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Patrons des banques centrales et experts réunis à Jackson Hole : quand les certitudes sur les politiques monétaires volent
en éclats
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Bombe

Michael Woodford, plus grand spécialiste macroéconomique mondial, s'est basé sur le travail des market monetarists pour un discours dans lequel il met en avant le rôle direct joué par les décisions monétaires dans l'aggravation de la récession.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Depuis 1978, le symposium de Jackson Hole traite des questions économiques, et est devenu un lieu incontournable de la discussion monétaire. Ce congrès regroupe notamment de nombreux banquiers centraux du monde entier, des économistes de renom, et ce sur l’invitation de la réserve fédérale de Kansas City. Cet univers feutré a été le témoin ces dernières années d’annonces de grande importance par le président de la réserve fédérale américaine, Ben Bernanke. Il y a ainsi annoncé, lors de l’édition 2010, la mise en place  du second plan d’assouplissement monétaire ou QE2.

Cette année, le discours de Ben Bernanke y était très attendu par l’ensemble de la planète financière et économique, en raison de la probabilité de l’annonce d’un nouveau plan de soutien à l’économie. Cependant, le président de la Fed s’est contenté d’annoncer la « possibilité » d’un tel plan, au gré des statistiques économiques à venir.

Ce discours se tenait au début de la matinée du 31 août, et a été suivi de quelques heures par celui du Professeur Michael Woodford, de l’Université de Columbia, reconnu par ses pairs comme étant le plus grand spécialiste macroéconomique mondial. Michael Woodford présenta un travail long et ardu, un document de 96 pages qui bouleverse la vision de la crise que nous traversons depuis 2008. Se basant entre autres choses sur le travail des market monetarists, les écrits de Milton Friedman, Michael Woodford accuse les grandes banques centrales à travers le monde de leur action durant la crise. Les erreurs monétaires commises ont été en grande partie responsables de la gravité de celle-ci, et surtout de sa durée.

En dénonçant le caractère temporaire des opérations menées par la Fed (tout autant que par la Banque Centrale Européenne), et en fustigeant les méthodes actuelles, Michael Woodford renverse la table. Malgré un consensus sur le caractère accommodant de la politique monétaire depuis 2008, le professeur démontre son caractère restrictif, et par là même le rôle direct joué par les décisions monétaires dans l’aggravation de la récession et l’envolée du chômage.

Michael Woodford propose une solution, et rejoint de cette façon l’école des market monetarists dans ses explications. Les grandes banques centrales (Etats Unis, Europe, Japon notamment) se doivent de changer de doctrine et se fixer un objectif de croissance nominale afin de parvenir à leur but, à savoir la  promotion de la croissance et de l’emploi tout en s’assurant de la stabilité des prix.

En ce sens, Michael Woodford a de par son autorité donné une légitimité académique majeure à un courant économique encore minoritaire. En profitant de son temps de parole au sein du plus important congrès économique mondial, Woodford donne un impact immense à ces idées. Le professeur, dans ce discours,  se permet de venir corriger la profession monétaire en son sein même. Les réactions sont d’ores et déjà nombreuses et c’est ainsi notamment  que Paul Krugman, prix Nobel d’économie, relate ces mêmes faits dans son édito du New York Times, Gavyn Davies dans les colonnes du Financial Times.

Il appartient aujourd’hui à la Réserve fédérale américaine, à la Banque centrale européenne (en regrettant la défection de Mario Draghi à Jackson Hole) et aux autres banquiers centraux d’accepter le débat, la critique, et d’ouvrir une réflexion sur les points mentionnés. Les initiateurs du market monetarism que sont les professeurs Scott Sumner et David Beckworth publient cette thèse depuis bientôt quatre années, et voient aujourd’hui une forme de consécration de leurs travaux. La grande récession que nous vivons depuis 2008 est d’origine monétaire, et sa solution sera monétaire.  Michael Woodford a ainsi permis l’amorce d’un virage important, présentant sur un plateau une solution durable à la grande récession.

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