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Non, il ne faut surtout pas 
toucher aux stocks stratégiques 
de pétrole de la France !
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Or noir

Nicolas Sarkozy envisage de recourir aux stocks stratégiques afin de faire baisser le prix de l’essence alors que l’électorat populaire y est très sensible. Cette solution, préconisée également par le président Obama, est-elle une si brillante idée ?

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin est professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine où il dirige le Master Affaires Internationales. Membre du Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier Ministre, il est le président fondateur de CyclOpe, le principal institut de recherches européen sur les marchés des matières premières.

Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont le récent « Demain, j'ai 60 ans : Journal 2010 - 2011 ».

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Atlantico : Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de recourir – comme Barack Obama - aux stocks stratégiques afin de faire baisser  les prix de l’essence à la pompe. Que pensez-vous de la volonté de Nicolas Sarkozy d’y recourir ?

Philippe Chalmin : Il n’y a aucune raison de libérer des tonnages de ce stock pour de basses raisons électorales alors même que, si les prix sont élevés, il n’y a pas de circonstances dramatiques.Cette mesure est parfaitement populiste. Mais un sondage paru ces derniers jours annonce que les Français indécis voteraient pour le candidat qui ferait baisser les prix de l’essence. Si les Français sont des demeurés, prenons-le pour des demeurés. Il reste évident qu’il ne faut pas toucher à ces stocks.

Qu’est-ce que c’est exactement que ces stocks ?

Ces stocks, présents dans chacun des 28 pays membres, sont gérés et coordonnés par l’Agence internationale de l’énergie (l’AIE).  

Fondée pour faire face au choc pétrolier de 1973/1974, cette agence avait pour mission première d’aider les pays membres à coordonner une réponse collective aux perturbations graves des approvisionnements en pétrole, par la mise en circulation de stocks de pétrole sur le marché.  

Les membres ont l’obligation d’entretenir trois mois de stock. Sachant que lorsqu’un pays veut  libérer une partie de ce stock, il doit obtenir un accord global de l’Agence.

A quoi servent ces stocks ?

Normalement, ils sont pour pallier aux gros à coups soit climatiques soit géopolitiques. Comme ce fut le cas lors de la tempête Erika quand celle-ci détruisit la Nouvelle-Orléans et empêcha une partie de l’exploitation pétrolifère du golfe du Mexique, le président Bush avait libéré un certain tonnage du stock stratégique américain.

S’il y avait une frappe israélienne sur l’’Iran et donc une très forte perturbation de l’approvisionnement,  nous serions tout à fait dans la logique d’utiliser ce stock stratégique dans le cadre de l’AIEA.

L’AIEA n’est-elle pas la réponse au cartel de l’Opep ?

Oui, c’est un petit peu une réponse à l’Opep. Mais l’AEIE et l’Opep travaillent ensemble. Et de toute façon, il n’y aurait rien d’aberrant à prendre conscience du fait que le pétrole à une grosse dimension géopolitique et  à en mettre de côté afin de répondre, éventuellement, à une stratégie d’embargo.

L’Arabie saoudite a confirmé qu’en cas d’attaque sur l’Iran, elle était prête à compenser la perte éventuelle de production. On est relativement tranquille, car dans ce cas, le baril monterait à 150$ et nous aurions de grosses perturbations dans le détroit d’Ormuz.  Là, effectivement ça aurait du sens. 

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