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Paris : réparer les fragilités
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Tribune

A la veille des prochaines élections municipales, il est temps de sortir des clichés d’un Paris festif et privilégié. Paris est devenue une ville fragile pour laquelle il est urgent d’agir. Une tribune de Rachida Dati.

Rachida Dati

Rachida Dati

Rachida Dati est une femme politique française.

Porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007, elle occupe la fonction de ministre de la Justice au sein des gouvernements François Fillon I et Fillon II jusqu'au 23 juin 2009.

Elle est également maire du 7e arrondissement de Paris depuis le 29 mars 2008 et députée européenne depuis le 14 juillet 2009.

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Paris est fragile du point de vue de ses finances publiques comme une étude de l’Ifrap s’en est récemment fait l’écho. La ville n’a jamais été autant endettée sans que les dépenses engagées aient amélioré la vie quotidienne des Parisiens. Pour justifier cette gabegie, sont mises en avant des opérations de prestige, à l’esthétique contestable et qui n’améliorent en rien la vie de ceux qui y vivent. Il en résulte que Paris se vide progressivement de ses habitants. Les Parisiens attendent de leur maire qu’il mène une politique ancrée dans leur réalité, avec une gestion rigoureuse et raisonnée du budget municipal. C’est le premier engagement que je prendrai.

Paris se fragilise aussi car rien n’est fait pour donner leur place aux générations nouvelles. Au lieu d’aider ceux qui dépensent une part importante de leurs revenus pour se loger à Paris et y faire grandir leurs enfants, l’argent de la ville est dépensé pour du sable éphémère. Je souhaite un geste concret pour soulager leur budget. Depuis 10 ans, la municipalité n’a fait qu’augmenter les tarifs municipaux pour les familles de classe moyenne et de classe moyenne supérieure. Je propose donc de baisser les tarifs pour tous les services municipaux liés à l’enfance : cantine, centres de loisirs et conservatoires. Il s’agit simplement de se réaligner sur les moyennes des autres grandes villes.

Troisième fragilité. Ville pour les riches avec des poches de pauvreté de plus en plus aigües, la ville devient celle du ressentiment des uns contre les autres. Les personnes en grande fragilité doivent être prises en charge dans des structures adaptées mais cela ne doit pas être au détriment des riverains. Nous devons développer les procédures de concertation et, surtout, il faut pour tout projet mené prendre en compte les nuisances potentielles associées et y apporter des réponses concrètes. Un maire doit réconcilier pas opposer !

Quatrième fragilité : l’insécurité. Le refus idéologique de comprendre que le monde change et que les gardes fous d’hier ne fonctionnent plus aujourd’hui a empêché la municipalité d’anticiper les questions de sécurité. Les vols à la tire, les agressions, les incivilités dans des transports en commun surchargés, les cambriolages ont explosé au détriment des Parisiens. En matière de sécurité publique, il n’est pas vrai de dire qu’il n’y a pas de solutions. A chaque fois que des politiques volontaristes ont été mises en place, à l’échelle municipale ou nationale, elles ont porté leurs fruits. Les Parisiens doivent retrouver un espace public propre, sûr, tranquille. Cela passe notamment par la mise en place d’une police municipale armée dédiée à la lutte contre la délinquance du quotidien.

Cinquième fragilité, l’asphyxie. La municipalité actuelle a chassé la voiture sans amplifier les transports en commun. Elle a poursuivi des projets sans prendre en compte les aménagements nécessaires. C’est ainsi qu’elle a laissé construire le Tribunal de Grande Instance de Paris aux dépens de tous ceux qui fréquentent la ligne 13 du métro car rien n’est fait pour soulager la nouvelle affluence ainsi créée. Enfin, avec l’absence de régulation des nouveaux modes de locomotion, comme la trottinette électrique, c’est l’anarchie dans les rues et sur les trottoirs. Une politique anti-voiture ne constitue pas une politique de déplacement. Je veux continuer le développement des transports en commun, en concertation avec la Région île-de-France, et mettre en place de véritables plans vélos et piétons pour permettre à chacun de trouver sa place dans la ville.

Loin d’être un territoire à part, Paris est devenu le symbole des fractures qui structurent le malaise de notre société. Ce n’est plus la ville lumière qui faisait la fierté, c’est la ville sans lumière que l’on regarde avec tristesse. Il est urgent d’agir pour répondre aux fragilités parisiennes et refaire de Paris une ville pour tous, quels que soient les âges, les quartiers, les milieux sociaux. Voilà l’ambition que j’entends porter pour Paris.

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