Chacun son tour
Parité : les hommes sont désormais discriminés
Globalement, les statistiques officielles montrent que, sur l’ensemble du cursus scolaire, les filles et les femmes réussissent mieux et bénéficient d’une durée de scolarité plus longue que celle des hommes.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
La parité était à l’honneur ce lundi 8 mars, avec la journée mondiale du droit des femmes, grâce à laquelle les médias subventionnés nous ont servi leur marronniers sur ces méchants hommes qui usent et abusent de cette « minorité vulnérable » qu’on appelle les femmes. Il ne faut jamais rater une bonne occasion de stigmatiser la majorité masculine française hétérosexuelle qui exploite sans vergogne l’ensemble de la planète. Et si les médias ne savent plus très bien pourquoi ils stigmatisent, la majorité en question trouve, pour sa part, toujours une bonne raison de subir ces stigmates.
Le même jour, pourtant, l’Éducation Nationale publiait des statistiques qui démontrent combien ladite majorité exploiteuse se trouve désormais en position d’infériorité globale par rapport aux femmes.
La parité au profit des femmes
Globalement, les statistiques officielles montrent que, sur l’ensemble du cursus scolaire, les filles et les femmes réussissent mieux et bénéficient d’une durée de scolarité plus longue que celle des hommes. Le petit tableau qui suit montre comment les filles sont systématiquement, et à toutes les étapes de la vie, mieux scolarisées que les garçons:
On le voit, l’écart peut atteindre près de 10 points à certains âges de la vie, notamment à 20 et 21 ans.
Le résultat de ces différences est simple: le taux d’accès au baccalauréat est beaucoup plus élevé chez les filles que chez les garçons. Là encore, le schéma publié par le ministère est édifiant:
Alors que, en 2000, les filles et les garçons divergeaient de 12 points dans le taux de détention du baccalauréat, cet écart est désormais de plus de 13 points.
Sur ces chiffres simples, soutenir qu’il existe une discrimination défavorable aux filles est donc totalement mensonger. En réalité, ce sont surtout les garçons qui ont besoin de discrimination positive aujourd’hui.
Parité : l’orientation est-elle coupable?
Reste que ce manifeste avantage aux filles se traduit par des conséquences très différentes en terme d’orientation à partir du lycée. Selon une tradition bien ancrée, les filles se portent volontiers vers des filières générales ou technologiques littéraires ou « sociales », alors que les garçons performent en séries S ou disparaissent des radars en s’enfonçant dans les filières professionnelles.
D’une certaine façon, les filles font des choix moyens, alors que les garçons élargissent l’écart-type, notamment en colonisant l’apprentissage.
Ce petit tableau officiel résume bien la situation:
Alors que la parité est au fond assez proche dans les séries S (mais avec peu de choix féminin d’orientation vers les écoles d’ingénieur ou l’informatique à l’issue du cursus) ou en sciences de gestion, les filles sont sur-représentées dans les filières littéraires ou sciences et techniques du social (dans le technologique) et sous-représentées dans les filières industrielles.
Dans les filières professionnelles, les différences sont encore plus fortes:
S’il existe une discrimination à l’école au détriment des femmes, elle se situe donc bien dans l’orientation au lycée – sujet totalement tabou pour les ministres qui se succèdent, et qui semblent décider à ne pas obtenir raison de ce phénomène de la part du corps dédié à cette fonction.
La parité à géométrie variable
On notera au passage que les revendications féministes s’intéressent généralement à un aspect valorisant du problème: comment obtenir plus de femmes dans les métiers les plus rémunérateurs. En revanche, la question gênante des métiers manuels les moins prisés est rarement posée. Peu de féministes s’indignent de ne voir que des maçons hommes, ou des garagistes, ou des menuisiers.
Et c’est probablement le sujet sous-jacent de la revendication paritaire: elle se focalise sur le partage des externalités positives, mais occulte complètement la question de la misère ouvrière au sens large.
La mixité, ennemie de la parité?
Impossible de terminer ce rappel sans pointer que, pour tout ce qui touche à l’accès aux filières prestigieuses, l’introduction de la mixité dans les parcours s’est traduite par un recul de la parité. Un exemple frappant est donné par l’intégration des femmes dans les écoles normales supérieures. Elles n’y représentent que 39% des effectifs…
Autrement dit, le taux d’accès des femmes à ces écoles a diminué depuis que la filière féminine a disparu. Et on l’a trop souvent oublié: la non-mixité à l’école constituait un puissant vecteur de discrimination positive.
Cet article a également été publié sur le site d'Eric Verhaeghe, à lire ici
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