Productivité : le grand décrochage de l’Europe face aux Etats-Unis<!-- --> | Atlantico.fr
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Des employés travaillent au sein d'une usine automobile en Allemagne.
Des employés travaillent au sein d'une usine automobile en Allemagne.
©RONNY HARTMANN / AFP

Déclin inexorable

Les gains de productivité sont très faibles dans la zone euro par rapport aux Etats-Unis. Cela renforce les difficultés des pays européens notamment pour la croissance, le budget ou pour financer les retraites.

Patrick Artus

Patrick Artus

Patrick Artus est économiste.

Il est spécialisé en économie internationale et en politique monétaire.

Il est directeur de la Recherche et des Études de Natixis

Patrick Artus est le co-auteur, avec Isabelle Gravet, de La crise de l'euro: Comprendre les causes - En sortir par de nouvelles institutions (Armand Colin, 2012)

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Atlantico : Vous avez rédigé une note sur la baisse des gains de productivité en Europe. A quel point est-elle importante ?

Patrick Artus : Au cours du temps, et en Europe plus fortement qu’aux Etats-Unis ou au Japon, les gains de productivité ont décru. La productivité augmentait de 4% par an dans les années 70, de 2% par an dans les années 90, de 1% par an dans les années 2010 et maintenant nous sommes à zéro. Il y a un déclin inexorable. Et le phénomène est particulièrement marqué en Europe. Aux Etats-Unis, il est encore à 2%. La France est à 0, comme le reste de l’Europe. Depuis la décennie 2020, l’emploi augmente exactement autant que le PIB.

Qu’est ce qui peut expliquer cette situation ?

L’explication n’en est pas claire car le niveau d’éducation des Français a augmenté, on fait plus de dépenses de R&D, on a robotisé l’économie, etc.  Une explication serait que le rendement de la recherche diminue : il faut dépenser beaucoup plus d’argent dans la R&D pour arriver aux mêmes résultats, en termes de productivité, que par le passé. Pourtant, les comptables nationaux font des efforts pour doper la productivité, avec les gains de qualité par exemple.

Vous évoquez aussi la possibilité d’explication comme la faiblesse du taux d’investissement, du niveau de formation, du faible niveau des universités…

Oui, nous n’investissons pas assez, mais de l’autre nous avons robotisé nos industries, nous avons fait d’énormes investissements et cela sans résultat. Concernant l’université, le problème plus global est celui des compétences de la population. Elles sont faibles en France, en Espagne ou en Italie, mais relativement élevées au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Suède. Donc évidemment il nous faut redresser les compétences de la population, mais je doute que cela puisse expliquer l’intégralité du phénomène. L’explication technologique donnée plus haut est la plus convaincante, même si plusieurs facteurs jouent.

Vous soulignez aussi la petite taille des entreprises de nouvelles technologies ?

Oui le secteur représente 3% des emplois en Europe contre 4,2% aux Etats-Unis. Et effectivement les Etats-Unis s’en sortent mieux. En cumulant la croissance de la population et celle de la productivité, celle-ci est au-dessus de 2,5%.

Quelles sont les pistes pour améliorer les gains de productivité européens ?

Ce sont des solutions relativement consensuelles. Améliorer les systèmes éducatifs, il y a une forte hétérogénéité et notamment dans les pays du Sud dont la France, en particulier en science. Il faut aussi faire plus de recherche. Nous sommes à 2,1% de R&D en Europe, contre 3,2 % aux Etats-Unis. Ensuite, il y a des solutions spécifiques aux pays. La France a par exemple une fiscalité très défavorable ainsi que des normes industrielles très défavorables. Les impôts de production sont un handicap très clair par rapport aux autres économies européennes.

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