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Les mensonges de François Mitterrand
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François Mitterrand, ce menteur

Trente ans après son élection, François Mitterrand fait toujours parler de lui. Les mensonges qui ont façonné ses deux septennats ont changé la fonction présidentielle et la classe politique française.

Jean-Michel  Fourgous

Jean-Michel Fourgous

Député-maire d'Elancourt, il est également le fondateur d'un groupe de cent députés : Génération Entreprise.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont  L'élite incompétente : comment les haut fonctionnaires mènent la France à la faillite.

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Et si Lionel Jospin avait raison quand il a demandé en 1995, de prendre l’héritage socialiste de François Mitterrand sous réserve de droit d’inventaire ? Il savait mieux que d’autres que François Mitterrand était loin d’être un modèle de vertu politique, qu’il n’était pas plus socialiste que Franco, Brejnev et Pinochet n’étaient démocrates. Bien sûr, on ne peut nier que François Mitterrand disposait de nombreux talents : c’était un vrai tribun, un vrai politique (au sens politicien du terme), mû par le souci de l’Histoire (et d’y rester), doué d’une certaine intelligence tactique, cultivé. Il était aussi séducteur, trait de caractère que les Français pardonnent aisément (et toujours) aux puissants.

Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent que l’ancien Premier secrétaire du parti socialiste n’aimait manœuvrer que dans l’ambiguïté et qu’il était l’homme de la duplicité : A la fois décoré de la Francisque par le maréchal Pétain en personne et médaillé de la Résistance avec rosette, il s’est forgé, dans l’ombre du régime de Vichy, une stature de pseudo-opposant (qui n’a pas trompé De Gaulle). François Mitterrand s’est prononcé pour l’Algérie française et pour la décolonisation ; Anti-communiste, il a pourtant signé le  programme commun de la gauche en 1972. S’il a cultivé ses nombreuses amitiés avec sincérité, il n’a pas hésité à lâcher ses amis : Charles Hernu mais surtout Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre, qui se sont suicidés peu de temps après…. N’a-t-il pas non plus dénoncé les crimes contre l’Humanité tout en s’acoquinant avec d’anciens collaborateurs, dont René Bousquet, secrétaire général à la Police du régime de Vichy, tout en restant impuissant au Rwanda ? 
Les jeunes générations qui pourraient être séduites par le souvenir de François Mitterrand doivent savoir qui était vraiment cette personne. Elles doivent savoir que l’ancien président a cultivé, tout au long de son existence, le mentir-vrai, celle de la vérité saucissonnée qui nourrit et développe l'équivoque. Elles doivent savoir que l’aura médiatique du Premier secrétaire du PS (1971-1981) s’est construite avec l’attentat de l’Observatoire, dont on ne sait pas s’il fut l’instigateur ou la victime… De même, a-t-il admis avoir subi des examens pour détecter un cancer (qui s’était déclaré peu avant son élection), sans confirmer que la maladie le rongeait. Et pourtant que n’avait-il fustigé le silence qui entourait alors le cancer de Georges Pompidou  réclamant toute la transparence sur la fonction présidentielle ? La vérité oblige à dire que ses bulletins de santé, de 1981 à 1992, ont tous été faux, sciemment et savamment censurés[1].

Cette propension à dissimuler et mentir, il l’a cultivé jusque dans sa vie privée

Le mentir-vrai mitterrandien a pris des tours plus dangereux quand ont éclaté les affaires Urba, Pechiney-Triangle ou encore le Carrefour du développement. Mille et un pare-feu ont été dressés pour éviter d’éclabousser la figure tutélaire du patriarche qui, bien entendu, n’avait pas connaissance du financement occulte du parti socialiste !  L’homme qui avait une haute idée de lui-même, était bien au-dessus de ces manœuvres de bas étage. De même François Mitterrand est-il opportunément devenu muet après l’attentat contre le Rainbow Warrior, dont il avait lui-même autorisé le sabotage[2]. Aussi, pour éviter d’être pris la main dans le sac, n’a-t-il pas hésité à sacrifier son ministre de la Défense, Charles Hernu et le patron de la DGSE, l’amiral Lacoste ! 

Tout au long de sa carrière et de son mandat présidentiel, François Mitterrand n’aura eu de cesse de nier les réalités, les évidences, notamment celles de ces actes. Cette scène où il soutient mordicus, face caméra, ne pas être au courant des écoutes illégales réalisées par la cellule anti-terroriste de l’Elysée est un moment d’anthologie. Cette autre scène où, « les yeux dans les yeux », il nie être au courant des agissements terroristes de Wahid Gordji est tout aussi remarquable. Elle lui vaudra (en partie) sa réélection[3] ! Cette propension à dissimuler et mentir, il l’a cultivé jusque dans sa vie privée. Le propos, ici n’est pas de lui interdire d’avoir eu une double vie, mais d’avoir abusé de sa position pour payer, avec les deniers publics, cette double vie. Les jeunes générations savent-elles que l’argent des contribuables a financé, le 11, quai Branly pour y loger sa maîtresse, Anne Pingeot, sans compter les policiers affectés à la surveillance de sa fille Mazarine, rue de Bièvre à Souzy-la-Briche, les aller-retour en hélicoptère… 

Que dire des amitiés sulfureuses du chef de l’Etat ? Michel Rocard ne disait-il pas, à propos des déboires de Roland Dumas, que « François Mitterrand aimait, par une sorte d'esthétisme, à s'entourer de gens un peu à la limite »[4]. Est-ce aussi pour cette raison qu’il fit monter le Front national en changeant le mode de scrutin à la veille des élections législatives de 1986 ? Et encore tous ces faits ne correspondent-ils sans doute qu’à la face émergée de l’iceberg.



[1] Comme l’a confirmé le Dr Gubler, son médecin personnel

[2] Journal télévisé de TF1 le 9 juillet 2005.

[3] Débat Chirac-Mitterrand du 28 avril 1988 pour l’élection présidentielle

[4] Journal du Dimanche, 1er février 1998


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