Porter des vêtements de marque à un entretien d’embauche, ça paye<!-- --> | Atlantico.fr
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Si vous n'assurez pas au niveau du style, vous êtes presque sûr de vous disqualifier en entretien d'embauche.
Si vous n'assurez pas au niveau du style, vous êtes presque sûr de vous disqualifier en entretien d'embauche.
©Marc Guyot

C'est comme ça

En France, le CV est important, mais il n'y a pas que les mentions "HEC" ou "Polytechnique" qui importent. Aussi flamboyantes vos références soient-elles, si vous n'assurez pas au niveau du style, vous êtes presque sûr de vous disqualifier.

Vincent Grégoire

Vincent Grégoire

Vincent Grégoire est architecte d'intérieur de formation. Il est entré chez Nelly Rodi, où il travaille depuis plus de vingt ans. Il y occupe le poste de responsable "Art de vivre".

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Atlantico : Dans le cadre d’une étude réalisée par le "Journal of business research", des étudiants ont dû se prononcer sur les compétences d’une femme passant un entretien d’embauche. La première fois elle portait un chemisier de grande marque, la deuxième celui d’une compagnie de "fast fashion", la dernière un chemisier sans marque. Elle a été jugée plus apte lorsqu’elle portait un chemisier de grande marque. Quel est l'impact à la fois du type de vêtements portés mais aussi de leur marque sur la perception de nos compétences ? 

Vincent Grégoire :Quelqu’un qui porte un vêtement de marque, pour beaucoup de recruteurs, c’est quelqu’un qui fait attention à lui, qui entre dans une certaine notion de compétitivité, qui tend à l’excellence. L’élégance, le chic lors d’un premier entretien est un moyen de démontrer au recruteur que, si l’on est sélectionné, on  se donnera au maximum et que dans notre ascension on entrainera l’entreprise avec nous.

Bien s’habiller, s’est montrer que l’on prend soin de soi, qu’on est conscient des notions de pouvoir et d’autorité. C’est dire : je viens ici pour gagner de l’argent afin de conserver, voire d’améliorer, mon train de vie. Porter des vêtements de marque donne une image plus luxe, plus professionnelle.

Dès lors que l’apparence est soignée, le recruteur imagine l’individu comme étant quelqu’un de performant. C’est en réalité l’idée de l’élite qui parle à l’élite. Le recruteur a tout de suite l’impression d’embaucher quelqu’un qui vient de la même classe sociale que lui, il se sent valorisé.

A contrario, quelqu’un qui s’habille plus "normalement" renvoie l’image d’un individu qui se contente de peu, qui n’a ni l’intention de s’améliorer, ni de s’investir outre-mesure dans l’entreprise.

Qu'est-ce que le choix des vêtements et des marques dit de notre personnalité et de nos ambitions ? 

Le vêtement c’est un miroir. Porter un certain style revient à se fabriquer une image. Porter des vêtements chers, c’est donner l’impression que l’on cherche à s’élever socialement, à progresser. Si l’on porte des vêtements griffés, on montre que l’on appartient à une certaine culture de l’argent, de la réussite, du pouvoir. Ça rassure !

S’habiller tout en marques prouve à l’autre que l’on fait attention à son image, à son apparence. Toute cette logique est basée sur le constat même que chacun de nous se fie à sa première impression de l’autre. La société actuelle est une société du paraître, où les griffes sont sacrées.

Ce rôle majeur joué par l’apparence évolue en fonction des sociétés : en Asie ou aux Etats- Unis par exemple, le look est encore plus important !  

A l’inverse, porter des vêtements mignons mais peu chers, revient à donner de nous l’image de quelqu’un sans aspérités, sans relief, simple, normal et qui se fond dans la masse.

Les vêtements auraient également un impact sur le salaire que l'on parvient à négocier. Notre tenue vestimentaire peut-elle également impacter notre capacité de conviction ?

Oui, bien sûr. Par exemple, parfois, quelqu’un qui ne possède pas forcément de gros moyens financiers investira dans des vêtements de luxe. D’une part ceci le dopera, lui donnera envie de réussir, pour pouvoir se faire plaisir plus souvent ; d’autre part c’est une façon de montrer au recruteur que l’on veut réussir et que l’on se battra pour continuer à assurer son train de vie.

L’impact de la tenue sur le salaire est aussi existant. Bien s’habiller, s’est montrer que l’on cherche à assurer un certain train de vie. Le recruteur aura donc tendance à se dire que la personne mérite un bon salaire : si elle peut se payer de jolies fringues, c’est qu’elle le mérite !

A porter des marques apparentes, ne risque-t-on pas de tomber dans le tape-à-l'œil, voire le vulgaire ? 

Il faut toujours faire attention à la personne que l’on a en face nous. Certains seront très "contents", flattés de voir quelqu’un arriver à un entretien d’embauche vêtu de marques. Il faut choisir la bonne mise en scène, fournir les bonnes réponses aux différentes attentes. On ne s’habille pas n’importe comment en face de n’importe qui.  

Néanmoins, s’habiller avec des marques fait rarement peur au recruteur, c’est un phénomène d’imitation. En se valorisant soi-même on valorise l’autre. En portant des habits de marque, on a l’impression de faire partie de la même bande, ce qui est valable pour nous comme pour le recruteur.

L'influence de la tenue vestimentaire est-elle la même dans tous les secteurs et à tous les âges ?

Non, l’influence de la tenue vestimentaire varie selon son âge et le secteur dans lequel on travaille. Selon l’univers on doit exprimer l’humilité, l’honnêteté, la créativité…. Par exemple, quelqu’un qui travaille au sein d’une banque a peu de marge de manœuvre, il doit adopter un look sobre, chic. Il pourra difficilement se montrer créatif dans ses choix vestimentaires, ce qui ne veut pas dire qu’il ne devra pas porter de marques. Simplement, il devra respecter des codes "classiques" qui sont souvent stéréotypés (en Asie par exemple, la marge de manœuvre est faible alors qu’en Italie l’innovation est encouragée).Les marques portées doivent s’accorder avec l’endroit dans lequel on travaille, il faut savoir choisir entre vêtements "bling bling" et vêtement simples mais chics, élégants. Souvent, les marques qui expriment le classicisme sont mieux perçues que celles qui expriment la créativité. Chaque profession vient avec son quota d’exigences. L’attention se porte souvent sur les accessoires choisis. Pour une femme c’est le sac qui compte (une femme d’affaires se doit d’avoir un sac Celine alors qu’une assistante marketing doit détenir un sac Coach par exemple) alors que pour un homme ce sont les chaussures (un beau costume avec de vieilles chaussures, c’est rédhibitoire !).

Ensuite selon l’âge les exigences se font de plus en plus grandes. Un jeune qui arrive à un entretien d’embauche en portant des vêtements chics, chers : ça surprend, ça suscite une part d’admiration et immédiatement ça fonctionne. D’autant plus que l’on attend plutôt de quelqu’un de jeune qu’il refuse de se plier aux règles, l’inverse est donc forcément un atout !

Pour quelqu’un de plus âgé, l’enjeu c’est de montrer que l’on est encore jeune, que l’on est "in" et surtout pas ringard. C’est bien plus compétitif avec l’âge : tout est dans le dosage, on doit rassurer tout en montrant que l’on est toujours dans le coup.

En vérité, c’est un éternel paradoxe : un jeune doit savoir paraître plus vieux alors que quelqu’un de plus âgé doit "faire jeune" sans pour autant être ridicule !

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