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LR : simple clarification de la ligne... ou véritable mutation idéologique ? Ce qui se joue vraiment derrière le psychodrame Wauquiez Calmels
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Droite ligne

L'éviction de Virginie Calmels semble correspondre à une vraie affirmation de la ligne idéologique de Laurent Wauquiez dans le parti, ligne qui transforme le parti en profondeur et ne peut s'encombrer de "ce qui est accessoire".

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Christophe Boutin

Christophe Boutin est un politologue français et professeur de droit public à l’université de Caen-Normandie, il a notamment publié Les grand discours du XXe siècle (Flammarion 2009) et co-dirigé Le dictionnaire du conservatisme (Cerf 2017), le Le dictionnaire des populismes (Cerf 2019) et Le dictionnaire du progressisme (Seuil 2022). Christophe Boutin est membre de la Fondation du Pont-Neuf. 

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Atlantico : Suite aux critiques formulées Virginie Calmels, Laurent Wauqiez a pris la décision de limoger cette dernière de ses responsabilités au sein de la famille LR. Derrière le cas ​  d'espèce, et en regardant plus largement la séquence menée par Laurent Wauquiez ​ depuis sa prise du parti, n'assiste-t on pas à plus qu'un simple changement de ligne ? Au regard de ce qui pu être dit aussi bien par Patrick Buisson dans un entretien donné au Figaro à propos d'Emmanuel Macron "Il est néanmoins parvenu à ressusciter l'UDF grâce à un arc de soutiens qui va de François Bayrou à Philippe de Villiers. C'est pourquoi il serait aberrant pour Les Républicains de chercher à lui disputer l'espace du centre et du centre-droit où il occupe jusqu'à preuve du contraire une position inexpugnable. "mais également  ​au​  travers  ​de ​ ce que dit le philosophe italien Diego Fusaro dans le Figaro également "la vieille dichotomie droite-gauche a été remplacée par la nouvelle dichotomie haut-bas, maître-esclave (Hegel). Au-dessus, le maître a sa place, il veut plus de marché dérégulé, plus de globalisation, plus de libéralisations. Au-dessous, le serf « national-populaire » (Gramsci) veut moins de libre-échange et plus d'État national, moins de globalisation et une défense des salaires, moins d'Union européenne et plus de stabilité existentielle et professionnelle.". En quoi la stratégie de Laurent Wauquiez semble-t-elle plus aller dans ce cens d'un véritable changement de nature du parti qu'à un simple "changement de ligne" ?

Edouard Husson : Il y a seize ans, la droite avait bien failli ne pas arriver au deuxième tour de la présidentielle. Jacques Chirac avait, finalement, atteint le deuxième tour pour affronter Jean-Marie Le Pen, par la seule mécanique de la cohabitation, qui amenait le président inactrif à être plus populaire que son Premier ministre impopulaire à force d’agir. Pour être plus précis, N icolas Sarlozy avait certainement joué un rôle dans cette qualification de justesse de Jacques Chirac car il avait conseillé d’infléchir la campagne vers les enjeux de sécurité. Une fois Jacques Chirac réélu, Nicolas Sarkozy mit en oeuvre, avec un instinct politique très sûr - et en tenant compte de l’avis d’observateurs de l’opinion comme Patrick Buisson - une synthèse capable de rassembler la droite, toute la droite, et le centre: il s’agissait d’une synthèse entre les préoccupations de sécurité et d’identité nationale et l’européisme bon teint, alors impossible à mettre en cause si l’on voulait accéder au gouvernement. Cette synthèse a permis la magistrale campagne de 2007. Et il faut bien dire qu’elle a failli être gagnante à nouveau en 2012; mais lors de la campagne pour sa réélection il a manqué à Nicolas Sarkozy des voix qu’il avait prises cinq ans plus tôt au Front National. Le plus imprévisible des présidents français depuis de Gaulle avait fini par être rattrapé par la machine à broyer les originalités qu’est la technocratie française. Au lieu de profiter de la crise pour faire sauter les cadres de la pensée unique économique, il s’était remis dans les rails de l’axe franco-allemand et de la discipline européenne, perdant le contact avec son électorat populaire. Par comparaison, en 2018, la situation est beaucoup plus facile pour quelqu’un qui aspire à diriger la droite, touter la droite. En effet, siège à l’Elysée le plus européiste des présidents depuis Giscard. Et l’utopie européenne est en train de se fracasser. Le chef des Républicains n’a pas à bouger. Il lui suffit de continuer la ligne Sarkozy sur l’identitié et la sécurité; d’accepter le tournant conservateur en matière « sociétale », comme Fillon. Et, surtout, il ne faut pas exclure la ligne juppéiste. Elle va soit se dissoudre d’elle-même, soit évoluer sous l’influence de la réalité européenne. Aujourd’hui pourrait tomber, à condition de garder son calme, le verrou européen. 

Christophe Boutin : Avant de parler de stratégie, un mot peut-être du conflit d’egos, qui existe et qui est révélateur. D’un côté - on évitera le « à droite » et « à gauche » -, d’un côté donc, Laurent Wauquiez, homme blanc de moins de cinquante ans et « cocheur » professionnel des cases du cursus honorum : Normale Sup, major de l’agrégation d’histoire, Sciences Po, major de l’ENA, Conseiller d’État ; en politique, adoubé par Jacques Barrot, député dès 2004, maire, secrétaire d’État, ministre, président de région, et après avoir été secrétaire-général et vice-président, président de l’écurie présidentielle Les Républicains. De l’autre Virgine Calmels, femme blanche un peu plus âgée, expert-comptable (Toulouse Business school) travaillant pour Canal+ et Endémol (Loft Story, L’île de la tentation, Le Bigdil ou Maman cherche l’amour, entre autres programmes) ; en politique adoubée par Alain Juppé qui la place à Bordeaux, mais soutenant Fillon avant de se rallier à Wauquiez en « restant juppéiste », Wauquiez lui confiant le poste de « première » (elle y tenait) vice-présidente et de responsable des programmes.

Deux écoles, une même incompréhension. Wauquiez, comme tout politique ayant son parcours, pense que celui-ci suffit à le légitimer. Il n’a pas renversé les tables, il a attendu son heure, il veut enfin pouvoir diriger le parti qui pourrait être encore un tremplin vers la présidence de la République. Calmels estime elle pouvoir incarner un renouveau en tant que femme issue de la société civile, et que cela compense une absence totale de légitimité démocratique dont elle a conscience – comme son mentor, elle s’est bien gardée de participer aux législatives de 2017. D’où, dès le début de leur improbable alliance, des conflits entre les deux quadras : Wauquiez veut sa caution modérée pour contrer les accusations de droitisation, quitte à lui faire l’aumône d’une place de numéro 2, quand Calmels imagine qu’elle pourrait être présidente. Déçue, elle entend incarner alors un courant « libéral » et laisser à Wauquiez l’aile « conservatrice » de LR.

Et l’on glisse ainsi des personnes aux courants, et au fait que LR paye aujourd’hui l’absence de cohérence doctrinale du « grand parti de droite » créé par l’union du RPR et de l’UDF. D’un côté, des gaullistes nationalistes et colbertistes ; de l’autre, des centristes favorables à l’Union européenne et peu choqués par la mondialisation libérale. Une absence de cohérence qui a, comme le signale à très juste titre Patrick Buisson, déjà permis à Emmanuel Macron de récupérer nombre de débris de la défunte UDF, et qui continue de fragiliser LR.

En effet, Laurent Wauquiez doit tenter d’exister politiquement entre un RN qui, contrairement à ce qu’annonçaient certains, n’a pas implosé après 2017, et LaREM qui, grâce à la politique menée par Macron, s’étend sur sa droite. Pour cela il a choisi la thématique du « gaullisme social » : nationalisme mais sans « repli frileux » comme disent les médias, et retour des valeurs d’autorité et de hiérarchie, mais accompagnées d’une dimension « sociale » qui facilite les compromis sinon les excuses. On comprend bien l’intérêt stratégique… mais aussi les difficultés internes qui en découlent : difficile de demander de soutenir une « Europe des nations » à des fédéralistes convaincus, ou le respect d’un modèle social français à ceux qui rêvent dérégularisation. Les conflits sociaux actuels et, plus encore, la perspective des élections au Parlement européen, ne pouvaient que briser l’attelage, mais ce sera finalement la question de l’identité, avec la polémique née autour du slogan « Pour que la France reste la France », qui en aura raison.

 Le choix de Laurent Wauquiez est-il enfin un changement de ligne ou un changement de nature du parti ? La nature du parti était, justement, de ne pas avoir de ligne unique, et d’être, comme le rappelait hier Nicolas Sarkozy, « un rassemblement ». Le mot valait programme : pour arriver au pouvoir, la carpe et le lapin, sans compter le cochet, le chat, et le souriceau, devaient cacher leurs dissensions, surfer sur les attentes dégagées par les sondages et s’en tenir à la langue de bois d’un plus petit dénominateur commun. À ce prix, l’écurie tournait en  tête au premier tour électoral, raflait la mise au second, et – surtout ! – se partageait les places au troisième. Mais la géniale stratégie a sa faiblesse : comme il faut faire masse on a agrégé n’importe quoi ; et comme les places sont réparties entre les courants, on les a multiplié, chacun voulant le sien pour figurer dans cet organigramme qui garantit un siège. Mais quand les perspectives sondagières laissent entendre qu’il n’y aura en bout de course plus de places pour tout le monde, le ton monte lors des réunions de la « famille ».

Pour qu’il y ait vraiment un changement de nature du parti, LR devrait donc se poser la question de sa cohérence idéologique, et Laurent Wauquiez n’en est pas là, comme le démontre, si l’on avait le moindre doute sur le sujet, le remplacement de Virginie Calmels par… un autre juppéiste, le très modéré Jean Léonetti. Il fait simplement primer la ligne qui lui semble à même de définir une identité politique à LR, différente à la fois du RN et de LaREM, mais sans se rendre compte que les nouveaux modes de scrutin, aux européennes bien sûr, mais aux scrutins locaux et nationaux aussi, pourraient conduire cette fois ceux qui ne s’y reconnaissent pas à chercher fortune seuls… si ce n’est alliés à LaREM, et que la solidarité qui naissait des perspectives d’avenir sous les lambris républicains disparaît avec elles.

En quoi cette stratégie poursuivie par Laurent Wauquiez a-t-elle plus en commun avec ceux qui sont décrits comme les populistes européens, comme la Ligue dont parle Diego Fusaro, qu'avec la perception d'une "droitisation" ou d'une alliance avec le RN qui paraît impossible selon la configuration actuelle d'opposition entre Marine Le Pen et Laurent Wauquiez ? Cette stratégie ne montre-t-elle pas justement que Laurent Wauquiez cherche plus un nouvel électorat qu'il ne cherche une alliance avec le RN ?

Edouard Husson : La campagne de Marine Le Pen en 2017, comme en 2012, a souffert de deux faiblesses fondamentales. D’abord, l’axe droite-gauche est une illusion. Emmanuel Macron a été élu par effraction en réunissant le centre-droit et le centre-gauche mais l’on voit bien comme aujourd’hui ce qui lui permet de tenir, c’est le centre-droit. Ensuite, Marine Le Pen aurait bien pu gagner le vote populaire, elle ne disposait pas pour autant d’une assise solide dans l’appareil d’Etat, ni dans les élites économiques, culturelles et intellectuelles. Comparez avec la campagne de Trump. Le candidat populiste américain s’ancre sans hésiter du côté républicain, il n’essaie pas de courir après l’électorat de Sanders. Son objectif est de conquérir le parti républicain; de gagner une partie du complexe militaro-industriel à sa cause; il a la puissance de feu médiatique de Steve Bannon et peut compter sur l’équilibre de Fox News par rapport aux autres médias. Et puis, il est lui-même un businessman. Que l’on se situe à droite ou à gauche, on ne gagne pas une élection en se contentant du populisme. Il faut à un moment attirer une partie des milieux dirigeants. La tâche est donc beaucoup plus facile, sur le papier au moins, pour les Républicains que pour le Rassemblement National. Marine Le Pen n’arrivera à rien si elle ne développe pas ses réseaux dans la « droite d’en haut ». C’était l’intérêt de l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, qui avait, durant la campagne de 2017, une vraie assise dans l’appareil d’Etat - le gaullisme authentique est le plus souvent silencieux mais encore vivace dans la haute fonction publique, l’armée, la police. Pour la « droite d’en haut », c’est plus facile: il suffit de se placer au bon endroit en développant un euro-réalisme qui montre la voie d’un - improbable- sauvetage de l’euro et de l’UE et imagine les moyens de protéger le pays au cas - probable - où ce système vole en éclat. Il faudrait laisser les juppéistes grogner, délivrer soi-mêmes quelques diatribes bien à droite, sans s’excuser mais sans insulter l’aile gauche du parti; développer le thème d’un nouvel humanisme européen pour intégrer les conservateurs en matière « sociétale ». Et se concentrer sur la construction d’une campagne des européennes où l’on ferait ressortir la naïveté d’Emmanuel Macron et un euroréalisme de droite, protecteur pour la pays. 

Christophe Boutin Diego Fusaro propose une analyse intéressante du dépassement de la dichotomie gauche/droite. Il est clair que le programme macroniste – mais il n’est pas le seul – vise, comme le signale dans l’entretien que vous évoquiez Patrick Buisson, à un remplacement de la démocratie gouvernante par la démocratie gouvernée « qui consiste, déclare-t-il, à exclure [le peuple] du processus de décision et à privatiser les instruments du pouvoir au profit d'une caste », c’est à dire à aboutir à cette opposition maîtres/esclaves que décrit Fusaro. Face à cette captation du pouvoir par les « sachants », techniciens supposés neutres et pragmatiques mais représentant bel et bien une idéologie politique, les courants dits « populistes », de droite ou de gauche, cherchent à restaurer un lien direct avec le peuple. Il est difficile de dire si Laurent Wauquiez va aussi loin. Il est permis de penser par contre qu’il a saisi les trois thèmes qui conduisent aux succès populistes et sur lesquels vont se jouer les prochains combats électoraux, les trois « I » que sont Insécurité, Immigration et Identité, et c’était d’ailleurs tout l’objet du tract controversé. Ce sont en effet trois thématiques sur lesquelles il y a sans aucun doute une majorité importante prête à se dégager, et qui, au vu de la situation, dépasserait les seules formations « de droite » actuelles.

Laurent Wauquiez, agissant ainsi, ne cherche pas une alliance avec RN, qui lui serait nécessairement préjudiciable, mais simplement à attirer à lui des électeurs RN. Mais ce discours commun suffit à lui valoir les critiques des médias… et celles de membres de son camp. Dilemme : s’il ne le fait pas il ne retrouve ni cet électorat de droite ni, Patrick Buisson le signalait, l’électorat de centre droit ; et s’il le fait, il continue son chemin de croix médiatique. Ce choix pourrait cependant lui être profitable s’il parvenait à incarner une vraie rupture, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.

Quel pourrait être le potentiel d'une telle droite, aussi bien sur le plan idéologique qu'électoral ? 

Edouard Husson : Le drame présent de la droite, c’est qu’elle est incapable de construire une réponse à Emmanuel Macron. Ce dernier occupe une partie (qui rétrécit) de l’électorat social-démocrate et écologiste; il compense les pertes à gauche par un gain de voix au centre - les orphelins de Bayrou - et au centre-droit - potentiellement toute la droite de gouvernement pourrait être absorbée comme l’annonce le recrutement du juppéiste Edouard Philippe, du chiraquien Le Maire et du sarkozyste Darmanin. Que reste-t-il aux Républicains actuels? Il y a tous ceux qui ne se sont pas ralliés à Macron mais qu’on n’entend pas car ils ne sauraient prononcer que des formules macroniennes; il y a tous ces conservateurs filloniens à qui la direction du parti ne veut pas faire de place. Et puis il y a une droite dure, pas différente, selon la référence que l’on préfère, du RPR des années 1980 ou du Rassemblement National version 2018, mais dont le chef a du mal à rassembler maintenant qu’il est devenu le dirigeant du parti. Etant donné que Marine Le Pen n’a pas non plus la clé de la victoire politique, toutes les conditions sont, au moins pour l’instant, réunies pour qu’Emmanuel Macron confisque l’électorat de droite au profit de sa réélection en 2022. Après tout, il suffira qu’il s’adapte à la crise de l’Europe et qu’il adopte une politique plus ferme face au terrorisme et le tour sera joué. En face, on aura d’un côté une extrême gauche jouant le rôle d’un fou du roi. Et une droite éclatée en multiples tendances. On se retrouverait dans la situation de la fin du XIXè siè!cle, où légitimistes, bonapartistes et orléanistes étaient impuissants face aux républicains. A l’époque, l’absence d’une droite réconciliée dans un nouveau conservatisme républicain a beaucoup contribué à faire croire à l’Allemagne que la France était faible et qu’il valait la peine de l’attaquer. Aujourd’hui, l’absence d’une droite unie dans un nouveau conservatisme est dramatique face aux défis de l’époque. Certes, nous ne sommes plus exposés à un ennemi extérieur uniques; mais nous sommes confrontés à une série de maux dont la combinaison met en danger l’existence du pays - d’une manière sournoise. Il y a bien sûr la funeste politique monétaire d’inspiration allemande; mais il y a aussi la pusillanimité des pouvoirs publics qui préfèrent la lettre des accords européens à un nouveau contrôle des frontières pour maîtriser la menace terroriste. Il y a le sous-investissement dans les secteurs clés de la troisième révolution industrielle etc....Au lieu de copier la vulgarité de Donaldf Trump, les chefs de la droite devraient se demander pourquoi ils sont incapables de proposer au pays un programme de gouvernement qui partage avec celui du président américain une volonté de rétablissement des équilibres fondamentaux du pays. Il faudrait ne pas avoir peur de s’entendre - pour de vrai- avec Trump pour disposer d’un levier dans la renégociation des traités européens; en particulier la politique américaine de rééquilibrage des dépenses militaires au sein de l’OTAN est un moyen pour la France de reprendre du poids face à l’Allemagne;  il faudrait pousser une stratégie pragmatique de révision du pacte monétaire européen - avec, éventuellement, en cas de dogmatisme exacerbé de l’Allemagne et de l’Europe du Nord, un plan B solide; pensons ensuite à une véritable baisse des impôts, au renforcement de l’attractivité du territoire pour les investissements étrangers, à la suppression des contraintes qui pèsent sur l’entrepreneuriat, à la déconcentration de l’Etat et la décentralisation des décisions; à un investissement massif dans la recherche militaire et civile, à la réindustrialisation du pays pour en faire un grand de l’industrie 4.0; enfin, au contrôle des frontières, à une lutte implacable contre l’islamisme et ses conséquences en matière de terrorisme; ) la défense de la personne humaine contre les dérives transhumanistes; au retour à une politique favorable aux familles et à la natalité, au retour à la primauté de la transmission dans l’éducation etc.... Un programme conservateur, tout à fait différent du programme libéral d’Emmanuel Macron mais aussi des positions post-jacobines d’un Mélenchon. 

Christophe Boutin Le créneau « populiste de droite » a un potentiel important, plus que celui du « populisme de gauche », qui est incapacité par son approche de l’immigration – une divergence sur ce sujet qui empêche par ailleurs, pour le moment, une alliance des populismes comparable à celle que connaît l’Italie. Pour reprendre la thématique de Fusaro, les « esclaves » ne sont pas prêts à s’allier contre leurs « maîtres ». Mais le problème pour Laurent Wauquiez est surtout que le créneau du populisme de droite est déjà pris par RN

Au-delà, la question n’est peut-être pas tant celle de la révolte des « esclaves » que celle de savoir au nom de quoi elle se fait. Or la révolte de que nous connaissons en Europe aujourd’hui n’est pas « révolutionnaire » au sens habituel, en ce sens qu’elle ne souhaite pas la disparition de l’ordre ancien mais… sa permanence. On se révolte en 2018 pour retrouver une identité qu’un pouvoir, lui moderniste, progressiste et intrinsèquement révolutionnaire, et ce quand bien même porterait-il les costumes bien coupés des traders, nie dans tous les domaines. On se révolte pour que reviennent les valeurs de solidarité intergénérationnelles et familiales, pour que l’homme ne devienne pas une marchandise, pour que la consommation ne soit pas frénétique, pour que la nature soit respectée, pour que les libertés chèrement gagnées ne disparaissent pas sous l’assaut de la technique, pour que l’on puisse entreprendre librement sans être assujettis à des normes aberrantes, ou encore pour pouvoir transmettre un patrimoine, matériel ou immatériel. Bref, si attente d’une révolution il y a, c’est en fait d’une révolution conservatrice, et ce chez les classes moyennes comme parmi les exclus de la « France d’en bas ». Si une droite le comprend, elle disposera d’un vrai potentiel. Ne lui manquera qu’un leader.

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