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Pourquoi le syndicalisme européen se traîne-t-il ?
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Queue de cortège

CGT, CFDT, FO : les acronymes des syndicats français sont connus du grand public. Mais qui connaît la CES ? Cette Confédération européenne des syndicats est pourtant censée défendre les salariés dans la crise que connaît actuellement le vieux continent. Qui est-elle ? Que fait-elle ? Sert-elle seulement à quelque chose ? Suivez le guide…

René Mouriaux

René Mouriaux

René Mouriaux est docteur d'Etat en Science Politique. Il l'auteur de nombreux ouvrages sur le syndicalisme. Son dernier livre, La dialectique d'Héraclite à Marx, est paru en 2010 (ed. Syllepse).

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La Confédération européenne des syndicats (CES) a beau exister depuis 38 ans, elle demeure peu connue des citoyens. Son principal problème ? Elle ne dispose d’aucun adversaire solide à qui s’opposer. L’Union européenne (UE) reste ainsi trop faible : ni confédération, ni fédération d’Etats, l’UE se présente avant tout comme une zone de libre-échange au fonctionnement politique opaque, régie par différents pays membres qui peinent à s’unir et dont le Parlement – censé représenter le peuple – dispose d’encore peu de pouvoirs.

Pour exister, la CES est donc contrainte à calquer les dates de ses « euromanifs » lors de la tenue des sommets européens qui réunissent les chefs d’État.

Les défauts propres à la CES

Au-delà des travers de l’UE, la CES présente des défauts qui lui sont propres. Manque de capacité politique ? En recevant des subsides de la Commission, en acceptant la présence d’un représentant de l’Union dans les réunions syndicales « à titre pédagogique », la CES altère son indépendance.

De même, l’insuffisante cohérence de l’UE est aggravée par l’hétérogénéité des forces réunies, d’origine chrétienne pour une part, sociale-démocrate pour une autre part, et même communiste. La confédération allemande des syndicats - ou Deutscher Gewerkschaftsbund - et la fédération des syndicats britanniques – ou Trades Union Congress - dominent, sans vision européenne commune. Fonctionnant au consensus, la CES avance donc sur des accords a minima.

Enfin, la CES est, par nature, bureaucratique parce qu’elle n’a pas d’adhérents directs. Ses permanents sont des professionnels du syndicalisme, sans base propre.

Les apports de la CES ? Peu visibles…

Forte de 82 confédérations provenant de 36 nations, avec plus de 60 millions d’affiliés, la CES fondée en 1973, a toutefois progressé dans son influence et accru ses réalisations.

À son actif, il convient de verser deux acquis, la Charte des droits fondamentaux et les Comités d’entreprise européens.

Avec ses 12 fédérations professionnelles, ses 15 Comités syndicaux interrégionaux, ses centres de formation et de recherche, sa présence au Comité économique et social européen (CESE), la CES catalyse l’action syndicale dans le cadre européen et depuis 1989, elle organise périodiquement des euromanifs qui favorisent les solidarités continentales.

La CES surmontera-t-elle ses faiblesses organisationnelles et doctrinales ? La crise pousse à approfondir ses options antilibérales. Son évolution vers plus d’ambition revendicative est un enjeu important de la période contemporaine. Mais il ne faut pas cacher que le chemin s’annonce long et aux yeux du grand public peu visible.

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