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Pollution et climat : et si on essayait d’être efficace ?
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Pragmatisme

Alors que la France a connu une fin du mois de juin chaude après avoir connu des semaines plus incertaines, les ténors de l’écologie nous abreuvent tous les jours de conclusions définitives et de mesures coercitives diverses dont ils ne mesurent même plus le caractère dictatorial.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Je continue à estimer la liberté d’expression comme une grande conquête d’une partie de l’humanité et je ne suis pas prêt à baisser pavillon devant ceux qui créeraient volontiers de nouveaux camps de concentration pour neutraliser ceux qu’ils ont fini par traiter de négationnistes, mais puisqu’ils considèrent que le dogme de l’urgence climatique, celui de la probable fin de notre planète, leur paraissent ne pas devoir être remis en question, rentrons dans leur jeu et examinons les mesures qu’ils préconisent et finissent par faire appliquer partiellement par des gouvernements terrorisés à l’idée de l’évocation d’un drame dont ils n’auraient pas voulu écouter le risque.

Tout d’abord, essayons d’évacuer la tendance « urbaine » voire « parisienne » à vouloir confondre pollution de l’air et lutte pour sauvegarder le climat, à savoir décarbonation de nos rejets dans l’atmosphère. Ce sont deux notions différentes, on peut carboner sans polluer, on pollue souvent sans carbone. On peut surtout diminuer la pollution dans les villes et l’augmenter dans les campagnes comme on le fait en Chine en remplissant les voitures électriques urbaines avec du courant issu de centrales au charbon installées à la campagne. A cet égard la France actuelle dont les voitures électriques utilisent 75% d’électricité nucléaire donc décarbonée sont les plus vertueuses de la planète, mais, comme on le sait, cela ne durera pas puisque nous voulons réduire la part du nucléaire dans le mix électrique national.

On ne devrait pas avoir à dire à une population qui depuis Jules Ferry dispose de l’école obligatoire, que les mesures prises depuis des mois et confirmées ces derniers jours sont stupides puisqu’elles sont prises au nom du climat alors qu’elles n’ont qu’une efficacité locale au niveau de la pollution tout en étant avant tout des mesures discriminatoires séparant ceux qui peuvent acheter des voitures neuves de tous les autres.

Revenons donc au climat dont, si je comprends bien, l’humanité est coupable d’ignorer les mécontentements. Il y a un réchauffement de la planète dû à son utilisation malencontreuse par l’homme et les pics de chaleur actuels devraient nous alerter pour changer de modes de vie. Ces alertes vont être de plus en plus fréquentes et brutales, ce que nous vivons n’est qu’un prélude d’une apocalypse annoncée  par de plus en plus de trompettes.

Il y a deux manières de prendre en main ce problème de survie de l’humanité : soit une dictature mondiale conduisant à l’obligation d’une conduite vertueuse décidée par des experts reconnus par le dictateur, un classique des romans d’anticipation, soit une entente entre les peuples sur des objectifs et des règles. Tout en regrettant visiblement la première hypothèse, nos défenseurs de la planète ont milité pour la seconde solution. Bien sûr, les résultats ne sont pas satisfaisants et ils se retournent contre les gouvernements de leurs pays pour leur expliquer « qu’ils ne font pas assez » pour sauver la planète. On assiste donc à une révolte de petits pays qui représentent quelques petits pourcents de l’humanité et des émissions carbonées pour que des efforts considérables soient réalisés pour que les 95% restants les imitent : "la vertu de l’exemplarité" dont on pouvait espérer que des gens cultivés évitent l’utilisation abusive.

Mais, en supposant que l’on trouve un moyen pour généraliser une action, encore faudrait-il s’assurer de son efficacité chez nous, c’est-à-dire qu’avant d’aller porter la bonne parole dans les contrées lointaines et visiblement ignorées des pourfendeurs de négationnistes, il faudrait apporter la démonstration que "ça marche".

J’ai eu la surprise au cours d’un débat récent d’entendre une jeune députée me dire que grâce à la loi qu’elle venait de voter, les véhicules thermiques allaient disparaitre de notre sol dès 2040 et qu’il allait en être de même pour le reste de l’humanité ! En quoi les mesures prises en France contre l’exploration et la production des énergies fossiles et l’interdiction de produire des véhicules thermiques en 2040 font elles avancer d‘un iota la décarbonatation du monde ? La conséquence actuelle est de faire disparaitre des milliers d’emplois en France, de les remplacer par des emplois et des industries en Asie. L’industrie pétrolière et gazière mondiales ont connu un renouveau depuis deux ans et on n’a jamais produit autant de charbon. Si nos concitoyens veulent un jour à partir de 2040 acheter un véhicule thermique, il y aura suffisamment de vendeurs en Europe et dans le monde pour qu’ils puissent le faire, ce ne sont pas les lois françaises qui dirigent le monde avec moins d’un pour cent de la population mondiale !

Mais il y a plus grave que ces enfantillages. La sphère politique et médiatique fourmille d’idées saugrenues qui n’ont aucune chance d’avoir quelque effet sur le climat, ce n’est pas dans notre petit pays plutôt tempéré et qui supporterait bien des variations de température qu’il faut traiter les phénomènes, pas plus que dans d’autres petits pays européens, mais là où la population déjà dense s’accroit à grande vitesse alors que l’on sait que la courbe du carbone est directement liée à celle de la démographie. On peut continuer à voter des lois, prendre des décrets, des mesures, des normes et règlements chez nous, cela aura un effet négligeable pour la fameuse planète qu’il convient de sauver.

Il faut sans doute, dans cet ambiance survoltée, arriver à faire entendre la voix de la raison, et imaginer les mesures efficaces pour tempérer nos appétits humains individuels et collectifs. La démographie est l’élément majeur de déséquilibre, seule l’éducation peut faire baisser le taux de natalité, et qui dit éducation dit disponibilité d’une énergie abondante et bon marché. Tant que dans certaines régions du monde la population croit plus vite que l’économie, notre carbonatation augmentera.

Mais, par ailleurs, tandis que nos pays ont tendance, à juste titre, à rejeter les outrances de la société de consommation, il faut évaluer les dégâts que causerait un changement radical dans le monde entier. La bouteille plastique a sauvé la vie de millions d’humains, la bouteille de gaz également, les nouvelles technologies sont adoptées avec enthousiasme par des populations qui sont passées directement de la non communication au smartphone, la vaccination a assuré la survie de millions d’individus tandis que la faim dans le monde a reculé malgré l’augmentation de la population, des pays comme la France sont considérés comme des modèles à suivre et les contorsions vertueuses dans lesquelles nous baignons sont incompréhensibles à l’extérieur et surement pas des exemples à suivre.

Le problème climatique ne se pose pas à l’intérieur du périphérique parisien, il est mondial et c’est à notre capacité à imaginer de véritables solutions pour les autres d’abord que nous pourrons mesurer notre apport réel à l’humanité. Vous pouvez effectivement tuer l’industrie automobile française d’ici 2040, c’est d’ailleurs bien amorcé, mais c’est le seul résultat que la politique menée peut obtenir, vous aurez le climat que la planète devra bien vous donner. Vous pouvez généraliser les produits « bio » en France, mais si l’on vous suit, vous augmenterez la faim dans le monde ….

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