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Plus 4 points : entre soutien et sympathie, 54% des Français ont une image positive des Gilets jaunes aujourd’hui
©BORIS HORVAT / AFP

Exclusif

Un sondage exclusif Ifop pour Atlantico montre une remontée dans l'opinion des Gilets jaunes qui témoigne du patinage du grand débat. Si le mot d'ordre fixé sur le pouvoir d'achat est bien ancré, le mouvement conserve son potentiel de rassemblement anti-macron.

David Nguyen

David Nguyen

David Nguyen est directeur conseil en communication au Département Opinion et Stratégies d'Entreprise de l'Ifop depuis 2017. Il a été conseiller en cabinet ministériel "discours et prospective" au ministère du Travail (2016-2017) et au ministère de l'Economie (2015-2016). David Nguyen a également occupé la fonction de consultant en communication chez Global Conseil (2012-2015). Il est diplômé de Sciences-Po Paris. 
 
Twitter : David Nguyen
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Après une baisse ininterrompue du soutien et de la sympathie des Français à l'égard des Gilets jaunes, passant de 68% à 50% en quelques semaines, votre dernier sondage Ifop montre un renforcement de 4 points du mouvement aux yeux de la population (+2 points de sympathie et + 2 points de soutien). Comment expliquer ce renversement de tendance ? 

David Nguyen : Plus qu’à un renversement de tendances, on assiste probablement à une stabilisation de l’opinion vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes. Le soutien global a certes évolué mais tourne depuis début janvier autour de 55%. Malgré les violences, malgré la gêne occasionnée par les manifestations et blocages, malgré les 10 milliards d’euros de dépenses sociales, malgré la tenue du Grand débat national, 1 Français sur 2 continue de porter un regard positif sur le mouvement. Le dernier regain de soutien/sympathie observé par l’Ifop est probablement lié à une baisse du niveau des violences. Plus largement, cette « résistance » des opinions positives peut être interprétée aussi bien comme une sensibilité majoritaire au discours des gilets jaunes sur la question du pouvoir d’achat, que comme l’expression d’une opposition plus franche au pouvoir actuel. Alors que les partis d’opposition peinent à exister, le mouvement des gilets jaunes remplit probablement le rôle d’étendard composite des récriminations des Français opposés à Emmanuel Macron, qui, rappelons-le, ne satisfait que 31% de la population selon notre dernier tableau de bord Paris Match. Tout ceci indique que le relatif retour au calme observé depuis le lancement du Grand débat national n’est qu’un sursis : si les propositions de l’exécutif au sortir de cet exercice sont décevantes aux yeux de l’opinion, le mécontentement pourrait exploser à nouveau très rapidement.

Quelles sont les catégories de populations qui ont permis cette remontée du soutien et de la sympathie des Gilets jaunes ?

Le soutien/sympathie au mouvement des gilets jaunes reste très polarisé. Les plus jeunes sont 58% à le soutenir contre 38% des plus de 65 ans, les ouvriers 71% contre 40% des cadres et les sympathisants de la France Insoumise 90% ou du Rassemblement national 70% contre 9% des LREM. Néanmoins, probablement du fait d’une baisse du niveau de violences observée depuis plusieurs semaines, le regain de soutien/sympathie général est plutôt porté par les cadres (+15 points depuis la mi-février) et les professions intermédiaires (+12 points) dans notre dernière vague d’enquête. On observe également une forte hausse du soutien/sympathie parmi les sympathisants de la France insoumise (+13 points), ce qui montre que cette catégorie de la population est réceptive au souhait des leaders insoumis de soutenir jusqu’au bout le mouvement des gilets jaunes.

Paradoxalement, 50% des Français souhaitent tout de même un arrêt du mouvement, (-2 points depuis les 13-14 février) contre 38% qui souhaitent que celui-ci se poursuive . Comment interpréter cette situation ? 

Ces 50% comprennent les Français opposés au mouvement bien sûr, mais aussi ceux qui peuvent être sensibles à la cause des Gilets jaunes tout en considérant que la mobilisation n’a plus lieu d’être. Les Français constatent que le mouvement s’essouffle et qu’il est en proie aux divisions. Par ailleurs, au sein d’une démocratie parlementaire, le débouché naturel d’un mouvement social est électoral. Or, les gilets jaunes ne parviennent ni à monter une liste pour les européennes, ni à donner une consigne de vote. On se retrouve dans la même situation qu’en 2016 avec Nuit Debout : le mouvement était soutenu, mais paraissait sans issue. C’est forcément démobilisateur. 

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