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Merkel,  Hollande et la croissance : le couple franco-allemand est-il plus proche  du divorce que jamais ?
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France-Allemagne

Le sommet européen qui s'est ouvert mercredi à Bruxelles a été l'occasion pour Angela Merkel de contredire François Hollande sur la croissance, en estimant que les euro-obligations ne sont pas une solution qui contribue à la relance. Sur ce sujet comme sur d'autres, les opinions entre les deux chefs d'Etats sont divergentes. Le couple franco-allemand risque-t-il le divorce ? Si oui, que deviendrait l'enfant croissance ?

Hans Stark

Hans Stark

Hans Stark est chercheur à l'IFRI (Cerfa) et professeur à la Sorbonne.

 

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Atlantico : Les désaccords entre François Hollande et Angela Merkel semblent vraiment très importants, que ce soit sur la notion de « croissance », la mutualisation des dettes ou la réforme des statuts de la BCE. Sont-ils vraiment irréconciliables ?

Hans Stark : La situation actuelle ne dépend pas uniquement d'Angela Merkel. Ce sont les Allemands en général qui ne croient ni aux euro-obligations, ni en la planche à billet. Ils considèrent que ces solutions créeront de l’inflation et ne résoudront en rien les difficultés rencontrées par certains pays comme l’Italie ou l’Espagne. Il ne s’agit donc pas d’une « rigidité » en soit, mais plutôt de deux philosophies économiques totalement différentes entre des pays du sud, dont la France fait partie, ayant une tradition de monnaie faible et de forte intervention étatique, et les pays du nord de l’Europe caractérisés par une politique économique axée sur l’offre, la dérégulation et sur des réformes structurelles. Cette divergence n’est donc pas uniquement franco-allemande mais intra-européenne.

Sur la question de la mutualisation des dettes, les Allemands estiment que l’introduction d’euro-obligations transformera la zone euro en une union de transferts financée pour l’essentiel par le contribuable allemand. Aucun chancelier ne pouvant gagner une élection en acceptant un tel scénario, Angela Merkel se montre par conséquent rigide sur ses positions. Pour autant, les Allemands ne sont pas contre la croissance en elle même. Ils estiment simplement que les propositions de François Hollande couteront très cher et n’apporteront pas de croissance.

Les chefs d’Etats ne sont-ils pas contraints à s’entendre ?

Rien n’est sûr. Un premier scénario voudrait qu’un consensus "mou" soit trouvé avec l’introduction de « project bonds », des investissements européens financés par l’UE. Un second consisterait à faire plier la position allemande en l’isolant et en exerçant une pression sur celle-ci, mais la population allemande deviendrait défiante envers la zone euro et remontée contre des politiques qui lui seraient imposées. Parfois isolés, les Allemands ont assouplis leurs positions. Mais ce qui est certain est leur inflexibilité quant à leur refus de transformer la BCE en une FED puisqu’il s’agissait d’une condition sine qua non à leur entrée dans une zone monétaire commune. Enfin, troisième option, un éclatement de la zone euro. Mais il s’agirait d’un accident qui serait catastrophique et non d’une solution véritablement choisie.

Pour sa part, il sera difficile pour la Commission européenne de jouer un rôle d’intermédiaire car José Manuel Barroso n’a pas beaucoup de pouvoirs mais aussi parce que les divisions au sein de la Commission sont tout aussi fortes qu’entre les États membres.

Le couple franco-allemand est le moteur de l’Union européenne. Certains chefs d’Etat s’inquiètent de voir cette relation se détériorer. Quelles peuvent en être les conséquences ? La confiance envers la zone euro peut elle être ébranlée ?

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont raison de s’inquiéter de cette division entre la France et l’Allemagne. D’ailleurs, à l’heure actuelle il n’existe pas de couple « franco-allemand ». Nicolas Sarkozy allait plutôt dans le sens des positions allemandes mais jamais la France n’a eu la volonté d'adopter de façon exhaustive les mêmes politiques que celles adoptées outre-Rhin. Il y avait d’ailleurs une très forte position anti-Merkel dans les rangs français, celle-ci ayant même été l’un des facteurs de la défaite du candidat de l’UMP le 6 mai dernier.

L’arrivée de François Hollande et sa volonté d’inscrire des objectifs de croissance dans le pacte budgétaire européen modifie donc les relations avec la chancelière allemande, favorable à une discipline budgétaire. Nous sommes donc dans une situation de blocage total susceptible de durer des semaines, des mois, voire davantage, ce qui pourrait se traduire par des dégâts dont une diminution de la confiance accordée à la zone euro.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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