Les week-ends de printemps débordent de touristes, mais qui vient et avec quel argent ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Des touristes font la queue pour visiter le château de Versailles. 18 juin 2019
Des touristes font la queue pour visiter le château de Versailles. 18 juin 2019
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Atlantico Business

En dépit des problèmes de pouvoir d’achat, des prix de l’essence et du climat politique et social assez déprimant, les Français sont massivement partis en week-end, et ça va continuer. Les hôtels, restaurants, campings font le plein. Cette industrie tourne à plein régime, d’autant que les étrangers reviennent.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Puisque tout le monde se plaint de la situation politique et sociale, que tout le monde grogne contre le prix de l’essence et des produits alimentaires, que l’inflation est bel et bien installée, la première question que se pose l’observateur est de comprendre comment fonctionne cette industrie française du tourisme qui a retrouvé encore plus de couleurs qu’avant le Covid.

Il suffit de constater la fréquentation record des TGV, de voir les autoroutes embouteillées, pour savoir que les grands week-ends de printemps ont provoqué un afflux de touristes. Ça a été vrai lors du grand week-end de l’ascension entre le 26 et le 29 mai. Ça l’est à nouveau au moment de la Pentecôte depuis le 3 juin. Et tous les professionnels prévoient un mois de juin très chargé et annoncent des vacances d’été record, compte tenu des réservations prises.

Les hôteliers, les restaurateurs, les gérants de camping, la plateforme Airbnb, les loueurs de camping-car, les billetteries de la Sncf et des compagnies aériennes sont tous sur la même longueur d’onde. Les professionnels s’attendent à une telle belle saison. 

Selon le comparateur de vols KAYAK.fr, les voyageurs français ont joué « la carte de la proximité », avec des destinations en France les plus recherchées qui ne sont pas surprenantes. Paris est toujours aussi attractive auprès des provinciaux et des étrangers. 

Après elle, vient : 

  1. Marseille

  2. Deauville

  3. Annecy

  4. Saint-Malo, Mont St Michel 

  5. La Baule, Quiberon, Belle ile 

  6. Arcachon 

  7. La Rochelle, les plages de Charente 

  8. La côte basque 

  9. La côte du Languedoc et la côte d’Azur 

  10. La montagne .. 

Les lieux classiques du tourisme (Mont st Michel, châteaux de la Loire, Fontainebleau, Versailles, Eurodisney) ont toujours la cote, mais ce qui est nouveau, c’est le succès des villégiatures prolongée en bord de mer, en Normandie et en Bretagne.

Au moment du week-end de l’Ascension et de ce week-end de Pentecôte, les hôtels moyens 2 et 3 étoiles étaient pleins, les mêmes hôtels affichent des réservations de 90 % en moyenne pour le mois de juin et pour les vacances d’été. C’est plein presque partout sur toutes les côtes de France entre le 14 juillet et le 15 août. 

A noter que les Français ont été aussi nombreux à partir en Europe et notamment : 

  1. Amsterdam

  2. Barcelone

  3. Londres

  4. Rome

  5. Palma de Majorque

Ce phénomène était attendu par les économistes qui, malgré les difficultés économiques et sociales, les incertitudes sur l'évolution des prix et la pression sur l’énergie ont, pour la plupart, délivré aux professionnels des perspectives plutôt positives. En fait, le besoin de prendre l’air, de s’évader par tous les moyens de la morosité quotidienne et des mauvaises nouvelles n’ont pas cédé devant le manque d’argent ou les incertitudes sur le pouvoir d’achat. 

1e point, les Français se sont privés de vacances pendant presque deux ans pour cause de confinement et de risque partagé sur le Covid. Ils se rattrapent, même si c’est cher. 

2e point, si les revenus ne suffisent pas et dans bien des cas, les revenus sont laminés par les hausses de prix, les Français puisent dans leur épargne parce que leur épargne est très abondante.

3e point, les Français sont en train de changer leur mode de consommation. Moins de dépenses contraintes, moins de Netflix et autres abonnements sur lesquels on s’était jeté pendant le Covid et plus de sorties à l’extérieur. On a retrouvé les grands week-ends entre amis, on a reprogrammé les mariages et avec les mariages, les enterrements de vie de jeune fille et ou de garçon. Des évènements qu’on avait oubliés et qui se multiplient à grande vitesse depuis le début du printemps, ce qui annonce une vague de mariages au mois de septembre. 

4e point, les Français sont beaucoup plus nombreux à travailler qu’avant le Covid. Donc plus de revenus et plus d’envie de voyager.  

Alors, cette conjoncture-là ne profite pas à la totalité des Français mais aux trois quarts. Reste un bon quart qui vit actuellement en grande difficulté et sur lequel l’inflation pèse particulièrement. L’inflation coute beaucoup plus cher aux bas revenus qu’aux revenus plus élevés. L’inflation pèse surtout sur les carburants, l’alimentaire et l’immobilier. L’inflation pèse dont surtout sur les bas revenus à 1500 euros. A 3500 euros, et contrairement à ce que dit l’Insee, on n’est certainement pas riche, mais on peut amortir plus facilement le prix d’un week-end ou d’une semaine de vacances en Bretagne. 

Les professionnels l’expliquent. Pour un week-end, les touristes français dépensent de l’argent. Pour une semaine ou deux, ils font attention aux dépenses notamment alimentaires (le restaurant par exemple fait très bien la différence entre ces types de clientèles). 

La deuxième bonne surprise pour l’industrie du tourisme français, c’est le retour des Européens, les Anglais, les Néerlandais, les Allemands reviennent avec un comportement de consommateurs classe moyenne, c’est-à-dire très proche du touriste français. C’est le fait nouveau dans les restaurants de la côte normande ou bretonne, on « reparle anglais sur les terrasses ». Ça faisait deux ans qu’on n’avait pas entendu cet accent. 

Sont également revenus les Américains à Paris (et dans le midi) et cette clientèle a réveillé les palaces. Les grands absents sont bien sûr les Russes et les Chinois. Mais beaucoup de professionnels ont compris qu’il faudra s’habituer à leur absence. « Les Russes ne reviendront pas de sitôt … mais les Chinois oui. Enfin peut-être ! »

Normalement, l’année du tourisme français sera bonne. Si la fréquentation des stations balnéaires reste à son niveau actuel pour l’automne, le bilan sera même excellent. Les seuls problèmes qui pourraient surgir viendraient de l’extérieur et de la situation internationale. La crise en Ukraine n’est évidemment pas close. Par ailleurs, en interne le secteur tout entier cherche les moyens de répondre aux besoins de main d’œuvre.  Pour l’instant, les hôteliers, restaurateurs, n’ont pas trouvé de solutions. Un tiers de leurs effectifs n’est pas revenu au travail depuis la fin du covid. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !