Pourquoi nous ne sortirons pas de la crise avant 5 à 10 ans et comment elle change profondément notre société <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi nous ne sortirons pas de la crise avant 5 à 10 ans et comment elle change profondément notre société
©

Nouveau monde

En plus de plonger les pays occidentaux dans un véritable marasme économique, la crise que nous traversons transforme en profondeur nos rapports sociaux et politiques.

Yeho Hanan

Yeho Hanan

Yeho Hanan a exercé les métiers d'opérateur de marché et d'analyste financier au sein de divers établissements bancaires.

Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

Voir la bio »

Cette fois c'est différent. La récession n'est pas pareille indiquait Rogoff et Reinhardt en la nommant "la grande récession" un nom emprunté de la grande dépression de 1930. Malgré les quantités de liquidité déversée par le concert des banques centrales le rebond tarde à arriver, pour les optimistes, pour les réalistes il n'arrivera pas avant 5 à 10 ans et pour les pessimistes il n'arrivera que lorsqu'un choc encore plus fort fermera les déséquilibres accumulés depuis des années.

Malgré les superlatifs dont hommes politiques et les économistes ont affabulé cette crise, les banques centrales tardent à revoir à la baisse le potentiel de croissance pour ne pas avouer trop vite qu'une partie conséquente des destructions d'emploi est structurelle et non conjoncturelle. Les hypothèses de croissance des banques centrales aussi bien en Eurozone qu'aux Etats-Unis qu'en Chine sont toutes revues régulièrement à la baisse avec des révisions inquiétantes du chômage structurel mais aucun ne s'aventure à annoncer trop vite que les taux de croissance "anormaux" depuis le milieu des années 80 ont été empruntés à l'avenir et tôt ou tard il faudra passer à la caisse pour rembourser.

A ce mouvement de balancier temporel s'ajoute un second effet négatif, celui lié aux perspectives de gains de productivité complémentaire permis par les avancées techniques et la robotisation qui créent aujourd'hui la renaissance de l'industrie aux Etats-Unis sur le lit de la pauvreté. Cette situation macro économique crée plusieurs tensions. D'abord sur le plan des inégalités. Ce sujet est aussi problématique en France qu'en Chine (ou de nombreux intellectuels y voient le moteur du risque croissant d'une nouvelle révolution culturelle). On y trouve la traduction d'une société qui se divise entre un groupe qui traite l'autre "de riches égoïstes qui se servent sur le dos des employés" (la parodie "Mitt Romney Style" est très intéressante sur ce point) lorsque l'autre considère les "pauvres comme des assistés incapables de s'adapter à la réalité du monde". Puis, à la suite d'une tension trop forte, celle-ci se tourne vers les institutions démocratiques pour les gripper dans un premier temps (la polarisation politique est très instructive sur ce sujet) ; puis, si celles-ci ne sont pas réformées; la tension découle en des révolutions.

Celles ci peuvent mener au meilleur comme au pire comme la reprise en main par des organisations mafieuses d'institutions qui transforme un pays en état voyou (sujet soulevé récemment par le Spiegel à travers les inquiétudes des services de renseignement Allemand au sujet de Chypre devenue une plaque tournante du blanchiment d'argent). Nous pouvons aussi nous inquiéter fortement de la percer des néo-nazi en Grece, qui se retrouvent en peu de temps troisième force politique du pays, principal support des Grecs face à la montée de la délinquance et surtout support des forces de polices.

Force est de constater que la généralisation des Pigeons, en France, est un signe d'une prise en main par les intérêts particuliers de l'intérêt de la cité: les médecins ne veulent pas subir de déflation de leurs revenus mais comprennent que les finances de la sécurité sociale vont mal, les entrepreneurs exigent le rétablissement de leur marge et de leur compétitivité mais comprennent que l'Etat doit équilibrer son budget, les riches comprennent qu'ils doivent être solidaires mais se demandent pourquoi ne pas être solidaire ailleurs et surtout qu'il est injuste de payer des impôts qui vont a des assistés et à un état glouton... les pauvres vivent de plus en plus une forme de pauvreté que nous pensions révolues (certains maladies disparues font leur retour grâce à la pauvreté). Certains vont jusqu'à se suicider pour éviter l'affront de la faillite et de la descende en enfer.

Effectivement le Président de la République est juste lorsqu'il annonce que le monde a changé, que les modèles ne sont plus valides et que les Etats-Unis, pays libertarien par excellence se transforme en une sociale démocratie voir un peu plus à gauche sous la pression d'un nombre croissant et record de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté et devant faire appels aux subventions de l'Etat pour se nourrir. En même temps, nous n'avons jamais été aussi riche, nous n'avions jamais rêvé pouvoir éradiquer la famine (aujourd'hui théoriquement possible), et nous n'avions jamais disposé d'informations aussi abondantes et en temps réels ni de liens sociaux aussi développés.

Le Président de la République a parlé de nécessité d'un Pacte. Celui-ci est nécessaire entre toutes les forces vives afin de réussir à réduire les intérêts privés pour l'amélioration de l'intérêt commun. Il s'agirait de rechercher un équilibre de Nash lorsque nous avions tous appelé à l'optimisation de la fonction de bonheur personnel (équilibre de Pareto).

Malheureusement, les risques qui nous entourent sont plus importants et l'expérience montre; qu'en dehors de cas particulier (comme la suède ou le canada), les sociétés s'entêtent à poursuivre des schémas connus comme dans des pièges abscons au lieu de se réinventer. Certaines sociétés cherchent à trouver dans l'autre (l'immigré; le riche; le pauvre; le religieux...) la cause des maux au lieu de chercher un consensus qui se révèle en règle générale plus avantageux.

Ni Francois Hollande; ni Angela Merkel; ni Barack Obama; ni Xi Jiping ne pourront nous éviter une catastrophe qui s'annonce puisqu'eux aussi sont coupables de ne jouer que leur propre intérêt. Malheureusement pour l'avenir de nos enfants cet appel restera, comme d'autres tribunes, lettre morte et nous nous retrouverons dans les prochaines années pour réactualiser ces mêmes idées écrites il y a environ 1,5ans sous un autre visage.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !