Les transitions énergétiques ratées tuent. En voici une (nouvelle) preuve <!-- --> | Atlantico.fr
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La pollution de l’air attaque le cerveau par un mécanisme nouveau.
La pollution de l’air attaque le cerveau par un mécanisme nouveau.
©AFP

Pollution

La pollution de l’air provoque de nombreuses maladies respiratoires, augmente le risque d’AVC, de maladie cardiaque.

Olivier Blond

Olivier Blond

Olivier Blond est conseiller régional, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l'air et Président de Bruitparif.

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Atlantico : La pollution de l’air provoque de nombreuses maladies respiratoires, augmente le risque d’AVC, de maladie cardiaque … mais selon une étude elle augmente aussi le risque de dépression et même de suicide. Que nous apprennent les données de ces chercheurs ?

Olivier Blond : On savait depuis longtemps que la pollution de l’air pouvait causer des problèmes respiratoires, des asthmes ou des cancers du poumons. Par la suite, on a découvert les risques cardiovasculaires, comme des AVC ou des infarctus. Enfin, depuis quelques années, on commence à réaliser qu’il y a aussi des effets sur le cerveau. Il s’agit donc d’une troisième révolution. C’est une partie émergée de l’iceberg, et elle pourrait être très importante. 

Plusieurs études récentes montrent qu’il existe  donc une corrélation entre la pollution de l’air, le cerveau, et le développement cognitif. Dans les marqueurs de la maladie d’Alzheimer (les plaques amyloïdes), on a retrouvé des particules de pollution de l’air. On pense donc, même si la recherche n’en est qu’à ses débuts, qu’il y une relation. On a aussi remarqué que le développement cognitif ou le « quotient intellectuel » des enfants est plus bas dans les zones polluées que dans celles qui ne le sont pas. On ne sait pas comment cela fonctionne mais ce sujet est majeur, voire complètement explosif au regard de de l’impact de ces maladies. (Il y a 48 millions de personnes dans le monde atteintes de la maladie d’Alzheimer)

Qu’on découvert les chercheurs ?

En corrélant niveaux de pollution avec les suicides, les chercheurs ont montré qu’il a environ 1 suicide en plus par million d’habitant en cas d’augmentation de 11 jours d’un certain niveau de pollution par an. En France, cela serait équivalent à 70 suicides en plus chaque année. C’est à la fois peu car il y a environ 9000 morts par an par suicide en France, et c’est énorme : chaque vie perdue est une tragédie.

Comment est-ce possible ? Quel est le lien entre qualité de l’air, santé mentale et suicide ? 

Il y a beaucoup d’incertitudes. Mais les chercheurs posent cette hypothèse : la pollution de l’air attaque le cerveau par un mécanisme nouveau. Les particules ultra-fines, celles qui font moins de 1 micron, passeraient dans le nez, et remonteraient le nerf olfactif pour atteindre le cerveau. De là, les effets pourraient être très importants, probablement par un mécanisme d’inflammation.

Cette inflammation cérébrale changerait ce qu’on appelle « l’humeur », le terme médical pour dire si on est plutôt euphorique ou plutôt déprimé. Et la dépression peut mener au suicide. On sait qu’il y a un impact mais le mécanisme n’est pas clair, nous sommes seulement au début d’un champ entier d’études. 

Avons-nous sous-estimé l’importance d’une bonne qualité de l’air ? Ces résultats sont-ils la preuve que des transitions énergétiques ratées sont dangereuses ? 

Pendant des années, nous avons sous-estimé le problème, négligé l’impact global sur le cerveau. Quand on y verra plus clair, cela va alourdir le fardeau de la pollution de l’air. 

Il y a un enjeu climatique évident dans la transition énergétique. Mais il y a aussi un enjeu sanitaire, sur la qualité de l’air, qui représente 40 à 50 000 morts par an, rien qu’en France. Notre incapacité à produire une électricité de manière soutenable impacte ces deux aspects, et on peut le constater lorsque l’on remet en route des centrales à charbon en France ou ailleurs dans le monde. 

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