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Psychogénéalogie : comment les générations familiales qui nous précèdent laissent leur empreinte sur notre identité
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Bonnes Feuilles

Tout l'été, Atlantico met en avant des ouvrages remarquables publiés dans l'année. Aujourd'hui, "La Psychogénéalogie" d'Isabelle de Roux et Karine Segard, aux éditions Eyrolles. Extrait 1/2.

Chacun d’entre nous a tendance à considérer que son histoire a commencé à l’instant où il a pris conscience de son existence. Ce serait oublier que la succession des générations qui nous ont précédés a laissé sur nous une empreinte non négligeable dont nous ne pouvons faire l’impasse, car celle-ci est toujours porteuse d’enjeux affectifs, culturels, idéologiques, sociaux et
économiques.
En fait, plus nous rejetons l’idée selon laquelle nous serions le produit d’une histoire familiale, plus nous nous condamnons à en rester prisonniers. Un travail sur soi s’avère d’ailleurs souvent
nécessaire pour démêler ces nombreuses déterminations dues à notre passé familial, nous en affranchir, et devenir ainsi plus libres de nos choix et de nos actes. S’il est vrai que notre passé – notre histoire familiale – reste vivant et toujours présent en chacun de nous, nous avons néanmoins la possibilité de le revisiter et de nous le réapproprier autrement. Le présent peut transformer le passé et, si nous changeons notre rapport à ce dernier, nous avons la possibilité de vivre notre présent autrement : nous devenons alors le sujet d’une histoire dont nous sommes également le produit.
Notre livre s’inscrit dans le champ du transgénérationnel qui prend en compte l’histoire des générations. Cette tendance investit actuellement de nombreux domaines : la médecine, la psychiatrie*, la psychologie*, la psychanalyse*, la sociologie et même le monde de l’entreprise. En pratique, l’approche transgénérationnelle est de plus en plus intégrée au travail thérapeutique, qu’il concerne la famille, le couple, l’individu ou le groupe. Elle est également utilisée en développement personnel.
Les appellations multiples de ces pratiques brouillent les pistes : on parle de « démarche psychogénéalogique » ou d’« analyse transgénérationnelle », d’« histoires de vie » ou de « récits de vie », d’« histoires familiales » ou de « romans familiaux ». Nous avons retenu pour notre livre le terme de « psychogénéalogie » car il nous apparaît le plus évocateur dans le langage courant. Attention cependant aux raccourcis que ce choix linguistique pourrait induire : il ne s’agit nullement de généalogie mais d’une approche psychologique de notre histoire familiale sur plusieurs générations.
Historiquement, Freud avait déjà suggéré la possibilité de « traces mnésiques » laissées par les générations antérieures. Dans Totem et Tabou, il évoque l’existence d’une « âme collective » ainsi que la possibilité de la transmission d’un sentiment « se rattachant à une faute dont les hommes n’ont plus conscience ». Mais il n’approfondit pas davantage le champ du transgénérationnel : selon Serge Tisseron, Freud était issu d’une famille à secrets qu’il ne s’est pas autorisé à explorer, limitant ainsi ses recherches à l’inconscient individuel et à ses mécanismes. Jung, quant à lui, parle d’un « inconscient collectif » en référence à des archétypes universels, inconscient inné qui existerait en dehors de toute expérience de refoulement et se transmettrait de génération en génération.
À partir des années 50, de nombreux travaux ont révélé l’influence de l’entourage familial sur le développement du jeune enfant. Psychiatres, psychologues et psychanalystes s’attachent alors à identifier les divers mécanismes conscients et inconscients de cette influence.
Aux États-Unis, l’école systémique* de Palo Alto a complété cette approche avec l’étude du rôle de la famille et de ses structures dans le développement de l’individu. Moreno parle même de « co-inconscient familial » pour évoquer une communication d’inconscient à inconscient au sein de la famille.
Dans les années 70, Ivan Boszormenyi-Nagy élabore différents concepts pour rendre compte des déséquilibres qui se transmettent au fil des générations ; il parle de « loyauté familiale invisible », de « conflits de loyautés », et ancre ainsi un véritable discours transgénérationnel. En France, Françoise Dolto a suggéré que les enfants héritent des troubles non résolus de leurs parents ainsi que de leurs dettes inconscientes à l’égard des générations précédentes.
Parallèlement, les thérapies familiales* se sont développées en s’appuyant sur les modèles systémiques américains ; elles mettent l’accent sur le milieu familial pour mieux appréhender la maladie d’un ou plusieurs de ses membres et s’appuient sur ce contexte familial pour amorcer la guérison. Actuellement, de nombreux auteurs comme Anne Ancelin Schützenberger, Nicolas Abraham, Maria Torok, Serge Tisseron ou Robert Neuburger ont élargi des approches thérapeutiques très diverses à une sensibilité nouvelle et commune : l’approche transgénérationnelle.
Extrait de La Psychogénéalogie, d'Isabelle de Roux et Karine Segard, publié aux éditions Eyrolles.

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