Pourquoi les pays où il y a le moins d'inégalités et de pauvreté ne sont pas ceux où il y a le plus d'encadrement des très hauts revenus ou de transferts sociaux<!-- --> | Atlantico.fr
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La France compte 8 700 000 pauvres, soit un taux proche de près 13,5% de la population.
La France compte 8 700 000 pauvres, soit un taux proche de près 13,5% de la population.
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Sophisme

A l'heure où l'économie Française est encore à l'arrêt, seules les questions relatives au contrôle des salaires des riches semblent encore retenir l'attention politique, se focalisant encore une fois sur la richesse tout en évitant soigneusement la question de la pauvreté.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Inégalités et pauvreté sont deux dénominations différentes du même phénomène, l'une étant politique, l'autre économique. La lutte contre la pauvreté doit être l'objectif majeur de toute politique économique, alors que la lutte contre les inégalités est un terme ayant vocation à faire basculer cette même question sur un terrain moral. Un cadre moral qui consiste à dresser la richesse des uns comme la cause de la pauvreté des autres, c'est-à-dire en insinuant que la richesse est une somme nulle qui se partage entre les uns et les autres.

Cette puissante vision de partage de la richesse est de même nature que la notion de partage du travail et laisse de côté toute appréciation dynamique de l'économie. A l'inverse, l'approche plus libérale américaine repose totalement sur cette dynamique et consiste à accepter que la somme des intérêts particuliers agit favorablement sur l'intérêt général. Une telle appréciation est peut-être décevante dans notre pays, car elle consiste à accepter que les êtres humains ne sont pas totalement animés par l'intérêt du voisin, mais elle a fait ses preuves.

Les évolutions depuis 1975 sont à ce titre frappantes. La France disposait alors d'un niveau de prélèvement d'environ 35% de son PIB, contre 25% aux Etats-Unis. Aujourd'hui, les Etats-Unis affichent un niveau de 26% contre 46% pour la France, soit un différentiel de plus de 75%. La conséquence directe est de constater un écart de PIB par habitant de 15% entre les deux pays, et ce malgré une démographiqe américaine plus forte. Moins de taxes plus de croissance et plus d'emplois. Le chômage américiain avoisinait les 4% avant la crise, contre 8% en France. Ce niveau est aujourd'hui de 11% en France contre 7% aux Etats Unis.

A cela, il est régulièrement rétorqué que les Etats-Unis comptent près de 43 000 000 de pauvres, soit 16% de la population. Mais La France en compte 8 700 000, soit un taux proche de près 13,5%. Il est alors peut-être nécessaire de rappeler que le niveau de pauvreté est calculé sur la base du revenu médian....qui est supérieur de 30% aux Etats Unis. Ce qui commence à jeter un certain discrédit sur l'efficacité du modèle français. Plus d'impôts, moins de croissance, plus de chômeurs, moins de pauvres à priori, mais seulement à priori. Le modèle protecteur est mis à mal.

C'est à ce moment que le modèle nordique est régulièrement brandi en étendard de l'Etat Providence. Malheureusement, les taux de prélèvements entre ces pays et la France sont d'ores et déjà similaires et n'auront pas produit les mêmes résultats, faute de réformes et de soutien monétaire. Il est de plus intéressant de noter sur ce point les conclusions de l'étude de Acemoglu, Robinson et Verdier (2012) “Can’t We All Be More Like Nordics? Asymmetric Growth and Institutions in an Interdependent World”, NBER Working Paper 18441, National Bureau of Economic Research" :

"La principale conclusion de notre modèle indique que nous ne pouvons pas tous être comme les pays nordiques. C'est un état de fait, étant donné les choix institutionnels des autres pays, que si notre économie "coupe gorge" (Etats Unis) venait à se diriger vers un modèle plus "calin", cela réduirait le taux de croissance de l'économie mondiale et découragerait de fait l'adoption de mesures plus égalitaires (...)A l'inverse, les suiveurs sont toujours heureux de choisir un système associé à une structure plus égalitaire.(...) Ce raisonnement suggère que dans un monde interconnecté, ce sont précisément les sociétés "coupes gorges" avec leurs inégalités qui rendent possible l'existence du modèle nordique."
Choisir le modèle nordique suppose également de recourir à l'arme monétaire, afin d'offrir la relance indispensable qui aura permis à ces pays de se réformer. Relance monétaire justement menée aujourd’hui aux Etats Unis, et ce au bénéfice de l'ensemble de l'économie mondiale. 
Devant l'évidence, la France continue de se retrancher dans la facilité du discours politique et idéologique. Relance monétaire et baisse des prélèvements permettront un retour fort de la croissance. Mais au sein d'une logique européenne du compromis, ces nécessités ne pourront être obtenues que par la promesse de baisser le niveau des dépenses publiques.

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