Pour le World Economic Forum, la France peut beaucoup mieux faire en termes de compétitivité et il a raison<!-- --> | Atlantico.fr
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Pascal Lamy est directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Pascal Lamy est directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
©Reuters

Peut mieux faire

Pour Pascal Lamy, directeur de l'Organisation mondiale du commerce, la France "a un vrai problème de compétitivité". Il appelle même à "accélérer le rythme".

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet est économiste.

Son dernier livre est Réindustrialisation j'écris ton nom, (Fondation Jean Jaurès, mars 2012).

Il est également l'auteur de Les Pratiques de l'Intelligence Economique : Dix cas d'entreprises paru chez Economica en 2008 et GDF-Suez, Arcelor, EADS, Pechiney... : Les dossiers noirs de la droite paru chez Jean-Claude Gawsewitch en 2007, et de Investir : une urgence absolue pour la France et l'Europe à télécharger chez la Fondation jean Jaurès (en libre téléchargement).

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Atlantico : Pascal Lamy, le directeur de l'Organisation mondiale du commerce, a déclaré que la France "a un vrai problème de compétitivité". Comment se manifeste ce manque de compétitivité ?

Jean-Louis Levet : Le déficit de compétitivité de l'économie française tient d'abord au processus de désindustrialisation que celle-ci connait depuis le milieu des années 80. A avoir fait le choix implicite d'une économie sans industrie, au contraire de pays aussi différents que l'Allemagne, la Corée du Sud, ou les pays scandinaves, et plus récemment des grands pays tels que la Chine (depuis la fin des années 70), notre système productif (industrie plus les services aux entreprises) se retrouve depuis le milieu des années 2000 dans une triple situation intermédiaire :

  • entre la qualité des produits allemands et les entreprises des pays émergents cumulant bas coût du travail et raccourci à l'accès des technologies critiques

  • entre les pays du nord de l'Europe, qui ne cessent d'investir dans la recherche (3% du PIB en moyenne), l'éducation, l'industrie, les relations recherche/industrie et les pays du sud de l'Europe, faiblement industrialisés (à l'exception de l'Italie du Nord) et aux capacités en recherche et en éducation supérieure très insuffisantes

  • entre un mode de production de produits à prix discount, fortement importateur et fondé sur des énergies fossiles et un mode production de qualité à fort rendement énergétique.

Notant que la France a commencé à s'attaquer à la question de la compétitivité, il estime estime "qu'il va falloir amplifier cela, c'est une question de rythme, il va falloir l'accélérer". Le rapport Gallois était-il insuffisant ? A t-il été que trop peu repris par le gouvernement sous forme de mesures concrètes ? Ce rapport n'a t-il pas trop privilégier l'industrie au détriment d'autres secteurs comme l'économie numérique par exemple ?

L'industrie constitue le principal levier de création d'emplois directs et indirects, d'innovation et de puissance; industrie au sens où celle-ci regroupe l'industrie manufacturière (y compris l'agroalimentaire et l'énergie), les nouvelles industries telles que celles par exemple de la culture et de l'information, les industries de réseau (électricité, eau, télécoms, économie maritime, etc) et l'offre industrielle qui émergera (si l'on s'en donne les moyens) demain au croisement des nouveaux domaines de recherche (sciences du vivant, sciences cognitives, etc) et des grands besoins de la société (mobilité, santé, urbanisme, etc).

Bien entendu l'ensemble des services aux entreprises participent du système industriel et sont indispensables à sa compétitivité (logistique, services financiers, d'études, etc). En ce sens, le rapport Gallois met avec raison l'accent sur la nécessaire redynamisation de l'industrie française; l'économie numérique fait pleinement partie du système industriel et constitue de plus un formidable facteur d'amélioration de la performance des entreprises et des relations inter- entreprises et entre entreprises et territoires.

Il estime qu'il faut permettre aux entreprises de "pénétrer les marchés internationaux". Quels efforts sont nécessaires ? Pression sur les salaires, hausse du temps de travail... une dévaluation interne plus ou moins forte est-elle inéluctable ? Quelles doivent êtres les priorités ?

L'enjeu fondamental est que notre pays arrive à maîtriser son insertion dans l'économie mondiale; or de par le rétrécissement de sa base industriel, il comporte de moins en moins d'entreprises exportatrices: 122 000 au tout début des années 2000, moins de 112 000 aujourd'hui.

C'est bien de notre capacité à développer l'entrepreneuriat, à investir aussi bien dans les activités matures que dans les activités de demain à forte rente technologique, que dépend le devenir de notre économie et donc de nos emplois et de nos territoires: une réforme fiscale puissante au service de l'investissement, une orientation de l'épargne vers les projets entrepreneuriaux encourageant la prise de risque, des relations apaisées entre grands groupes et PME, un dialogue social source de compromis entre patronat et organisations syndicales, une action résolue de tous les acteurs publics et privés en faveur de la formation en alternance et des compétences dans les entreprises, un dispositif public efficace d'accompagnement des PME sur les marchés extérieurs, constituent quelques unes des orientations majeures d'une stratégie de développement de notre économie dans la durée.

Propos recueillis par Olivier Harmand

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