Menacée de disparation : et la gauche voyait venir le mur des régionales sans avoir l'air de mesurer l'impact du choc pour elle <!-- --> | Atlantico.fr
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Les partis tels que le PC, le PRG ou encore les Verts semblent de plus en plus marginaux.
Les partis tels que le PC, le PRG ou encore les Verts semblent de plus en plus marginaux.
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En voie d'extinction

Jean-Christophe Cambadélis a appelé à une "union de la gauche" en vue des élections régionales pour remobiliser et unifier les électeurs, alors qu'une débâcle est annoncée. Et quand le PS vacille, c'est tout son bord politique qui est bousculé.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : Hors PS, les partis tels que le PC, le PRG ou encore les Verts semblent de plus en plus marginaux pour leurs poids électoraux. Dans quelle mesure ces élections peuvent représenter un troisième tour des élections départementales, où les communistes notamment ont perdus leurs bastions historiques ?

Eddy Fougier : Cela fait beaucoup de troisième tours pour la gauche en général, que ce soit après les élections européennes, municipales et départementales… Lorsqu'une faction est au pouvoir, traditionnellement elle est rejetée aux élections intermédiaires. Dans le cas précis de la gauche, quand le PS vacille, c'est toute la frange qui est bousculée.

Historiquement, le Parti communiste a dû constituer des listes communes avec le parti socialiste parce que c'était une condition importante de son "modèle économique". Si pendant des décennies le PC a pu compter sur ses nombreuses implantations locales pour se rémunérer, elle n'a pas eu d'autre choix pour conserver  ses bastions que de multiplier les alliances avec les socialistes… Quitte à en devenir une force d'appoint au moment des élections.

Car il faut bien comprendre que ces implantations locales sont autant de moyens pour la gauche hors-PS de compter sur un maillage de militants, et surtout de financements des partis, lesquels sont passés de structures militantes à des formations de notables. Si l'on en croit les sondages et les intentions de vote, les Verts et le Parti communiste seront les premiers à pâtir de la situation. Le Parti de Gauche n'ayant quant à lui quasiment pas d'élus, il n'a pas grand-chose à perdre et peut d'ailleurs lâcher leurs coups contre le pouvoir.

Le dilemme qui consistait à voir une volonté d'alternance émerger à la gauche du PS, comme on a effectivement pu le constater avec Syriza ou Podemos, est pourtant loin d'être une réalité en France… 

De plus, je rejoins l'idée du politologue Gérard Grungberg qui observe que les élus de gauche ont une certaine fatigue du pouvoir, et qu'à force de concessions entre idéologie et réalité, une "cure d'opposition" ne serait pas plus mal.

Le référendum demandé par Jean-Christophe Cambadélis paraît en ce sens plutôt original pour mobiliser les électeurs, d'autant que le sondage Harris Interractive pour Atlantico (voir ici) montrait que l'idée d'une alliance de tous les partis de gauche au premier tour séduisait une grande partie des sympathisants. Mais c'est un peu la tentative de la dernière chance à en juger la désunion entre ces partis, entre les Verts, le PG, le PCF… Les relations avec le PS, tout du moins du point de vue de ceux qui les représentent, ne laisse pas imaginer une ouverture systématique vers le pouvoir en place.

Les élus socialistes sont aussi un moyen de financer les partis politiques auxquels ils adhèrent. 10% de leurs indemnités sont ainsi reversés, ce qui représente 25% des recettes du PS. Comment la perte de financement lié à une extinction électorale pourrait-elle se traduire concrètement pour la gauche hors PS ?

Comme vous le soulevez, une défaite majeure aux élections régionales assècherait encore davantage les caisses de ces partis. Dernièrement, les Verts ont d'ailleurs fait part de leurs importantes difficultés financières, et ont évoqué la possibilité de vendre leur siège à Paris... De la même manière que les clubs de football sont endettés mais survivent financièrement en gagnant des matchs, les partis politiques ont des problèmes financiers qui se négocient au gré des élections remportées car synonymes de subventions et d'indemnités. Cela nous amène d'ailleurs à la question du front républicain contre le Front national au second tour, et pose un véritable dilemme : si vous vous retirez pour laisser vos électeurs voter pour le parti auquel le FN s'oppose, vous n'avez absolument aucune chance d'avoir un élu supplémentaire. Autant avoir quelques élus. C'est un dilemme à la fois politique et structurel.

Pour les municipales déjà le Parti communiste était accroché à ses bastions locaux, d'où les réticences face aux injonctions de Mélenchon qui tenait un discours aux tonalités de "tout sauf le Parti socialiste" au mois d'août.

On peut imaginer que ces amputations peuvent amener à des coupes budgétaires classiques. Rappelons-nous du Congrès des Républicains qui est aujourd'hui très serré. Les colloques, les déplacements... Mais autrement que dans le confort, cela peut aller jusqu'à des suppression d'emploi, la vente du siège. Dans le premier cas on touche au gras, et ensuite on ampute l'os. D'autant que les partis de gauche sont dans un contexte morose pour les adhérents.

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