Lire un livre imprimé ne produit pas du tout le même effet qu’en version digitale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Une femme lit un ouvrage le jour de l'ouverture de la 15e Foire du livre francophone à Beyrouth le 23 octobre 2008.
Une femme lit un ouvrage le jour de l'ouverture de la 15e Foire du livre francophone à Beyrouth le 23 octobre 2008.
©JOSEPH BARRAK / AFP

De quoi vous souviendrez-vous ?

Selon une étude de la linguiste Naomi Baron, le numérique et les écrans auraient un impact néfaste sur notre mémoire lors de la phase de lecture et pour l'apprentissage. Le livre papier reste donc à privilégier.

Alain Sotto

Alain Sotto

Alain Sotto est psychopédagogue. II s'est spécialisé dans les stratégies d'apprentissage pour enfants et adultes. Il a co-écrit, avec Varinia Oberto, "Le beau métier de parent" aux éditions Hugo Doc.

 

Voir la bio »

Atlantico : Une étude récente de la linguiste américaine Naomi Baron analyse l'impact néfaste du numérique et des écrans sur notre mémoire. Mais pourquoi retient-on moins ce qu'on lit sur numérique que sur papier ?

Alain Sotto : Des études avaient déjà été faites sur la vitesse de lecture. Il est évident que quand on lit sur écran, on va moins vite (28% moins vite en moyenne selon les chercheurs). Or plus on lit lentement, moins on se fait d'image dans la tête. Les images nous permettent de donner du sens à ce qu'on lit et favorisent la mémorisation. Donc plus on lit lentement, moins on retient. L'écran altère donc la mémorisation. Il altère aussi la compréhension. Sur écran, on est souvent obligé de revenir en arrière pour retourner lire quelque chose qu'on n'a pas retenu. Notre esprit est aussi plus susceptible de s'évader car quand on lit lentement, on est moins concentré.

Quels sont les facteurs qui font qu'on retient une information lue ?

D'abord il y a l'objectif de lecture : pourquoi je lis ? La mémoire marche avec le futur. On retient mieux une information que l'on compte réutiliser à l'avenir. Ensuite, il y a la reformulation avec ses propres mots. On retient difficilement les mots des autres et on mémorise plus facilement ce que l'on se dit. Dans l'étude de Naomi Baron, les résultats montrent que quand les gens font une recherche sur Internet, ils se souviennent plus facilement des mots clés et du chemin qu'ils ont pris pour trouver une information que l'information elle-même. Ce qui confirme que la meilleure information, c'est celle qu'on va chercher soi-même.

La lecture est l'activité mentale qui demande le plus d'effort. Si on n'a pas une bonne discipline et une bonne technique, c'est très compliqué. C'est pour ça que les enfants préfèrent souvent les images.

À Lire Aussi

L’impact méconnu de la lecture numérique sur notre cerveau

Quels sont les paramètres qui changent entre une lecture sur écran et sur papier ?

Sur papier, j'ai toute la surface du texte devant moi, je peux feuilleter, aller en arrière, etc. Cela facilite les méthodes de lecture rapide qui sont plus difficiles à mettre en œuvre sur tablette. En lecture numérique, on est restreint par la taille de l'écran. 

Il y a également la fatigue oculaire qui est importante. Sur écran, on n'accommode pas suffisamment, c'est-à-dire le fait lever les yeux et regarder ailleurs. Il y a donc une rigidité qui s'installe dans le globe oculaire. 

Le livre est un objet que l'on tient et qui évite le multitâche, l'interruption de notifications ou autres sollicitations numériques. Quand vous finissez une page dans un livre, vous prenez un temps d'arrêt et vous vous demandez ce que vous avez lu. Cela permet de bien mémoriser. C'est aussi là où vous vous rendez compte si votre esprit est parti ailleurs. Cela n'est pas possible sur écran. 

Ce n'est pas pour rien que dès lors qu'un texte est trop long, on préfère l'imprimer pour travailler dessus !

Télévision, ordinateur, smartphone, liseuse... Quel est le pire ou le meilleur support ?

La taille joue un rôle. C'est plus agréable de lire sur quelque chose de grand. Le rythme est également important. Devant une télé, vous ne contrôlez pas la vitesse tandis que sur l'ordinateur c'est vous qui faites défiler les pages. La liseuse est ce qu'il y a de mieux après le papier. Le confort de lecture est supérieur. Enfin sur les écrans "classiques" et avec les réseaux sociaux, on avale énormément d'informations. Or on sait qu'une information qui n'est pas suivie d'une action peut peser lourd sur le mental. C'est ce qui rend malade quand on regarde les infos en continu.

À Lire Aussi

Carton commercial : qui a le plus profité de l’engouement actuel pour les livres ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !