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Puberté précoce : les conséquences désastreuses sur la santé des jeunes filles désormais observables sur le long terme
©Pixabay/ bykst

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Partout dans le monde, les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à souffrir d'une puberté précoce, définie par l'âge d'apparition prématurée des caractères sexuels (avant 8 ans chez la fille et 9 ans chez le garçon). Un phénomène dont les conséquences sur le long terme sont désormais observables par les scientifiques.

Olivier Puel

Olivier Puel

Olivier Puel est pédiatre endocrinologue co-fondateur de l’Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux (Afpel).

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Atlantico : Dans son nouveau livre "The New Puberty: How to Navigate Early Development in Today’s Girls", la pédiatre endocrinologueLouise Greenspan s'alarme des résultats d'une étude récente (voir ici) qui démontre que l'âge médian de l'apparition des premiers signes de puberté varie selon la race, la médiane la plus basse étant de 8,8 ans pour les filles noires, et la plus élevée de 9,7 pour les filles asiatiques (puisque ce sont les âges médians, cela signifie que la moitié des filles se développent encore plus tôt que cela). Les filles du monde entier sont-elles effectivement plus nombreuses à avoir une puberté de plus en plus précoce ? A quand remonte ce phénomène ? 

Olivier Puel : C'est un problème de santé publique qui touche essentiellement les petites filles, et qui a commencé à prendre de l'ampleur il y a une trentaine d'années (le taitement est né en 1985).

Une puberté précoce est diagnostiquée lorsqu'une jeune enfant a à la fois les seins qui commencent à se développer et une pilosité de plus en plus apparente.

Les filles du monde entier sont effectivement plus nombreuses à avoir une puberté de plus en plus précoce.En 1850, en France, les premières règles survenaient en moyenne à l’âge de 16 ans. Aujourd’hui, le curseur s’est déplacé à 12,6 ans. Selon une étude de l'INVES encore non publiée, le ratio des victimes de puberté précoce en France serait de 2,68 pour 10 000 filles. Par ailleurs, les jeunes Américaines atteignent également l'âge de la puberté de plus en plus tôt, selon une étude publiée lundi dans la revue Pediatrics. Environ 15% d’entre elles montrent ainsi des signes de puberté précoce, comme un développement des seins dès 7 ans, ou une apparition de poils pubiens dès 8 ans pour près de 20% d'entre elles. A sept ans, une petite fille blanche sur 10 (10,4%) montre des signes de puberté ainsi que près d'un quart des fillettes noires (23,4%) et 14,9% des hispaniques. A huit ans, 19,1% des petites filles, toutes origines confondues, ont des poils pubiens tandis que ces chiffres grimpent à 31,6% pour les enfants noires et à 18,9% pour les hispaniques. Une étude danoise publiée en 2009 avait de son côté observé la puberté chez les filles de deux échantillons européens à 15 ans d'écart entre 1991-1993 et 2006-2008. Cette étude avait ainsi montré que le développement des seins chez les jeunes filles intervenait en 2006 1,02 an plus tôt qu'en 1991.

Louise Greenspan insiste notamment dans son nouveau livre sur les effets néfastes que peut avoir une puberté précoce sur le long terme, tant sur le plan physiologique que psychologique. Quels sont ces effets et quelle est leur relation avec une puberté précoce ?

Ce nouveau livre de Louise Greenspan est en effet très intéressant, car on commence à avoir beaucoup de recul sur la puberté précoce, ce qui permet d'estimer son impact sur la santé à long terme.

Biologiquement, les jeunes filles qui ont souffert d'une puberté précoce seraient plus à même de devenir obèses (avec tous les problèmes de santé qui vont avec : hypertension, diabète, problèmes cardiaques...), de développer des cancers, des kystes aux ovaires, ou encore une masculinisation de certaines parties du corps.

Psychologiquement, les jeunes filles qui ont souffert d'une puberté précoce ont tendance à perdre leur virginité plus tôt. Elles ont aussi tendance à souffrir plus que la moyenne de troubles dépressifs.


Comment traiter une puberté précoce  ? 

Il s’agit d’un traitement de freination pubertaire grâce à l’utilisation d’un produit de synthèse qui freine la sécrétion des hormones hypophysaires de la puberté. En France, on peut prescrire : le Decapeptyl, le Gonapeptyl ou l’Enantone qui sont des produits d’action prolongée (4 semaines), ou très prolongée (12 semaines). Les produits sont injectés par voie intra-musculaire ou sous-cutanée.

Le traitement est stoppé quand l'âge de la puberté moyenne des jeunes filles est atteint (entre 9 et 13 ans). Il est jugé très efficace.

Sait-on quelles sont les causes qui font baisser l'âge de la puberté chez les filles ?

Les raisons de l’avancement de l’âge de la puberté chez les filles restent encore assez floues ; rien n'a été formellement prouvé, en Europe ou aux Etats-Unis.

Néanmoins, cette augmentation du phénomène peut être liée à plusieurs raisons. La première vient très certainement du fait que les conditions nutritionnelles et environnementales ont changé et que les petites filles, qui sont les principales touchées, deviennent plus corpulentes plus tôt. Or, il y a une relation entre le déclenchement de la puberté et la corpulence de l'enfant. C'est une constatation que l'on fait dans plusieurs pays industrialisés car l'amélioration des conditions nutritionnels et les conditions de bonne santé font qu'on observe un démarrage plus prématuré qu'auparavant.

La deuxième circonstance que l'on peut invoquer découle de l'environnement de l'enfant. En effet, la précocité est également liée à l'influence de certains dérivés de produits chimiques, pesticides, etc. qui se répandent dans l'environnement, entrent dans l'organisme et se comportent comme ce que l'on appelle des interrupteurs hormonaux. Ces derniers ont de multiples conséquences : ils expliquent la baisse de la fertilité masculine que l'on constate depuis quelques années mais ils seraient également mis en cause dans le déclenchement de certains cancers et dans l'augmentation de la fréquence des malformations des organes génitaux chez les petits garçons.

Qu'en est-il chez les garçons ?

Ce phénomène touche très peu les garçons, nous n'avons donc que très peu de données sur la question, insuffisantes pour en tirer des conclusions.

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