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Pétrole : crise au Vénézuéla, aubaine chez les autres pays de l’OPEP
©Reuters

Or noir

Alors que l'OPEP peine à faire respecter les quotas de production de pétrole par ses propres membres et particulièrement par la Russie, il se trouve que les excédents des uns sont compensés par la crise de production qui touche le Venezuela.

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.

Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).

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Atlantico :  Alors que l’OPEP tente tant bien que mal à faire respecter par ses membres et par la Russie un choix collectif de contrôle de la production, il apparaît que les problèmes de production vénézuéliens permettent de compenser les excès de certains. En quoi les risques de défaut actuels de la part de Caracas pourraient être une « bonne nouvelle » pour les pays producteurs ?

Stephan Silvestre : À l’issu de sa réunion du 30 novembre, l’OPEP a décidé de reconduire jusqu’à la fin 2018 l’accord de limitation de production qu’elle a conclu avec une série de pays non membres, Russie en tête. Cet accord prévoit une réduction de 1,2  millions de barils par jour (Mbpj) pour l’OPEP et 1,8 Mbpj pour les autres. Mais actuellement, la production de l’OPEP est assez basse, à 32,5 Mbpj, à son plus bas niveau depuis mai dernier. Plusieurs pays, comme l’Angola, l’Irak, l’Algérie ou le Nigeria, ont des difficultés de production et n’atteignent même pas leurs quotas OPEP. Très peu de pays parviennent à augmenter leur production. C’est le cas de la Lybie (qui a été exemptée de quota) et du Kazakhstan, qui n’est pas membre de l’OPEP, mais qui a signé l’accord de réduction de la production et qui ne le respecte pas. Ce dernier profite pleinement de la faiblesse du Venezuela, mais aussi du Mexique, qui a vu sa production chuter de 0,2 Mbpj après la vague d’ouragans dans le golfe du Mexique.

Comment expliquer les difficultés de production actuelles du Venezuela ? Ces capacités de production pourraient-elles retrouver leur plein potentiel dans un horizon de moyen terme ?

La production vénézuélienne est en chute libre depuis 2014 : elle vient de passer sous les 2 Mbpj, son plus bas niveau depuis 1991. Cette situation est due d’une part à l’obsolescence de l’appareil de production qui pâtit d’un fort déficit d’investissement, et d’autre part d’un manque total de confiance du secteur financier envers ce pays devenu insolvable. Il s’agit là d’une conséquence directe de la politique d’Hugo Chavez, qui n’a eu comme seule politique que de vidanger les compagnies pétrolières pour financer sa politique sociale et d’exproprier les compagnies pétrolières privées. On voit le résultat, pourtant déjà bien connu en Union soviétique et ailleurs. Pour l’avenir, l’horizon est bien sombre. Les compagnies de services pétroliers (Schlumberger, Halliburton…) réduisent leurs activités dans ce pays. La production devrait encore chuter de 0,3 Mbpj en 2018. Le Venezuela a perdu toute attractivité auprès des investisseurs et il va se passer des années, si ce n’est pas des décennies, avant qu’il s’en remette. De surcroît, le pétrole vénézuélien est de piètre qualité et assez onéreux à exploiter, ce qui le rend d’autant moins attractif. Aujourd’hui, l’offre est abondante dans le monde et il y a peu de chance que ce pays attire les regards. Les Vénézuéliens vont devoir apprendre à se passer de pétrole. Il faudrait surtout qu’ils retrouvent un gouvernement crédible. 

Quels sont les pays producteurs ayant le plus à gagner d’une configuration qui n’exclut pas un surplus de sanctions de la part des États-Unis à l’égard de Caracas ?

Pour le moment, les sanctions américaines restent financières et ne touchent pas les exportations de pétrole. Leurs effets sont assez limités. Mais les pays qui peuvent tirer profit de cette situation sont, sans surprise, ceux qui sont les plus dépendants à la rente pétrolière : le Kazakhstan, on l’a vu, le Nigéria, la Lybie ou l’Irak entrent dans cette catégorie. Encore faudra-t-il que la demande reparte à la hausse, ce qui n’est pas le cas actuellement, et que la production américaine ne s’envole pas de nouveau. 

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