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Portrait de 5 villes qui sont parvenues à vaincre une violence endémique : l'exemple de Medellin
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Petits conseils pour Marseille

Corruption, drogue, meurtres... Tels étaient les maux de Medellin durant les années Escobar. Mais après la mort du "Patron du Mal", la ville a connu une formidable baisse de sa violence et de sa criminalité.

Eduardo Mackenzie

Eduardo Mackenzie

Eduardo Mackenzie est journaliste et écrivain. Il est notamment l’auteur de Les Farc ou l’échec d’un communisme de combat (Publibook, Paris, 2005).

 

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Atlantico : Face au manque d’implication de l’État à Medellín, Pablo Escobar s'était illustré en tant que "Robin des Bois" de la Colombie : voler aux riches pour donner aux pauvres. L'argent facile issu du trafic de cocaïne favorisait surtout la criminalité au sein de cette ville. Le président Alvaro Uribe et le maire de Medellín Sergio Fajardo ont impulsé un changement en faveur de l'investissement public et de l'aménagement social après la mort du Baron de la drogue. Quelles ont été les actions de renouveau ayant permis la baisse de la violence et de la criminalité ? Et comment aujourd'hui le gouvernement lutte-t-il contre la violence et la criminalité ?

Eduardo Mackenzie : Avant de vous répondre, il faut considérer certains chiffres pour mieux saisir l’ampleur du phénomène et la dimension du problème. En 1991 Medellín était certes la ville la plus dangereuse au monde. Les tueurs de Pablo Escobar imposaient leur loi partout. Avec un taux de 380 homicides pour 100 000 habitants, cette ville était un véritable enfer. C’est du passé. Pablo Escobar a été tué par la force publique le 2 décembre 1993, et le Cartel de Medellín fut démantelé par l’État colombien au cours de la période 1994-1995. Depuis, Medellín a fait de grands progrès dans l’amélioration de ses indices de sécurité.En 2012, elle occupait déjà la 24ème place  dans la liste des 50 villes les plus dangereuses au monde. Aujourd’hui, les trois villes qui détiennent à égalité la première  place de cette liste sont San Pedro Sula (Honduras), Ciudad Juarez (Mexique) et Maceió (Brésil), avec 135 homicides pour 100 000 habitants. Caracas est à la deuxième place avec 130 homicides pour 100 000 habitants. La troisième place est occupée par la Nouvelle-Orléans avec 95 homicides pour 100 000 habitants. A Medellín, en 2012, on dénombrait 52 morts violentes pour 100 000 habitants. Il y a une amélioration mais bien-entendu il reste encore beaucoup à faire.

Concernant les facteurs qui ont joué un rôle dans l’amélioration de la sécurité à Medellín, je retiens trois actions en particulier, qui sont :

1-      une augmentation du nombre des interventions de la force publique contre les délinquants ;

2-      un niveau d’exigence plus élevé de la part de la société civile en matière de sécurité ;

3-      un renforcement de l’action judiciaire à l’encontre de l’impunité.

En matière de mesures sociales, la mairie de Medellín essaie d’intégrer la population la plus démunie à la vie de la ville, par exemple en empêchant la dégradation de l’espace public et en développant de meilleurs transports publics avec la construction de lignes de métro,  d’un téléphérique permettant aux quartiers les plus oubliés d’être reliés au centre-ville, d’escaliers électriques dans certains quartiers escarpés.

>>>> A lire également dans la série des 5 villes qui sont parvenues à vaincre une violence endémique :

>>L'exemple de New York

>>L'exemple de Los Angeles

>>L'exemple de Rio de Janeiro

En dehors du trafic de drogue et des meurtres qui en découlaient, quels autres délits importants et crimes affectaient la ville ?

Les vols avec violence, les enlèvements contre rançon, les recrutements forcés de mineurs par les bandes narcoterroristes (paramilitaires d’extrême droite et d’extrême gauche) et le déplacement forcé de populations étaient fréquents.Des efforts considérables ont été faits pendant les deux gouvernements du président Alvaro Uribe (2002-2010), où il y a eu un renforcement de l’autorité de l’État et une réduction très nette du terrorisme d’extrême gauche, et la démobilisation de près de 30 000 paramilitaires d’extrême droite. Ces efforts ont été à l’origine du changement positif en matière de sécurité dans la ville de Medellín ainsi que dans d’autres villes et dans plusieurs régions colombiennes.

Malgré les efforts des autorités pour endiguer la pauvreté, celle-ci demeure un problème majeur de la Colombie. A quel type de criminalité assiste-t-on actuellement dans ce pays, et plus particulièrement à Medellin ?

La pauvreté en Colombie est largement entretenue par la violence imposée par les bandes criminelles aux habitants, principalement des campagnes, qui empêchent depuis plus de cinquante ans le développement économique des régions rurales.  Ceci dit, il n’y a pas un problème spécifique et particulier de pauvreté en Colombie qui soit différent de la pauvreté moyenne sur le continent américain. Idem pour le problème d’égalité sociale. La violence imposée de l’extérieur à la Colombie à l’époque de la Guerre froide, là est la clé qui explique en grande partie la situation actuelle.

Quel pouvoir ont aujourd'hui les cartels à Medellín ?

Le Cartel de Medellín n’existe plus, et, après la disparition du Cartel de Cali, de "petits cartels de la drogue" ont émergé dans plusieurs villes et régions colombiennes. Finalement, un nouveau cartel très puissant de trafic de drogue s’est constitué autour des FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, remplissant ainsi le vide laissé par la destruction des cartels de Medellín et de Cali.

Il y a eu aussi l’émergence d’autres bandes criminelles, qu’on connaît en Colombie sous le nom de Bacrim et qui posent de graves problèmes à la tranquillité publique. Mais le problème principal de sécurité en Colombie est de loin l’action menée par les FARC contre l’État, mais aussi et surtout contre la population civile colombienne, plus particulièrement contre la population la plus démunie, telle que les habitants de petits villages, les communautés indiennes, les paysans isolés. Tout cela se passe surtout dans les régions du sud de la Colombie, où l’infrastructure routière est déficiente et où la présence des services de l’État et de la force publique est insuffisamment assurée.

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