarkozystes étant majoritaires dans la Commission, des votes sont quasi-systématiquement déclenchés pour imposer leurs candidats ou éliminer les proches des autres équipes. La volonté d’avancer à marche forcée conduit à ne consacrer que 10 minutes par département dans des réunions organisées les lundi mardi et mercredi à un moment ou les parlementaires sont soit dans leur circonscrition, soit dans l’hémicycle et aboutissant à une participation d’à peine un tiers des membres de la CNI… Est-ce raisonnable alors qu’il s’agit de préparer une échéance aussi décisive pour les 5 années à venir !

Certaines décisions ont provoqué de vives réactions, notamment celle concernant Patrick Balkany. Pourtant, n’y avait-il pas un accord sur la reconduction des sortants accepté par tous ?

Je note que si accord il y avait il n’a pas été respecté puisque N. Sarkozy a réservé la candidature de Frédéric Lefebvre pourtant député sortant. Dans le même esprit, si aucun candidat n’a été investi lorsqu’il y a un député UDI sortant, cela n’a pas été le cas pour tous les députés de droite et du centre siégeant parmi les Non-Inscrits à l’Assemblée Nationale, par exemple dans le cas du député de Neuilly Jean Christophe Fromentin ou de celui du béarn Jean Lassalle… difficile là encore de ne pas déceler une arrière-pensée politique de la part du Président des LR lorsqu’il s’agit de pareils cas…

Concernant le principe de reconduction lui-même, si l’usage au sein des partis politiques est de réinvestir ses députés sortants souhaitant se représenter, ce doit être à la condition qu’ils n’aient pas démérité,  il semble que ce dernier critère n’ait pas fait l’objet d’une interprétation claire. Cela pourra évoluer après la primaire.

Les décisions prises par la CNI sont-elles susceptibles d’être remises en cause d’ici l’élection ?

Oui, évidemment et pour au moins trois raisons : d’abord les décisions ne seront validées, selon l’accord interne à LR, que par un conseil national en décembre et sont donc d’ici là sujettes à ajustement ; ensuite le gagnant de la primaire présidentielle, quel qu'il soit, devra négocier avec les centristes des investitures communes dans le maximum de circonscriptions et donc accepter de "désinvestir" des candidats LR qui auront pourtant reçu une lettre signée Nicolas Sarkozy leur disant le contraire…enfin se posera pour les sortants la question du cumul des mandats, la majorité des députés LR est en situation de cumul, choisir de tous les réinvestir en juillet 2016 est pour certains d’entre eux un moyen de ne pas avoir à choisir maintenant ce qu’ils feront réellement en mai 2017, c’est du reste pour tenter de les satisfaire que Nicolas Sarkozy indique souhaiter rétablir le cumul des mandats. Donc oui, il y aura des changements générés en grande partie par le choix d’anticiper le calendrier normal.

Pensez-vous qu’il soit sérieux de lier l’élection présidentielle aux élections législatives ?

Le souci pour le prochain président de la République d’avoir une majorité solide à l’Assemblée Nationale est fondamental, les frondeurs dans cette mandature ont montré les ravages  que peuvent provoquer une minorité politicienne. Fallait-il devant un enjeu aussi important pour le pays dans les 5 ans à venir, prendre en otage les investitures législatives pour servir un intérêt lié à la primaire républicaine ? La CNI des républicains aurait dû prendre le temps de sélectionner ses candidats, et plutôt que de viser une impossible parité pour de seules raisons financières, un travail sur la situation politique de chaque circonscription, sur la présence ou non du FN au second tour, sur les risques d’élimination dès le 1er tour doit être fait. Un pacte de gouvernance devra être passé entre le prochain président et sa majorité, cela ne se bricole pas à la va-vite.

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