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Pourquoi la campagne électorale a accentué les divergences entre les préoccupations nationales et l’avenir de l’Europe.
©JOEL SAGET / AFP

Une campagne française

Cela ne date pas d’hier, mais la campagne électorale qui vient de s’achever a mis plus que jamais en lumière les préoccupations nationales, au demeurant souvent contradictoires et le fonctionnement des institutions européennes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Cela ne date pas d’hier, mais la campagne électorale qui vient de s’achever a mis plus que jamais en lumière les préoccupations nationales, au demeurant souvent contradictoires et le fonctionnement des institutions européennes. Tout se passe aujourd’hui comme si la musique qui émane de Bruxelles était celle d’un disque rayé qui devient inaudible faute de susciter un élan mobilisateur car elle s’éloigne de plus en plus des préoccupations des gens. Il est vrai que la campagne en faveur du brexit empoisonne depuis trois ans l’atmosphère, sans que l’on puisse en concevoir l’issue. Mais elle aboutit à créer une situation ubuesque, où la Grande Bretagne élit des parlementaires qui n’ont qu’une ambition : quitter le plus tôt possible le vaisseau européen , pour tenter selon les observateurs les plus pessimistes de le faire couler à terme en exploitant les difficultés internes de l’Italie, avec la complicité tacite des Etats-Unis de Donald Trump. Ce qui explique les déclarations alarmistes du ministre de l’économie, Bruno Lemaire, qui y voit une menace pour l’euro, pour l’instant le principal rempart de la construction européenne, qui se fragilise comme en témoigne son cours sous-évalué par rapport au dollar.

Au demeurant, en France aussi les considérations nationales l’emportent. Malgré une campagne insistante des médias pour montrer le poids croissant que les institutions européennes ont pris dans l’élaboration des décisions qui affectent le quotidien, la tendance au fil des jours a té de transformer l’enjeu de la consultation en une sorte de referendum pour ou contre Emmanuel Macron. L’examen des différentes listes des partis politiques témoigne aussi d’une absence d’écoute pour les revendications des autres Etats membres, comme si chacun voulait étendre à l’ensemble européen ses préoccupations intérieures.  Pas étonnant dans ce contexte que l’on oublie tout ce que les institutions européennes ont apporté de positif, pour ne garder qu’une représentation caricaturale d’une machine bureaucratique, qui ne songe qu’à multiplier les réglementations et les interdits, alors que la population affiche de plus en plus un besoin de liberté et d’indépendance. Pas étonnant dans ces conditions que, malgré les menaces que la situation géopolitique fait peser, l’abstention reste la manière dominante pour exprimer son exaspération vis-à-vis d’un modèle qui parait s’’écarter de plus en plus du mode de vie réclamé par les populations.

Car, en moins d’une génération, la révolution informatique, l’irruption d’internet et des réseaux sociaux ont bouleversé la donne, alors que le discours politique n’a guère changé, ce qui le rend inaudible à des citoyens qui sont mieux informés, qui entendent gérer leur existence avec moins de contraintes et qui ne se sentent pas bercés par le train-train routinier européen, où la croissance ralentit et qui ne propose rien pour contrer les offensives américaines ou chinoises qui entendent réduire sa place sur l’échiquier planétaire. Avec une tendance au repli sur soi, mù par la crainte de l’avenir, où nos compatriotes en particulier, faute d’avoir confiance dans les mesures gouvernementales, continuent de réclamer une augmentation du pouvoir d’achat, non pas pour le dépenser, mais pour le placer sur les livrets de caisse d’épargne, ou pour privilégier l’immobilier, qui donne lieu à des opérations record, par crainte de l’avenir.

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