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Sarkozy : la stratégie gagnante 
de la « non-com' ! »
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Le monde du silence

Muet sur l'affaire DSK, sur la grossesse de Carla, discret dans les médias... Depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy opère un revirement sans précédent de sa stratégie de communication. En cette période de pré-campagne, la « non-communication » lui permettra-t-elle de mener à bien son opération de « re-présidentialisation » ?

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano est journaliste et conseiller en communication chez Only Conseil, dont il est le co-fondateur et le directeur associé.

Il anime un blog sur l'actualité des médias et a publié notamment Les Perles des politiques.

 

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Atlantico : Nicolas Sarkozy, qui nous a habitué à être ultra-présent, est silencieux depuis plusieurs semaines. Que signifie cette stratégie de « non-communication » ?

Jean-Luc Mano : Jacques Pilhan, conseiller en communication de François Mitterrand puis de Jacques Chirac, avait établi un principe : « Dieu ne va pas sur les marchés ». Pour rester enviable, la parole du Président doit être rare. Nicolas Sarkozy a fait exactement le contraire depuis le début de son mandat, en rendant sa parole proche et permanente. Maintenant, en difficulté dans les sondages, il fait le contraire : comme le lui suggérait son entourage depuis un certain temps, il pense qu'il faut « présidentialiser » son image, car pour se faire entendre et susciter l'envie, il faut d'abord marquer un silence.

A-t-il décidé lui-même de ce revirement de stratégie ?

Je ne suis pas dans le secret, mais il a sans doute décidé d'écouter ses conseillers à cause d'un contexte bien particulier : il entre aujourd'hui dans une période délicate, où il lui faudra à la fois présider, en France comme à l'international, et mener sa pré-campagne.

Que pensez-vous du silence autour de la grossesse de Carla Bruni-Sarkozy ?

Entre le début du mandat et aujourd'hui, entre le Fouquet's et le bébé, il y a quand même eu l'une des crises importantes que le monde ait connu sur le plan économique. Il réagit donc en fonction de ça : aujourd'hui, il ne peut plus proposer le story-telling d'une histoire heureuse de people. Il sait que cette campagne électorale doit être une campagne qui produit du sens : on doit être sur les idées, les propositions. Comme les autres candidats, il se méfie de tout ce qui pourrait donner une impression de légèreté. Il y a toujours du monde pour lire les magazines, mais les gens attendent autre chose de leurs hommes politiques : il faut qu'ils soient aux manettes pour les sortir d'une situation difficile.

Nicolas Sarkozy pourrait-il être candidat sans l'annoncer jusqu'au dernier jour ?

C'est une méthode un peu mitterrandienne : devenir une candidature évidente. Par opposition à l'incertitude autour du candidat socialiste, la candidature de Nicolas Sarkozy a toujours été évidente. Se taire aujourd'hui, cela peut créer de l'envie autour du « que dira-t-il ? ».

Le 27 juin prochain, Nicolas Sarkozy convoquera une conférence de presse, ce qu'il n'avait pas fait depuis deux ans. Cela augure-t-il d'un retour à une communication plus classique ?

Oui, on revient à un Président normal sur sa communication. Sous la Vè République, la conférence de presse est un exercice d'humilité censé donner un sentiment de vérité. En effet, pour les gens qui regardent, c'est l'idée qu'il n'y a pas de préparation, comme il peut y en avoir dans d'autres médias : c'est l'opinion qui pose les questions par le biais des journalistes.

Un vieux briscard de la politique comme lui se prépare-t-il pendant des semaines pour ce genre d'exercice ?

Quand vous avez une conférence internationale, vous parez à toutes les éventualités qui pourraient survenir. Quand vous devez gérer un sommet économique, vous le préparez les différents scénarios avec un staff économique. Un exercice de communication et de transparence comme celui-ci doit donc être préparé. Nicolas Sarkozy est un professionnel qui connaît bien la communication et y excelle. Dans les semaines qui précéderont la conférence de presse, il sera plutôt à son bureau pour anticiper les questions difficiles qu'à la plage.

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