Pourquoi Carla Bruni et ses pairs fuient la chanson engagée<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
L'ancienne Première dame est redevenue chanteuse.
L'ancienne Première dame est redevenue chanteuse.
©

Chansons douces

Les derniers révoltés de la scène française sont, paraît-il, ces rappeurs cernés par des bimbos dans leurs clips bling-bling et leurs rimes à deux balles qui stigmatisent la police, l’autorité, Sarkozy…

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

Voir la bio »

Il y a sans doute des sujets plus importants que celui-là actuellement –guerres au Mali, en Syrie, mariage pour tous, droit de vote des étrangers, etc- mais après tout, les chansons accompagnent notre quotidien, nous émeuvent, nous font parfois même revivre des événements enfouis dans nos souvenirs avec une vigueur à laquelle on ne s’attendait plus. Pour toutes ces raisons, elles méritent, à mon sens, notre intérêt.

On a beaucoup parlé ces temps-ci du prochain album de Carla Bruni. Des journalistes auraient écouté quelques titres en avant-première. Moi-même, en 2009, j’avais eu le plaisir de découvrir une formidable chanson de cet auteur-compositeur-interprète que je considère comme une authentique artiste, une longue ballade intitulée Identité nationale. Le texte résonnait comme une douce provocation, servi par un humour jouissif et une mélodie primesautière dédramatisant un sujet qui nourrissait à l’époque une vive polémique. Selon certaines indiscrétions, cette chanson ne sera pas sur le nouvel album de Carla Bruni. Pas plus qu’un autre titre, Les diseurs, pamphlet brassenien visant les journalistes qui pourrait aussi disparaître de l’opus afin, j’imagine, de ne pas se mettre la presse à dos à l’occasion d’une sortie annoncée pour le printemps.

Carla Bruni, son agent et sa nouvelle maison de disque semblent céder à l’air du temps, vicié pour la chanson dite « engagée ». Où sont les Ferré, Brassens, Ferrat ou même Barbara du XXI e siècle ? Qui sont ces auteurs capables de vanter avec talent la réconciliation franco-allemande après la Shoah, la France des HLM et des usines ou de faire réfléchir sur la nécessité de « mourir pour des idées » ? Les grandes figures actuelles de la chanson française n’osent plus « segmenter le public ». Ils cherchent à rester « fédérateurs ». Dans son avant-dernier album, Francis Cabrel allait d’ailleurs jusqu’à regretter (Des gens formidables) que l’on attende des artistes des opinions tranchées et des combats courageux alors qu’eux-mêmes se satisfont de distraire gentiment leur public, sans autre prétention, et de « regarder ailleurs ». Les derniers révoltés de la scène française sont, paraît-il, ces rappeurs cernés par des bimbos dans leurs clips bling-bling et leurs rimes à deux balles qui stigmatisent la police, l’autorité, Sarkozy…

« A quoi sert une chanson quand elle est désarmée ? » s’interroge Julien Clerc dans Utile. Bonne question Monsieur Clerc, bonne question.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !