Pour sortir de la crise, un front uni d’entreprises souhaite le retrait du principe de précaution et la levée du secret médical...<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministère des Finances.
Le ministère des Finances.
©BERTRAND GUAY / AFP

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Pour les chefs d’entreprises qui, comme la majorité de l’opinion publique, souhaitent un retour à la vie normale, il faudra urgemment mettre entre parenthèses le principe de précaution et lever le secret médical qui empêchent de casser les chaînes de contamination.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La grande majorité des chefs d’entreprise savent désormais exactement ce qu’il faudrait faire pour revenir assez rapidement à une vie normale. Alors, il reste une minorité d’entreprises qui auront du mal à survivre aux confinements successifs, des TPE et PME qui se retrouvent asphyxiées par manque de trésorerie, des entreprises qui ont épuisé les capacités d’emprunt type PGE et qui ne pourront pas les rembourser, des entreprises qui ne vont pas se remettre du poids des URSSAF quand les moratoires seront épuisés. Des entreprises que les charges fixes de stocks non écoulés et de loyers vont mettre à terre... mais aussi des entreprises qui, pour la plupart, étaient déjà très malades avant le Covid 19. Tout comme certaines grandes entreprises (la SNCF, Air France, Renault, Airbus) qui vont avoir besoin d’un traitement spécifique, allant au-delà d’une simple perfusion de fonds de solidarité.

Mais pour plus de 98% des acteurs qui participent à la fabrication du PIB français et à l’emploi, les choses sont assez claires :

D’une part, le « quoi qu’il en coûte » lancé au départ par l’exécutif a permis de protéger les appareils de production et les contrats de travail. Le ministère de l’Economie, sous l’autorité de Bruno Le Maire, a fait le job.

D’autre part, les chefs d’entreprises ont fait preuve d’une extraordinaire résilience. Ils se sont adaptés et en ont profité pour accélérer les mutations, notamment digitales. Et pour engager des processus de réindustrialisation. Normalement, l’appareil de production de biens et services est en capacité de rebondir dès que les conditions sanitaires seront redevenues normales.

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On ne pourra pas en dire autant de l’administration française qui, par sa lenteur, sa lourdeur et la lâcheté de beaucoup de ses responsables, a entraîné le pays au bord du gouffre. Alors même que les moyens financiers existaient grâce à la Banque centrale européenne, à la solidarité de l’UE, et grâce aux épargnants français.

On ne pourra pas en dire autant de la classe politique d’opposition ou de la majorité, dont le discours est resté constamment critique ou insipide. On ne pourra pas en dire autant des principaux syndicats de salariés qui sont restés étrangement discrets et absents, incapables de participer à la pédagogie et à la proposition de solutions alternatives ou complémentaires.

Maintenant, l’ensemble des entreprises, armées de résilience, ne forment pas un parti mais une force de redressement considérable. Quand on décrypte des propos des dirigeants syndicaux professionnels, du Medef à la CPME en passant même par la FNSEA, on est frappé par les objectifs très pragmatiques et professionnels. Pas de corporatisme ou d’idéologie. Pas de clientélisme. Une ambition partagée de sortir du piège.

Alors, ce qui est frappant quand on reprend les discours ou les communiqués des syndicats professionnels ou des grandes entreprises qui ont publié leurs résultats, on tombe sur un même constat : la Covid a révélé l’aggravation du « mal français ». Ce mal si pernicieux qu’avait décrit Alain Peyrefitte dans les années 1970. Rien n’a été réglé. Au contraire :

Le manque d’anticipation de l’État ;

Le déficit industriel ;

Le poids du modèle social ;

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La faiblesse des contre-pouvoirs ;

L’obésité étatique ;

Le mille-feuille administratif ;

L’égocentrisme national ;

L’arrogance et l’obsession d’imposer un modelé aux autres ;

Le laxisme à l’encontre des droits de l’Homme.

Autant de points qu‘il faudra débattre lors d’une campagne présidentielle mais qui déforment l‘écosystème où travaillent les entreprises qui ont besoin de sortir de la crise.

Le logiciel de sortie de crise établi par toutes ces entreprises est très simple.

Acte 1 : il faudra forcément un plan de relance supérieur aux 100 milliards d’euros prévus. Si on se réfère à ce que font les États-Unis, il faudrait pour la France 3 à 4 fois l’enveloppe prévue.

Acte 2 : il faudra définir les leviers de cette relance. Et là, de deux choses l’une, ou bien l’Etat s’en charge et ça va être un fiasco. Ou bien il confie aux entreprises la charge de le gérer (des projets et des types de moyens de financement).

Acte 3 : ça ne peut marcher que si et seulement si la confiance revient. Et la confiance ne reviendra que si et seulement si l’épidémie a disparu.

On retombe dans tous les propos et les projets d’entreprises sur la question des vaccinations et des protections à mettre en œuvre.

Le monde de l’entreprise demande donc en permanence l’accélération des vaccinations, les entreprises sont d’ailleurs prêtes à les organiser et les prendre en charge à l’intérieur de leurs locaux si l’État les y autorise. Ce qui n’est pas le cas.

En attendant la généralisation des vaccins, les entreprises sont extrêmement nombreuses à ne pas comprendre qu’on ne les laisse pas tester, sous contrôle médical bien sûr, leurs salariés. La technique des tests PCR ou des autotests permet tout. Le digital permet d’organiser le traçage des cas positifs et des cas contacts. Si demain, on réussit à séparer les cas positifs et à les isoler, la chaîne de contamination est cassée et la vie pourra reprendre normalement dans tous les secteurs, y compris les théâtres les restaurants, les magasins, les stades.

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Dernière observation, qui ressort de ce tout ce que disent les chefs d’entreprises, il faudra sans doute arriver à lever deux tabous français qui bloquent le progrès :

Le premier, c’est le principe de précaution institué dans la Constitution française par Jacques Chirac pour faire plaisir aux écolos. Ce principe a tué la notion de risque, qui est un facteur de progrès considérable. Compte tenu de ce principe de précaution, le ministre comme le maire, le fonctionnaire ou le dernier des administratifs sont paralysés. Ils ont peur du risque que leurs décisions entraîneraient. Donc ils bloquent tout et nous sommes désormais en retard sur tous les grands pays occidentaux.

Le deuxième tabou, c’est sans doute le secret médical et le principe sacro-saint de la protection des données personnelles. On ne peut pas en France interdire à un malade de contaminer son voisin, parce que son voisin n’a pas à savoir que vous êtes malade. La France, dans sa grandeur et sa naïveté, compte sur la responsabilité individuelle. L’expérience des grandes maladies, à commencer par celle du SIDA ou du Covid, nous montre qu’on ne peut pas se fier au comportement individuel. Il faut donc tester et tracer et isoler les cas positifs pour être sûr qu'ils ne viendront pas contaminer le reste du troupeau. Certaines entreprises (transport aérien) se sont organisées. Certains pays contrôlent et surveillent (Israël, Singapour, Corée, Taïwan, Canada). Ces pays sont encore des démocraties, mais en traçant et en isolant ils contrôlent l’épidémie.

Ces mesures, qui reviennent, c’est vrai, à trahir un secret médical, sont liberticides, mais elles le sont pour protéger l’ensemble de la population.

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