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port du masque France coronavirus covid-19 rentrée
port du masque France coronavirus covid-19 rentrée
©BERTRAND GUAY / AFP

Généralisation du port du masque

De nouvelles règles sanitaires seront appliquées en cette rentrée. Le port du masque sera notamment généralisé dans les entreprises. Les mesures déployées sont-elles suffisamment efficaces pour lutter contre le coronavirus ? Comment le gouvernement pourrait rassurer les Français ?

Charles Reviens

Charles Reviens

Charles Reviens est ancien haut fonctionnaire, spécialiste de la comparaison internationale des politiques publiques.

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Atlantico.fr : Dès septembre, les nouvelles règles sanitaires s'appliqueront aussi dans les entreprises, c'est ce qu'a annoncé la ministre Elisabeth Borne mardi dernier. Il semblerait que la liste du protocole sanitaire ne cesse de s'allonger pour la rentrée. Trouvez-vous que le Gouvernement ait opté pour des mesures suffisamment efficaces ?

Charles Reviens : « L’efficacité » pour l’action publique à l’ère de la covid-19 consiste à mon sens à minimiser le risque sanitaire sans abîmer trop gravement (ou encore davantage) le fonctionnement normal de la vie économique et sociale. En effet les pays du monde et donc la France font face à un contexte socio-sanitaire tout à fait exceptionnel lié à l’apparition d’une nouvelle maladie infectieuse respiratoire testant brutalement les dispositifs de santé publique tout en générant une disruption de la vie économique et sociale unique en temps de paix.

Même si on apprend chaque jour un peu plus sur la maladie, on reste dans un contexte de forte incertitude. Ainsi les dernières semaines sont marquées par une augmentation importante des détections de cas positifs dans que cela se traduise par une augmentation à due proportion des hospitalisations et des décès associés à la covid-19 : alors que le nombre de cas détectés se rapproche quelque peu des données du printemps, on compte sept morts par jour liées à la covid-19 depuis le 1er aout contre 838 en moyenne au mois d’avril.

Le contexte épidémique semble donc différent avec de multiples explications avancées (augmentation des cas détectés du fait de la multiplication des tests, proportion de personnes plus jeunes contaminées et donc dont la santé est moins affectée…) et on semble à date moins dans une situation de crise au regard des données disponibles mais aussi du processus d’apprentissage depuis le début de l’année.

A date les mesures de gestion des pouvoirs publics français concernent les modalités de la rentrée dans les deux lieux majeurs de la vie sociale que constituent les entreprises et les établissements d’enseignement, les deux ministres impliqués sur ce volet sanitaire étant la ministre du travail et le ministre de l’éducation nationale. Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué dans son entretien de cette semaine à Paris Match des confinements sur certains segments du territoire sans retour a priori au confinement général tel qu’il a existé entre le 17 mars et le 11 mai.

Le gouvernement tente donc de suivre la ligne de crète entre la déstabilisation le moindre possible de la vie économique et sociale et maîtrise de la crise sanitaire. Sur le fond, il n’y pas énormément d’alternative.

Les Français ont le sentiment que le Gouvernement avance à tâtons dans la lutte contre la covid-19. Comment pourrait-il les rassurer ?

L’arbitrage entre gestion du risque sanitaire et garantie du fonctionnement normal de la société place les pouvoirs publics à la fois dans la situation de forte légitimité liée aux circonstances tout à les rendant leur rôle un peu ingrat. S’ils n’en font pas assez pour le risque sanitaire, la dégradation de la situation leur est et à juste titre imputée, s’ils en font beaucoup, la non-dégradation de la situation peut amener à considérer que leur action est exagérée et attentatoire à la vie collective et aux libertés publiques. L’exercice des pouvoirs publics est donc complexe et peut conduire à cette impression d’improvisation : la satisfaction de tous n’est pas un objectif réaliste.

Dans le cas français, il a en outre été largement pollué par le caractère aléatoire et décrédibilisant de la communication publique au début de la pandémie. Le cas des masques, qui est désormais intégré dans les protocoles sanitaires obligatoires dans les entreprises et la rentrée scolaire, a quasiment fait l’objet d’un 360 degrés en matière de préconisations entre mars-avril (le masque ne sert quasiment à rien, ce qui tombe bien puisque les stocks ou les circuits d’approvisionnement ne sont pas en place pour la France) et aout (masque obligatoire en entreprise et dans les collèges)…

Face à une société française structurellement défiante, le retour de la confiance passe éventuellement par une communication constante voir répétitive sur le jeu complet des mesures de distanciation sociale (lavage régulier des mains, masques, règles de regroupement), les modalités d’accès de chacun aux mesures de dépistage (tests PCR et sérologiques) et enfin le rappel que les aléas inhérents à cette crise peuvent conduire à des mesures de durcissement différenciées suivant la situation sanitaire des différents territoires.

Quelles pourraient-être selon vous les mesures à mettre en place immédiatement pour lutter activement contre la propagation du coronavirus ? De quels pays pourrions-nous nous inspirer dans sa façon de gérer la crise sanitaire et de limiter le risque de seconde vague ?

Comme tous les pays sont soumis à la même crise, il est particulièrement utile de regarder les pratiques des différents pays qui ont des résultats sanitaire ou socio-économique extrêmement différents et sans doute d’identifier les bonnes pratiques. Le plus important est de disposer d’éléments de pilotage précis d’une situation pouvant évoluer rapidement et il peut-être conseillé à chacun de suivre les indicateurs quotidiens de Santé Publique France.

Par ailleurs la pratique générale « dépistage-isolement-traitement » déployées dans de nombreux pays d’Asie-du-Sud-Est ou d’Europe centrale et d’une certaine manière à Marseille en France dans la phase amont de la crise semble constituer un protocole efficace dont s’inspirent de fait les pouvoirs publics français depuis fin-mai.

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