Quand Le Monde Diplomatique s’incline pieusement devant la dépouille de la défunte Union soviétique<!-- --> | Atlantico.fr
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Staline URSS
Staline URSS
©AFP

Un mausolée pour Lénine et Staline

Et là on ne peut éviter de reprendre l’expression bien connue de Napoléon sur Talleyrand : "de la merde dans un bas de soie".

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Monde Diplomatique publie une nouvelle édition de « L’ère des extrêmes » d’Eric Hobsbawm. Elle est préfacée par Serge Halimi, une des plumes vedettes du journal. Il nous faut dire que le livre d’Hobsbawm vaut beaucoup mieux que le texte qui l’accompagne et qui l’étouffe.

Hobsbawm ne cachait pas sa tendresse pour l’engagement communiste qui fut le sien. Son livre s’en ressent et on en peut, bien sûr, y adhérer. Mais en même temps, il dresse un tableau éblouissant du « court XXeme siècle » (c’est son expression). Tout y est (enfin presque tout) : les découvertes scientifiques, l’essor prodigieux de l’économie, la littérature, l’architecture, le cinéma, le théâtre, l’opéra… Hobsbawm est mort. Paix à ses cendres.

Serge Halimi, lui, est bien vivant. Aucune raison de le laisser en paix. Sa préface est une savante combinaison de mensonges, d’approximations et d’hypocrisie. Le Monde Diplomatique se veut en effet une machine de guerre anti-capitaliste. L’Union soviétique est donc son alliée désirée.

Pour Halimi l’URSS ne peut se résumer à son système policier et à ses « camps de travail » (ne comptez pas sur lui pour dire « goulag »). Il énumère donc les avancées que, selon lui, a fait connaître l’URSS à la Russie : un statut de grande puissance, une production industrielle démultipliée, la fierté d’une population croyant rivaliser avec les Américains. On pourrait aussi dire qu’Hitler ne se résume pas à Auschwitz puisqu’il a aussi construit des autoroutes et lancé la Volkswagen.

Puis Le Monde Diplomatique sombre dans l’abjection. Quand le livre d’Hobsbawm fut publié, François Furet et Pierre Nora lui reprochèrent de n’avoir consacré, sur des centaines de pages, que quelques mots à l’extermination des Juifs. Hobsbawm, Juif lui-même, n’aimait pas Israël. Il préférait la Palestine.

C’est alors qu’Halimi se surpasse. « Que penserait le lecteur indonésien en voyant que le massacre de 500.000 communistes dans son pays est également à peine mentionné ? ». C’est sûr qu’on doit en souffrir à Jakarta. Et Le Monde Diplomatique souffre toujours avec Jakarta.

Pour l’hypocrisie on retiendra ce que Le Monde Diplomatique dit du maoïsme, il reproche à Hobsbawm son manque de compréhension pour la Chine communiste. Les horreurs de la Révolution culturelle ? Elles étaient nécessaires pour éviter « la bureaucratisation du système ». Ben voyons. Si Staline a été un peu expéditif dans sa façon de gouverner c’est que Nicolas II n’a pas été un enfant de chœur.

Et si Pol Pot a été sans doute excessif dans ses manières c’est que les Américains n’avaient pas été gentils. Et si Le Monde Diplomatique est devenu un torchon halluciné c’est qu’il se bat seul, le dos au mur, contre la presse bourgeoise.  

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