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École : révélateur du désaveu populaire de Sarkozy
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Au coin

Nicolas Sarkozy a jeté jeudi les bases de son programme pour l'école en 2012 : privilégier la qualité sur la quantité. Mais entre le président et l'Éducation nationale ce n'est pas le grand amour. La faute à une méconnaissance du terrain ?

La côte de désamour du peuple français envers son président est patente. Les Français peuvent approuver les grandes lignes de la politique gouvernementale et cependant ne plus avoir confiance en l’homme Sarkozy. Optimiste, celui-ci reçoit les députés de l’UMP pour indiquer que la campagne à venir, il « la sent bien », puis, en visite dans un collège, il échange quelques balles de tennis de table avec un adolescent en rupture de ban scolaire.

Un « deal » avec les profs ?

La campagne Sarkozy II commence donc sur le terrain de l’Éducation Nationale, sujet pour lequel un père de famille peut être tout sauf serein. Le chef de l’État a tenu un discours pragmatique : « Je voudrais faire comprendre que tout ne se résout pas par des problèmes de quantité, qu'il y a un problème de qualité aussi, que face à la massification, la société française a fait le choix d'augmenter le nombre de postes. […] on ne peut pas faire le choix à la fois d'augmenter sans cesse le nombre et en même temps d'augmenter la rémunération ». Une sorte de « deal » : augmentation des salaires contre suppressions de postes.

Sur ce thème, les propos du chef de l’État sont-ils audibles, voire même crédibles ? À l’évidence, ni l’un ni l’autre. L’école n’est pas n’importe quel espace social. Les Français connaissent bien et aiment une école avec laquelle ils vivent au quotidien, par enfants interposés. Ils voient la réalité des évolutions, loin des fantasmes du candidat Sarkozy I, affirmant que les méfaits de la méthode globale devaient être stoppés. Une méthode d’enseignement dont 90 % des usagers de l’école savent qu’elle n’est plus en usage depuis 20 ans.

Quand le pouvoir politique ne connait pas la réalité du terrain scolaire

C’est sans doute dans cette méconnaissance du terrain, celle du président de la République comme de ses ministres successifs de l’Éducation Nationale, que le bât blesse. Qui a oublié tel ministre affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’être surdiplômé pour changer des couches à la maternelle ? Quand ce moment précis de l’école est reconnu comme fondateur de l’éducation du petit homme. Qui n’a pas été étonné d’apprendre, cet hiver, de la bouche de Luc Chatel, sur France Inter, que les classes du secondaire comportent des effectifs très peu élevés ? Une « réalité des chiffres », selon le ministre. Qui vit une telle « réalité » dans le réel de l’école ?

Il en ressort le sentiment d’une grande incompétence et d’une navigation à vue. Surtout si le père de famille se souvient d’une promesse de 2007, celle de diviser les effectifs des classes par deux. Une promesse non tenue, parmi combien d’autres ? La faute à la crise. On le répète à satiété. Ce que personne dans le corps électoral ne croit, imputant les problèmes à la personne même du président, à la confusion entre communication et actes. Les Français attendaient des actes, en matière d’éducation, ils ont eu des discours. Et ces discours ne masquent pas la réalité.

La crise de l'Éducation nationale

L’Education Nationale coûte cher ? 65 000 postes sont supprimés entre 2007 et 2011. Pourtant, les enquêtes internationales indiquent que la France a un des taux d’encadrement par élève parmi les plus faibles du monde développé. Le père de famille se demande bien où est cette fameuse « quantité » qu’il faudrait remplacer par de la « qualité ». Et quelle qualité quand le métier d’enseignant est dévalué, Pôle Emploi suffisant à fabriquer un prof ? Un métier qui ne nécessite pas de formation, à voir les réformes récentes dans le domaine ? Un métier dans lequel le jeune enseignant, bac + 5, débute avec un salaire de 1600 euros par mois, soit 300 euros de plus que le salaire minimum ?

La dernière enquête PISA de l’OCDE montre que les résultats de notre école sont mauvais, c’est vrai : comment notre père de famille ne ferait-il pas un lien entre faiblesse de l’encadrement, recul de la formation, et faiblesse des résultats ? Il est en Finlande en deux clics et voit une politique de réussite éducative inverse à la nôtre. Une politique pensée. C’est exactement là qu’est née la perte de confiance envers l’homme Sarkozy et, au-delà, au vu de 2007, envers la politique en général : l’action est à ce point décrédibilisée que le père de famille le comprend sans peine : les vessies et les lanternes sont choses différentes.

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