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Porte-avion américain déployé au Moyen-Orient : ce que cache l'escalade entre Téhéran et Washington
©ATTA KENARE / AFP

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Ce dimanche 5 mai, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, a annoncé le déploiement au Moyen-Orient du porte-avions et du groupe aéronaval Abraham Lincoln, ainsi que des bombardiers pour répondre à des "indications inquiétantes d'escalade" de la part de Téhéran.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Atlantico : Quels sont les éléments qui pourraient expliquer ce mouvement de la part de Washington ? 

Ardavan Amir-Aslani : L'annonce a en effet de quoi surprendre. C'est la première fois qu'un conseiller à la sécurité nationale américain prend le parti d'annoncer un tel déploiement militaire. John Bolton évoque, pour justifier la mise en place de cette force opérationnelle, « un certain nombre d'indications et d'avertissements inquiétants et critiques », ce qui est pour le moins vague. Il assure également que de nouvelles informations confirment la menace que ferait peser l'Iran sur les forces américaines dans la région. Mais enfin, l'Iran n'a fait aucune provocation militaire contre les Américains ces dernières semaines ! 

Pendant des années, les Américains ont conservé des forces militaires comparables dans cette région, des bombardiers et chasseurs à la base aérienne al-Udeid au Qatar, et un porte-avion dans le Golfe Persique. Mais ces derniers mois, la Maison-Blanche avait décidé de déplacer ces forces vers d'autres théâtres d'opérations afin de défendre ses intérêts face à la Chine et à la Russie. Tout d'un coup, il apparaît urgent de restaurer cette force de frappe et de montrer de nouveau ses muscles aux portes de l'Iran ! 

On pourrait souligner que l'évènement intervient quelques semaines après que les Etats-Unis aient décidé de classer le corps militaire des Gardiens de la Révolution comme organisation terroriste, ce qui pour l'Iran constituait précisément une provocation. 

Tout ceci s'inscrit en vérité dans la continuité de la stratégie des « faucons » de l'administration Trump, qui cherchent à asphyxier l'Iran économiquement en réduisant ses exportations de pétrole à zéro, en menaçant de sanctions les autres pays qui feraient commerce avec l'Iran. Le but in fine est de pousser le pays à la faute, ce qu'il pourrait faire en rouvrant, par exemple, les centrales nucléaires fermées dans le cadre de l'accord de Vienne. L'objectif final est que Téhéran change de régime politique et retire ses forces militaires du Moyen-Orient. 

Quel lien peut-on établir entre cette annonce et la situation actuelle en Israël ? 

L'annonce intervient en effet après l'escalade meurtrière à laquelle on assiste depuis samedi dernier entre groupes armés palestiniens et l'Etat hébreu. L'Iran est régulièrement accusé d'armer et de soutenir ces groupes qui opèrent dans la bande de Gaza, aussi il ne serait guère surprenant que Benjamin Netanyahu use de son influence auprès de l'administration Trump pour que les Américains agissent dans la région et protègent Israël, qui s'est toujours estimé menacé par l'Iran.

Comment envisager la suite de ce qui ressemble à une escalade dans les relations entre Téhéran et Washington ? 

Américains et Iraniens ne veulent pas la guerre, c'est du moins ce que chacun déclare. Ainsi John Bolton affirme que les Etats-Unis ne cherchent pas la guerre avec le régime iranien, mais qu'ils seront tout à fait prêts à réagir à toute attaque, soit par procuration, soit par les forces iraniennes...
De son côté, il y a de cela un mois, le ministre des affaires étrangères iranien Javad Zarif laissait le bénéfice du doute à Donald Trump quant à ses intentions belliqueuses, mais soulignait qu'il subissait très certainement l'influence de la « B Team », à savoir John Bolton, « Bibi », (Benjamin Netanyahu), Ben Zayed, prince héritier des Émirats Arabes Unis et Ben Salmane, prince héritier d'Arabie Saoudite. 
En outre, il estimait que les Etats-Unis semblaient tout mettre en place pour que des incidents se produisent. Déjà en septembre, ces derniers ont annoncé la fermeture de leur consulat à Basra en Irak, à la suite de tirs de roquette à proximité, et en ont accusé l'Iran. Téhéran a non seulement nié mais fait remarquer que son propre consulat avait été incendié lors de ces mêmes manifestations ! 

L'annonce américaine d'hier semble donner raison à M.Zarif. A l'Iran de rester très vigilant désormais pour qu'il n'y ait aucun dérapage qui donnerait une bonne raison aux Américains de l'attaquer frontalement. 

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