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Quand le gouvernement tape sur l'argent qui est déjà parti sans se soucier de celui qui est en train de quitter la France
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Editorial

Le parlement français prépare un durcissement des peines infligées aux fraudeurs qui placent des avoirs à l'étranger. Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve espère ainsi récupérer 2,5 milliards d'euros en 2013.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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La nouvelle est claironnée sur tous les tons : une terrible loi sur la fiscalité sera votée avant les vacances par les parlementaires. Le texte sera si sévère qu’il devrait convaincre au moins 5000 évadés de rentrer au bercail sans autre avantage que celui de ne pas encourir de poursuites judiciaires. Contrairement à ce qui s’est fait sous Nicolas Sarkozy, pas de cellule de dégrisement, pas de cadeaux sur les pénalités mais de la pure dissuasion. Selon les estimations de Bercy, cette loi pourrait rapporter près de 2 milliards d’euros au pays.

Outre qu’il faudra, à mon avis, un peu plus qu’une nouvelle loi aux vrais fraudeurs pour rentrer dans le rang, le gouvernement s’agite sur un dossier secondaire pour mieux dissimuler le sujet primordial : celui de l’exil fiscal. Ce dernier est massif, concerne aussi bien de jeunes entrepreneurs dynamiques installés à Londres que des retraités voulant finir leur vie confortablement au Maroc ou des riches pater familias soucieux de léguer leurs biens à leurs enfants dans les meilleures conditions, quitte à s’installer à Bruxelles. Ces centaines de milliers de Français, aisés pour la plupart, ne transgressent aucune loi. Ils ont parfaitement le droit de circuler, de vivre là où ils l’entendent et d’emporter leurs biens afin de les protéger. Si Pierre Moscovici et ses équipes s’attelaient à les dissuader de quitter la France, ça n’est pas 1 ou 2 milliards qui pourraient être réinjectés dans notre économie mais plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Combien exactement ? Nul n’est en mesure d’évaluer cette fuite de capitaux, motivée tout autant par certaines dispositions législatives quasi confiscatoires que par une atmosphère hostile à l’argent entretenue jusqu’au sommet de l’Etat. Obtenir des résultats tangibles dans ce domaine stratégique en ces temps de crise financière mondiale suppose donc que François Hollande, las d’empiler lois et règlementations, révise sa matrice fondatrice : « Je n’aime pas les riches, j’en conviens ». (1)

(1) Phrase prononcée sur France 2 en juin 2006 lors d’un débat face à Michelle Alliot-Marie.

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