Paris la capitale du vélo : la lubie bobo qui pourrait accoucher d’un vrai modèle<!-- --> | Atlantico.fr
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Les vélos parisiens en libre service.
Les vélos parisiens en libre service.
©Reuters/Charles Platiau

Roulez parisiens !

Depuis la mise à disposition du Vélib’ en 2007, l’utilisation du vélo dans Paris est de plus en plus répandue, et les politiques urbaines semblent accompagner cet ancrage en facilitant et sécurisant l’utilisation de la bicyclette.

Francis Papon

Francis Papon

Francis Papon est polytechnicien, ingénieur en chef des ponts, des eaux et des forêts, docteur pluridisciplinaire en transport de l’université de Paris XII, et  chercheur à l’IFSTTAR (Institut public de recherche sur les transports).

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Atlantico: Quels ont été les objectifs recherchés par la mairie de Paris qui ont poussé la mise ne place du Vélib’ et l’installation de nombreux dispositifs en faveur du vélo ?

Francis Papon: La croissance du vélo à Paris remonte à 1995, année où les grandes grèves ont paralysé les transports en commun et que les déplacements ont été très difficiles. Avant ces événements exceptionnels, la pratique du vélo était quasiment inexistante à Paris. Les politiques de Tibéri, puis de Delanoë ont accompagné cette croissance ; le Vélib est arrivé bien plus tard, en 2007, après le succès de Vélov à Lyon, qui a véritablement amorcé une transformation de l'aménagement des villes sur l'ensemble du territoire français.

A l'instar des grandes villes européennes, le développement du vélo répond, je pense, à la volonté de promouvoir  un mode de déplacement écologique, peu coûteux, et que les Parisiens dans leur majorité souhaitent voir se développer.

Est-ce qu’ils peuvent atteindre ces objectifs avec les moyens mis en place?

L'investissement prévu de 150 millions d'euros sur cinq ans, soit 15 euros par habitant et par an est déjà conséquent (en comparaison, on considère qu'une bonne politique cyclable représente un investissement de 5 euros par habitant et par an). Maintenant, on peut dépenser beaucoup et mal, tout dépendra de la qualité des aménagements réalisés, mais les pistes proposées, d'aménager de grands axes cyclistes qui parcourraient la ville d'est en ouest, du Nord au Sud et sur les bords de Seine sont intéressantes.

Il faut noter que les axes prévus sont déjà en grande partie aménagés (avec l'exception notable des Champs-Elysées); il s'agirait donc d'améliorer les aménagements actuels. Il semble que la priorité aujourd'hui est de privilégier la sécurité pour attirer le maximum d'usagers potentiels. Mais il ne faudrait pas que cette sécurité se paye d'une moins grande commodité d'usage, fluidité, ou vitesse pour ceux pour qui le vélo est surtout un moyen de transport rapide à Paris. Par exemple s'il y a plus de feux, stops, angles droits, ou bordures à franchir, ce seront autant d'obstacles à la généralisation du vélo comme mode de déplacement. Pour concilier vitesse et sécurité, rien ne vaut des aménagements dénivelés, notamment pour franchir certaines portes de Paris, mais c'est cher, et difficile à intégrer dans la configuration actuelle. De plus, il faut évidemment prévoir des aménagements qui conviennent à tous les types de cyclistes: ceux qui veulent aller vite, et ceux qui préfèrent être protégés.

En plus des aménagements de voiries, il faut évidemment du stationnement sécurisé, et notamment du stationnement sécurisé dans les grandes gares pour favoriser l'intermodalité, avec de véritables vélostations. Aux Pays-Bas, les parkings vélos dans les grandes gares comptent plus de 10000 places.

Un autre aspect important est l'échelle: on ne parle ici que de la seule ville de Paris, or le problème est beaucoup plus grand en banlieue. A Paris, il y a déjà beaucoup de moyens de transport, des aménagements cyclables, en banlieue c'est très variable. C'est une question de niveau de collectivité: peut-être qu'avec le développement du Grand Paris, on pourra avoir un schéma cohérent à une échelle plus pertinente. 

On constate une baisse du nombre d'utilisateurs du Vélib' récemment: est-ce le signe d'un échec des politiques mises en place, d'une mode qui serait passée ou au contraire le développement de pratiques personnelles du vélo ?

Le Vélib connait des difficultés du fait du vandalisme notamment qui coûte plus cher que prévu à JCDecaux, qui a réduit le parc, fermé certaines stations sensibles, et demandé des compensations à la ville de Paris. Je ne pense pas que la concurrence du vélo personnel soit un problème pour Vélib. Il doit s'agir plus de la qualité de service offerte par JCDecaux en termes de disponibilité des vélos et des stations. 

Je ne parlerai pas du développement de la pratique du vélo comme d'une lubie, mais d'une politique mûrement réfléchie, et dont la réussite, dépend de la qualité de la mise en place des aménagements. Depuis de nombreuses années, les Pays-Bas ont réussi à maintenir le vélo comme l'un des moyens de transport les plus courants, ce qui est encourageant quant à nos pratiques futures.Du fait de la permanence dans le temps du vélo, de la volonté de réduire la pollution urbaine, combinée à des politiques sanitaires en faveur du sport, il n'y a pas de raison que cette pratique ne se développe pas.

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