Palmarès du Festival de Cannes : des évidences et une incohérence<!-- --> | Atlantico.fr
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"Amour de Haneke, attendu pour la Palme d’Or, nous a donné, avec douceur, la mort."
"Amour de Haneke, attendu pour la Palme d’Or, nous a donné, avec douceur, la mort."
©Reuters

Clap de fin

Bilan du Festival : une palme d'or méritée pour "Amour" de Michael Haneke et une surprise incompréhensible : le prix de la mise en scène Carlos Reygadas.

Clément  Bosqué et Victoria Rivemale

Clément Bosqué et Victoria Rivemale

Clément Bosqué réfléchit aujourd'hui sur les problématiques de l'action publique, dans le domaine des relations internationales et de la santé. Diplômé de littérature et agrégé d'anglais, il écrit sur le blog letrebuchet.c.la sur l'art, la société et l'homme.

Victoria Rivemale est diplômée en Lettres.

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A LIRE : notre dossier sur le Festival de Cannes

Ken Loach remercié par le Prix du jury, nous l’avions suggéré. Des grincheries diverses se font entendre. Quoi, c’était trop drôle et insuffisamment social ? On a trouvé qu’on riait de trop bon cœur dans la grisaille de Glasgow ? Cela ne cadre pas avec l’austérité suppliciale avec laquelle il est commandé de traiter de « ces gens » ?

Nanni Moretti en profite patriotiquement pour rouler plus de « r » qu’il n’y en a dans le nom de Matteo Garrone. Qu’il reçoive le Grand prix, voilà qui était compréhensible. Qu’importe si la critique dans l’ensemble n’y a voulu voir, justement, qu’un film « critique » sur les ravages de la téléréalité. Voilà qui n’était surtout pas le sujet de Garrone dont le film équilibré et efficace, relativement irréprochable, parlait d’espérance. A son égard la critique n’a pas su faire comme l’acteur principal, comédien taulard : sortir de la prison de ses idées préconçues.

Carlos Reygadas a été récompensé par le prix de la mise en scène. Tollé général et incompréhension. Mais incohérences : car enfin pourquoi, si elle n’aime pas les monologues au cinéma, la critique a-t-elle aimé Leos et non Carlos ? Sans doute parce que le chemin de croix du français Carax, caviardé de références et d’effets gratuits, flattait purement la cinéphilie ; le mexicain Reygadas, quoique se parlant à lui-même, a eu au moins l’honnêteté de se tenir à ses visions et d’essayer de les traduire sur la pellicule. Il aurait dû élaguer, voilà tout. Les images d’arbres tombant dans la forêt et la figure du bûcheron, qui reviennent dans son film, montrent qu’inconsciemment il le sentait. La scène finale d’un homme qui s’arrache sa propre tête était une belle métaphore de son échec et de l’échec des spectateurs à le comprendre.

En ce qui concerne le prix d’interprétation masculine à Mads Mikkelsen dans le Jagten de Vinterberg, nous devons nous fier à la sagacité du jury 2012, puisque nous n’y étions pas.

Les deux petites roumaines interprètes des personnages d’Alina et Voichita chez Mungiu méritaient amplement le prix d’interprétation féminine conjoint qui leur a été décerné. Leur présence double sur scène hier soir diffusait encore un aura de magie sombre.

Aucun français, puisque les réalisateurs de chez nous étaient dans la redite : complaisante avec Resnais, larmoyante avec Audiard, boursouflée avec Carax.

Aucun américain, car la sélection US était franchement trop faible : le gentil Mud de Nichols, le vide Paperboy de Lee Daniels, et l’indigeste Lawless de Hillcoat.

Cogan : la mort en douce, de l’australien Dominik aurait selon nous, mérité quelque chose ; au lieu de quoi elle plutôt recueilli l’animosité des critiques, peut-être saturés de référence de « genre » (Tarantino, etc.). On n’a pas eu la mort en douce.

Amour de Haneke, attendu pour la Palme d’Or, nous a donné, avec douceur, la mort.

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