Lunettes Google : gadget ou révolution ?

Google a présenté mercredi la première génération d’une paire de lunettes futuriste. Ces lunettes à réalité augmentée développées par le géant de l’internet pourraient être commercialisées dès 2014. Pour 1500 dollars, ce nouvel objet utilise un mélange de contrôle vocal, de gestes effectués sur le touchpad latéral et de mouvements de tête. Les Google Glass sont équipées d’une caméra intégrée, d’un micro et peuvent se connecter à Internet par le wi-fi. Des écrans intégrés dans les verres permettent d’afficher toute sorte d’informations.

 A terme, les « smart glasses » pourraient être reliées à un smartphone compagnon.

Et si vous n’imaginez pas ce que pourrait être la réalité augmentée, Google avait publié une vidéo en avril 2012.

En théorie donc, un outil ultra pratique qui vous permet de savoir instantanément quel temps il fait dehors, quel itinéraire emprunter pour vous rendre quelque part ou tout simplement consulter vos messages en un clin d’œil.

Et pour enfoncer le clou, Google a diffusé une vidéo impressionnante de parachutistes chaussées des fameuses lunettes sautant au-dessus de San Francisco ce qui laisse rêveur quant au futur du sport professionnel.

Mashable évoque des matchs qui pourraient être regardés depuis des points de vue et angles différents. Le porte-parole de la NFL, Brian McCarthy(National Football League, la ligue de football américain) a même déclaré que cette nouvelle technologie pourrait aussi servir pour l’entraînement : « Par exemple, un entraîneur pourra revoir la vidéo et visualiser précisément les actions d’un joueur ». Une invention qui pourrait donc totalement révolutionner notre manière de regarder le sport.

Quelques journalistes ont pu tester l’objet lors de la présentation. Liz Gannes, une journaliste du Wall Street Journal note que l’écran est « de manière très surprenante très peu intrusif ». Mais la journaliste se demande toutefois si le mini écran positionné en permanence devant l’œil ne va pas agacer l’utilisateur. Les développeurs ont en effet admis que le plus gros problèmes étaient les notifications inopportunes. Le problème semble être réglé dans la dernière version des lunettes, pensée pour être moins intrusive.

Pourtant l'objet pourrait poser des problèmes éthiques. En effet, ces lunettes pourraient faciliter la surveillance mutualisée. Il serait en effet très facile de filmer ou prendre des photos à tout moment -en famille, au travail-... Une impression gênante d'espionnage généralisée.

Atlantico a demandé l'avis de Daniel Ichbiah, écrivain et journaliste, spécialisé dans les jeux vidéo, le multimédia, la musique, et la robotique.

Atlantico : Ces lunettes présentées par Google sont-elles un gadget ou une véritable  révolution ?

Daniel Ichbiah : C’est une vraie révolution, mais une révolution prévisible, puisqu’on a vu la réalité augmentée apparaitre dans les téléphones mobiles, dans énormément d’applications, sur la nouvelle console de Sony (la PS Vita)… La réalité augmentée, c’est quelque chose qui est en train d’exploser, de la même manière que le mp3 entre 1997 et 2001, lorsque l’iPod est apparu. La demande commence à arriver et Google se positionne là-dessus.  Avant, Google essayait de se positionner face à Microsoft ; maintenant ils veulent montrer qu’ils sont encore plus fort qu’Apple.

La réalité augmentée est extraordinaire. Par exemple, si vous êtes un amateur d’échec qui voyage en train, les lunettes pourront vous prévenir si un autre amateur d’échec est présent, pour que vous puissiez voyager en jouant avec lui. Vous vous baladez dans une rue, voyez une affiche de concert de votre groupe favori : grâce aux lunettes, vous pouvez réserver une place sans attendre de rentrer chez vous. Ça a un côté facilitateur. C’est un peu comme si on avait de l’informatique sur soi. C’est l’application du futur : ajouter des informations sur la réalité.

N’y-a-t-il pas un problème d’éthique, avec un risque d’intrusion dans la vie privée ?

C’est certain. Mais depuis qu’Internet existe, depuis que les ordinateurs existent même, ces problématiques sont débattues. Dans le monde de la technologie, on avance et on légifère après, on met les garde-fous après. Dans le high-tech, c’est celui qui frappe le premier qui remporte le marché, ces questions passent donc au second plan dans un premier temps. C’est certain que ça soulève des tas de questions, quelle que soit l’application.

A qui s’adresse précisément ce type de lunettes ?

L’usage de ces lunettes est illimité. La seule question, c’est de savoir si les lunettes sont une bonne solution, si les gens ont envie d’en porter, même si elles n’ont pas de consistance. Les applications peuvent aller de la visite d’un musée à la suggestion d’un bon restaurant, avec avis d’internautes.

Ne risquent-elles pas de créer une barrière entre l’humain et la réalité ?

Il y a du bon et du mauvais. Imaginons un logiciel de rencontre qui vous dise que la fille à l’autre bout de la rue a les mêmes goûts que vous… Ça peut être autant un facilitateur de rencontres que quelque chose d’inquiétant. Mais la technologie a depuis le début un côté blanc et un côté noir…