Populisme intelligent : mais à quoi ressemblerait un programme économique de rupture avec les élites CRÉDIBLE ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme s'arrête devant des pancartes en faveur d'une candidature d'Eric Zemmour aux élections présidentielles de 2022, dans une rue de Paris, le 29 juin 2021.
Un homme s'arrête devant des pancartes en faveur d'une candidature d'Eric Zemmour aux élections présidentielles de 2022, dans une rue de Paris, le 29 juin 2021.
©Ludovic MARIN / AFP

Des paroles et des actes

Alors que les positions d'Eric Zemmour sur les sujets de société comme la sécurité ou l'immigration sont connues du grand public, ses déclarations sur l'économie sont plus rares. Eric Zemmour propose-t-il une alternative en économie liée à son positionnement hors système ? Quelles seraient les mesures crédibles d’un programme économique de rupture ?

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Éric Zemmour est très présent dans les médias. Si on connait bien ses positions sur l’immigration, ses déclarations sur l’économie sont plus rares. Eric Zemmour offre-t-il en économie la rupture que son positionnement hors système semble lui destiner ?

Don Diego de la Vega : Je ne connais pas le programme économique d’Eric Zemmour, car il l’a peu dévoilé. Par ailleurs, les candidats respectent peu leurs programmes. Enfin, Eric Zemmour a lui-même dit que l’économie, ce n’était pas son truc. Il a dit que sa priorité c’était l’immigration. Donc je ne peux pas vraiment me livrer à l’analyse du programme de quelqu’un pour qui l’économie est la cinquième roue du carrosse. Il considère qu’un certain nombre de problèmes seront résolus quand on aura résolu le problème numéro un dont il parle. Il pense à l’école, aux hôpitaux, etc. A mon sens, cela ne résoudra pas la grande majorité des problèmes économiques en France mais c’est son point de vue, il a fixé sa priorité. Il va sans doute muscler son programme économique, j’espère que ce ne sera pas en défendant le protectionnisme. Il se revendique du RPR, j’espère qu’il choisira l’aspect de ce dernier plus proche du thatchérisme. Et ainsi insister sur les PME, la fiscalité, l’inflation normative, etc.

Quels seraient les fondements crédibles d’un programme économique de rupture avec les élites ?

On peut imaginer six axes d’un populisme, de droite, intelligent aujourd’hui en France.

  1. Eliminer une norme à chaque fois qu’on en introduit une nouvelle

C’est ce que propose Elon Musk et cela aurait un effet très puissant. L’idée serait de ne plus pouvoir ajouter à aucun code règlementaire sans retrancher un peu de l’ancien. On ne peut plus faire de l’inflation règlementaire car le peuple s’y perd, il ne s’y connait pas. Donc il a besoin d’intermédiaires parasites qui se nourrissent sur le cadavre de l’économie française.

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  1. L’immigration payante et un référendum sur l’immigration

Cela reprend les idées de Jean-Philippe Vincent. Cela permet de faire un tri élégant et efficient économiquement. Certains pays le font déjà. Et cela apporterait également un double dividende.

On pourrait aussi envisager un réferendum sur l’immigration autour de la question suivante :  dans le monde tel qu’il est on ne peut pas avoir un développement continu de l’Etat providence et en même temps une immigration massive en provenance de pays extra-communautaires. Nous vous demandons donc de choisir : continuer d’avoir le niveau d’immigration actuelle et démanteler l’Etat providence, soit diminuer l’immigration. Pour un Etat providence à la suédoise, il faut un nombre d’immigrants à la norvégienne. C’est du populisme qui vise à filtrer les nouvelles entrées plutôt que de dire qu’on va virer tout le monde.

  1. Exiger plus de la BCE

Il y a au moins un point où nous pourrions exiger plus de la BCE : la question de la transparence. Cela veut dire des comptes-rendus de leurs réunions de politique monétaire, actuellement rendus publics au bout de 50 ans. On pourrait aussi rendre public les votes.

  1. Lutter contre les conflits d’intérêts

L’intégralité de l’arsenal que l’on peut utiliser contre le pouvoir des énarques et leur capacité à circuler entre les entreprises publiques et privées. Il existe déjà des comités de déontologie mais ils sont incompétents et doivent être remplacés. Il faudrait une règle qui empêche ceux qui ont fait une école publique de se retrouver dans d’autres sphères immédiatement. Il faut prévenir les conflits d’intérêts.

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  1. Un tax cut pour les PME

Elles doivent bénéficier d’une simplification administrative mais aussi d’une relaxe fiscale. Les PME ont un énorme taux d’échec dans leurs cinq premières années. Il faudrait démanteler la quasi-totalité des aides aux PME pour les remplacer par une sorte de trou noir fiscal pendant cinq ans.

  1. Annuler les dettes

On peut essayer de l’obtenir dans le bilan de la BCE, ce qui serait idéal car cela ne coûterait rien à personne. Et si ce n’est pas possible, recourir à des annulations de dette par la Banque de France.Cela aurait pu être une vraie réponse aux Gilets jaunes. La France dépense 1.100 milliards d’euros, donc des plans à 20 ou 30 milliards ne vont rien changer. Cela permet de remettre les gens dans le circuit économique.

Y a-t-il des mesures ou des idées qui seraient, à l’inverse, des écueils à éviter ?

Le protectionnisme. Toute la théorie économique montre que cela ne fonctionne pas. Notre expérience des 300 dernières années montre la même chose. Au mieux cela n’a pas fait trop de dégâts, mais jamais de bien. Le protectionnisme est impossible aujourd’hui. D’autant que la France n’est plus en mesure d’imposer ses choix. Si elle faisait du protectionnisme, elle subirait des représailles. Le marché chinois pourrait par exemple cesser de consommer certains biens de luxe français.

Malheureusement, Erc Zemmour ou Arnaud Montebourg, qui ont parfois de bonnes idées, ont ce travers protectionniste qui est une erreur. S’ils s’y tiennent, ils vont se mettre à dos le bloc bourgeois ce qui va les empêcher de gagner un éventuel second tour. Le protectionnisme ne rapporte rien économiquement et électoralement.

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