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Rihanna, Sean Paul, Nicky Minaj ou Pitbull... : les Caraïbes à l’assaut de de la pop mondiale
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Qu'est-ce que c'est que ce zouk ?

Mais pourquoi les stars planétaires issues de la Caraïbe anglophone et hispanophone font-elles se déhancher toute la planète ?

Roberto   Burgos

Roberto Burgos

Roberto Burgos est directeur d'antenne de Radio Latina. Ce Colombien est un expert de la musique latine.

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Atlantico : On observe une renaissance de la musique caribéenne avec les tubes de Rihanna et autres Pitbull en tête des classements aux Etats-Unis et en Europe. A quoi attribuez-vous ce succès ?

Roberto Burgos : La musique caribéenne a en effet toujours bien fonctionné dans son bassin naturel de la Caraïbe. Qu’elle vienne des îles anglophones, hispanophones ou francophones, elle fonctionne car le public, en Europe ou aux Etats-Unis, a besoin d’une « musique soleil » qui permet de travailler le « fantasme de la carte postale » : soleil, plage tongs, jolies filles, beaux mecs. C’est le rythme de cette musique qui plaît. Si souvent, le public ne comprend pas les paroles des chansons, le rythme est une invitation permanente à la fiesta –surtout quand on consomme très vite.

Il n’y a pas d’attentes déçues par de fausses promesses pour les musiques originaires de Cuba, de la Jamaïque, de Porto Rico, de Saint-Domingue, de la Barbade, de la Martinique ou de Guadeloupe. Le message n’est pas compliqué comme : « Il a fait beau hier, il fera beau demain… ». Là, c’est immédiat : « Il fait beau tout de suite ! ». On est dans l’invitation à se lâcher tout de suite que l’on peut danser facilement.  Même si on traite parfois de sujets moins drôles, les chansons des Caraïbes ont toujours une couleur fiesta. En temps de crise, les consommateurs ont besoin de musiques qui paraissent légères – et en tout cas pas revendicatives. Cependant, on aurait tort de croire que ces musiques ne sont pas élaborées et riches !

On comprend facilement l’enthousiasme que créent de tels titres vis-à-vis des auditeurs. Mais quel business se dessine derrière ses succès ? La musique caribéenne est-elle le succès marketing assuré du moment ?

Les maisons de disques ne sont pas si opportunistes. Déjà parce que le disque est en crise mais aussi parce qu’on observe dans la Caraïbe que peu d’artistes travaillent avec des majors. Dans les années 1990, c’est le hip-hop et le R&B qui ont mis la musique caribéenne sur le devant de la scène. Car comme tous les genres musicaux, ces courants ont besoin de nouvelles trouvailles, de nouvelles connexions. Des stars comme Beyoncé se sont tournées dans les années 2003-2004 vers cette musique. On a alors noté des connexions entre les artistes R&B et la "musique soleil ". Aux Etats-Unis, les artistes se sont rapprochés des artistes jamaïcains (Shaggy, Sean Paul –le roi du featuring pendant des années) assez proches du R&B et anglophones. Le risque de featuring était donc mesuré, tout en apportant une touche « soleil ».

Mais les duos avec les stars du R'n'B et les artistes jamaïcains n’ont pu fonctionner qu’autour de trois ou quatre artistes. Donc on a vite tourné en rond ! On s’est rendu compte que les artistes latinos pouvaient apporter une touche de soleil et qu’ils pourraient ouvrir un nouveau marché : celui des Latino-Américains, des chicanos, les hispanophones en général et un public mondial sensible à ces rythmes-là. On a donc vu naître ce type de collaborations (comme par exemple Gloria Estefan avec J. Lo (Jennifer Lopez) qui ont créé une bulle en quelques années qui a détrôné Sean Paul de son côté, roi du featuring. Du coup, les maisons de disques se sont rendu compte que faire appel à des artistes latinos n’impliquait pas trop de risques, amenait de nouvelles sonorités, et que finalement, le fait qu'un artiste comme Pitbull fasse des collaborations avec J-Lo ou Cher ou Chris Brown, représentait un cast de musiques très festives.  Bref, les maisons de disques veulent bien apporter une touche « soleil » un peu caribéenne… mais à leur sauce. Ce n’est pas la musique caribéenne qui débarque et cartonne partout.  C’est par petites touches, par paliers…

Quelle est l'influence de l’essor de la musique caribéenne en France ? 

On remarque que la vague de musique caribéenne est accompagnée d’une explosion de cours de danse : reggae, bachata, zouk et même le kizumba, un zouk un peu lent originaire d’Angola. On revient grâce à ces rythmes, à danser à deux.

Mais est-ce encore le succès d’une musique caribéenne ou finalement d’une musique mondialisée – le rythme des îles allié à l’efficacité de la dance occidentale ?

Les maisons de disque ont trouvé cette « petite touche » de soleil pour faire évoluer les sonorités du R&B et du hip-hop, auxquelles ont était habituées. Sans vouloir faire le puriste, des sonorités caribéennes dans des productions de Rihanna et Beyoncé ou J. Lo ont généralement été passées au mixer ! On est dans une relecture la musique caribéenne par différents producteurs.

Mais c’est quand même une avancée dans la tête du grand public qui résumait cette musique au reggae, à un peu de salsa et de rumba  et au zouk en raison de nos liens avec les Antilles. Peut-être les auditeurs qui découvrent une collaboration entre Chris Brown et Pitbull ou J-Lo qui tente des sons un peu fiesta, seront-ils tentés d’écouter de la musique tropicale… Mais les grandes majors continueront à décider. On a quand même de belles surprises comme Ai se eu te pego (de Michel Telo) l’un des morceaux les plus joués sur NRJ vient du Nordeste au Brésil. Le grand changement c’est que,  auparavant, ce genre de « surprise » n’arrivait que pendant l’été (comme l’an passé avec Colonel Reyel qui a vendu 100 000 disques). Maintenant, cela peut arriver n’importe quand ! 

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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