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PJ 1974-78 : au temps des enlèvements
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La Crim'

Dans leur ouvrage "Histoire du 36 illustrée", Claude Cancès et Charles Diaz relatent l'histoire de la police judiciaire. Extraits (1/2)

Claude  Cancès Charles Diaz

Claude Cancès Charles Diaz

Claude Cancès a été directeur de la Police judiciaire.

Charles Diaz est contrôleur de la Police nationale.

 

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Ce matin-là, les enquêteurs du 36 sont appelés dans le 17e arrondissement où, devant l’immeuble du 2, rue des Dardanelles, un corps tué par balle gît sur le macadam du trottoir. La victime n’est autre que le prince Jean de Broglie, une personnalité de cinquante- cinq ans dont la notice est longue au Bottin mondain. Descendant d’une illustre famille, ancien secrétaire d’État, député de l’Eure depuis 1958, conseiller général et maire, membre des Républicains indépendants et proche de la majorité au pouvoir… Pour faire court. Très vite, témoignages à l’appui, il est question d’un «homme jeune» qui a parlé avec le ministre «avant de lui tirer dessus à bout portant…» alors que Jean de Broglie sortait d’un rendez-vous avec un nommé Pierre de Varga.

Ce dernier, un financier au passé sulfureux, est devenu dans les dernières années le conseiller du prince qu’il a mêlé à ses affaires, amené à des investissements troubles, compliqués, parfois hasardeux, comme cette acquisition de La Reine Pédauque, un restaurant parisien réputé. Sur la base d’éléments solides et convergents, l’enquête s’oriente vers un assassinat sur commande fait pour régler un problème d’argent, la mort du député de l’Eure et bailleur de fonds (il a emprunté quatre millions de francs en vue de l’achat du restaurant) éteignant la créance de la banque qui pèse sur ses associés. Par l’intermédiaire de Guy Simoné, un policier qui ne sait rien refuser à Pierre de Varga, un tueur à gages est recruté «pour une opération d’euthanasie». Il s’appelle Gérard Frêche. Arrêté et interrogé par la Criminelle, il passe comme Simoné aux aveux circonstanciés, indiquant même la bouche d’égout proche de la Trinité où il s’est débarrassé de son arme et où elle sera retrouvée. L’affaire va cependant être ternie par une conférence de presse ministérielle incongrue et par l’existence de deux rapports antérieurs au crime dans lesquels l’inspecteur Roux de la 10e brigade territoriale relaie vers sa hiérarchie des renseignements plutôt vagues d’informateur sur un contrat visant un «homme politique » mêlé à un trafic de faux bons du Trésor.

En 1981, les condamnations tombent aux Assises de Paris, à l’issue de débats qui mettent en évidence la toile financière complexe dans laquelle s’était engagé Jean de Broglie avec bien des risques à la clef. Et autant de mobiles possibles à sa disparition. Ce dossier criminel et nombre d’autres émaillent des années 1970 qui, pour les hommes du quai des Orfèvres, sont surtout marquées par une intense mobilisation sur des affaires d’enlèvement avec demande de rançon.

La pègre de l’Hexagone, suivant en cela le chemin tracé par ses homologues américaine, italienne ou allemande, multiplie les rapts qu’elle espère juteux. Sauf que face à elle se dresse la brigade criminelle et son chef, le commissaire divisionnaire Pierre Ottavioli (dit «Papa Oscar» ou «Otta» dans les couloirs du 36) qui, contre vents et marées, et quelles que soient les pressions politiques, choisit d’adopter une attitude intransigeante, de tout faire chaque fois, avec l’aide précieuse de l’Antigang sur le terrain, pour que le versement de la rançon soit le prélude à l’inéluctable arrestation des malfrats et à la libération de l’otage. La «doctrine» impose pour réussir des nerfs d’acier et un dispositif PJ sans failles.

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Extraits de l'Histoire du 36 illustrée, de Claude Cancès et Charles Diaz, Jacob-Duvernet (avril 2010)

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