PSA, plans sociaux... Et si on oubliait les marques automobiles françaises pour des voitures étrangères produites en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
En août les ventes de voitures ont chuté de 11,4% à 96.115 unités, soit une baisse cumulée de 13,4% depuis le début de de l'année§.
En août les ventes de voitures ont chuté de 11,4% à 96.115 unités, soit une baisse cumulée de 13,4% depuis le début de de l'année§.
©Reuters

Changer les mentalités

Alors que les ventes de voitures au mois d'août ont chuté de plus de 11%, les constructeurs japonais ou coréen tirent leurs épingles du jeu là où Peugeot et Renault éprouvent de grandes difficultés. La France doit-elle s'inspirer des Britanniques qui favorisent les marques étrangères qui investissent dans des usines locales ?

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

Voir la bio »

Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a publié lundi les chiffres des immatriculations de voitures neuves sur le marché français au mois d’août. Ceux-ci ont provoqué un certain émoi parmi les commentateurs s’inscrivant dans la même ligne que les propos du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, au début du mois. Pour rappel, le 3 août, il avait demandé à la Commission européenne la mise sous surveillance des importations de véhicules en provenance de Corée du Sud dans le cadre de l'accord de libre-échange.

Une baisse globale du marché

Si les chiffres sont effectivement mauvais, puisque les ventes ont chuté de 11,4% à 96.115 unités, soit une baisse cumulée de 13,4% depuis le début de de l'année, l’attention des commentateurs s’est arrêtée sur la nationalité des constructeurs subissant ou non cette baisse. Les meilleures progressions sont à l’actif des constructeurs allemands haut-de-gamme, Mercedes (+26,3%), Audi (8,4%) et BMW (7,5%).

Les encadrent le coréen Hyundai-Kia, grand gagnant de cette période estivale, avec une forte poussée de ses ventes (+31,4%) et le japonais Toyota (+3,9%). A l’inverse s’inscrivent dans la tendance baissière, les constructeurs français Peugeot-Citroën et Renault, respectivement en repli de 10,6% et 20,6%.

Le sempiternel manque de perspicacité des analyses

Mais prenons un peu de recul et interrogeons-nous sur la réelle utilité de se lamenter « qu'une voiture achetée sur dix soit japonaise » sur telle radio ou de se féliciter des bonnes performances de Dacia, filiale du groupe Renault, qui affiche un taux de croissance à deux chiffres (+17%), dans tel journal. La Yaris n’est-elle pas fabriquée en France à Valenciennes quand les Dacia le sont à Pitesti, à 2000 kilomètres de là, en plein cœur de la Roumanie. Nous ne le répéterons jamais assez, il faut changer le logiciel économique des experts économiques.

Dans un monde ouvert, et aussi longtemps qu’il le restera, la production nationale est la priorité, peu importe la nationalité de l’entreprise productrice. Sinon pourquoi ne pas aussi se féliciter des ventes de Nissan, groupe japonais détenu à 44% par Renault. Surtout que la concentration du secteur rebat les cartes et les fusions mènent à des consortiums dépassant les limites nationales, que ce soit l’alliance Renault-Nissan-Daimler ou les rumeurs persistantes de rapprochement de PSA avec General Motors, BMW voire Mitsubishi.

L’exemple britannique

Une fois n’est pas coutume c’est de l’autre côté de la Manche que nous mériterions d’aller prendre quelques leçons. Oui dans ce même Royaume-Uni dont l’industrie automobile a été laminée au tournant des années quatre-vingt-dix. La production automobile qui avait chuté de 1,8 à 1,1 million entre 2000 et 2009 a connu un important rebond depuis en atteignant 1,5 million l’année dernière. Quant à la France, si elle affichait une production de 3,4 millions de véhicules en 2000, la production en 2011 n’atteignait que 2,3 millions, soit un recul de près d’un tiers.

La raison de ce renouveau est simple, de nombreux investissements ont été réalisés par des producteurs étrangers. Les trois japonais dont la simple évocation est censée faire frémir, Toyota, Honda, Nissan, ont chacun une usine dans le pays alors même que les producteurs historiques anglais, passés sous pavillon étranger, indien ou allemand, ont maintenu leurs implantations locales.

Ce n’est pas moins de 3,9 milliards de livres sterling d'investissements soit la création de 7.400 emplois qu’ont annoncé les constructeurs britanniques pour les prochaines années. Alors que l’usine Toyota de Valenciennes avec 270.000 unités est toujours citée comme un exemple d’attractivité, que penser de celle de Nissan à Sunderland qui pourra en produire 550.000 d’ici deux ans. Dernier coup de grâce, lors des tractations PSA-GM, il avait été envisagé de transférer la production d'Opel Astra du site de Rüsselsheim en Allemagne en Pologne et, plus surprenant, au … Royaume-Uni.

Les constructeurs asiatiques ont une offre produit extrêmement attractive, notamment du fait de la garantie constructeur la plus longue du marché, qui leur confère un avantage durable. Pour autant, ces voitures peuvent être produites de manière compétitive en Europe, à condition d’assurer un environnement favorable avec notamment une grande flexibilité du marché du travail, y compris avec un coût du travail manufacturé élevé.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !