Louis Le Duff : « Puisqu’il faut dix ans pour construire une usine en France, j’abandonne »<!-- --> | Atlantico.fr
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Le fondateur et président du groupe français Le Duff, Louis Le Duff, pose en novembre 2013 dans l'un de ses sites Brioche Dorée à Rennes.
Le fondateur et président du groupe français Le Duff, Louis Le Duff, pose en novembre 2013 dans l'un de ses sites Brioche Dorée à Rennes.
©FRANK PERRY / AFP

Atlantico Business

Le groupe Le Duff, abandonne son projet de site industriel à Liffré en Bretagne pour sa filiale Bridor. Après avoir déposé le projet il y a six ans et obtenu toutes les autorisations, le projet reste bloqué. Bridor ira donc fabriquer ses croissants au Portugal et en Amérique du Nord.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Louis Le Duff est devenu en 30 ans un des leaders  mondiaux de produits de boulangerie, installé depuis toujours en Bretagne, il baisse désormais les bras devant la montagne de démarches administratives et de contraintes normatives qui lui sont opposées. Ça fera six ans cette année que sa filiale Bridor a déposé le projet de construire un nouveau site industriel à Liffré en Bretagne…

Leprojetétait destiné à doubler la capacité de production de la filiale Bridor, passer de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires à 2 milliards sur le secteur de la boulangerie industrielle. Le groupe investissait plus de 250 millions dans des équipements sur 18 hectares de terrain et devait créer 500 emplois. Faut croire que l’ambition ne correspondait pas à un certains courants d’opinion pour qui la croissance économique n’est visiblement plus la priorité.

Six années donc pendant lesquelles Bridor a réussi à obtenir toutes les autorisations administratives nécessaires (permis de construire, autorisation environnementale icpe). Bridor reçu les conclusions favorables de la commission Nationale du débat public. Mais au terme de ce marathon, Bridor s’aperçoit qu’il ne peut toujours pas démarrer la construction à cause des recours engagés devant la justice. Bridor devra encore attendre 2 ans pour les purger tous avant de démarrer le chantier de construction prévu pour 2 ans.

Au total, le marathon va donc encore durer plus de4 ans. Au mieux, les travaux ne pouvaient pas commencer avant 2026, ce qui reportait l’ouverture en 2028 … Soit, plus de dix ans après avoir pris la décision. Trop c’est trop.

« Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre 10 ans etplus, pour que le projet industrielaboutisse, explique Louis Le Duff. Nos concurrents étrangers mettent 1 ou 2ans pour obtenir les mêmes autorisations, les marchés existent … Ils n’attendent pas.»

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La prise de conscience de la nécessité de réindustrialiser la France pour récupérer des fabrications, aurait pu inciter les dirigeants du groupe à poursuivre le projet en Bretagne, mais compte tenu des freins qui n’ont pas été levés, la direction de Bridor a pris une autre direction.

-D’abord elle a renforcé les moyens et les sites existant en France et notamment en Bretagne, puisque depuis 4 ans le groupe a investi 350 millions d’euros sur les sites existant et crée 500 emplois directs nouveauxet près de 1500 emplois indirects.

-Mais Bridor a surtout commencé à regarder au-delà de nos frontières, au Portugal en rachetant Panidor en octobre 2022 pour répondre à la demande en Europe ( dont la France ) soit 500 emplois… Mais aussi en Amérique du nordou Bridor a acquis en Juillet 2022, Lecoq cuisine dans le Connecticut et a doublé la capacité de production de Bridor Montréal au Canada. L’objectif là, est d’alimenter le marché américain.

Au départ la stratégie du groupe était de produire en France et d’exporter. Le groupe travaille dans le monde entier (les boulangeries, la grande distribution et les hôtels... ) le blocage des permis de construire freine évidemment la croissance en France et hypothèque l’avenir des salariés. Dans le même temps, cette contrainte oblige à importer des produits qui sont consommes en France.

Cette affaire illustre de façon caricaturale, la difficulté de développer un projet de croissance dans un environnement qui s’avère hostile à l’industrialisation. Et pas, pour des raisons de coût de production. Parce que les murs de normes, les conditions environnementales deviennent tellement excessives et très souvent si peufondées, que les investisseurs abandonnent. Le projet est trop long et cette lenteur alourdit les coûts.

Alors que la majorité des entreprises font ce qu’elles doivent faire en matière de RSE pour répondre à leurs clients et leurs salariés. C’est leur intérêt. Mais très souvent dans le cas des projets industriels il s’agit de répondre à des idéologies radicales qui finalement s’opposent aux ambitions de croissance et surtout aux moyens.

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