Les pays du G20 ne font ni morale, ni idéologie… Ils font du business, rien que du business...<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron serre la main du président indonésien Joko Widodo alors qu'il arrive pour le sommet des dirigeants du G20 à Nusa Dua, sur l'île de Bali, le 15 novembre 2022.
Emmanuel Macron serre la main du président indonésien Joko Widodo alors qu'il arrive pour le sommet des dirigeants du G20 à Nusa Dua, sur l'île de Bali, le 15 novembre 2022.
©Mast IRHAM / POOL / AFP

Atlantico Business

Il n’y aura pas de communiqué officiel, ni d’engagement, mais les pays du G20 qui représentent 80% de la population mondiale se sont quittés avec la conviction qu’il leur fallait provoquer un compromis de paix très rapidement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ne soyons pas naïfs, les chefs d’Etat et de gouvernement ne veulent faire ni morale, ni idéologie, ni même de politique. Ils veulent faire du business et rien que du business. Les chefs d’État et de gouvernement ne sont évidemment pas d’accord sur tout, mais après deux jours de discussion en visuel (ce qui change tout), ils en sortent avec la détermination qu’il faut nécessairement trouver un accord de paix, et pas pour des raisons de morale, ou d’éthique humanitaire, mais pour des raisons politiques, économiques et sociales afin que le 21 siècle soit un siècle de progrès pour la planète toute entière.

Ce qui est nouveau, c’est que les 20 chefs d’État et de gouvernements ont acquis la conviction qu’ils étaient interdépendants. Ils sont tous liés par des forces économiques et finalement culturelles. La mondialisation qui s’est déployée depuis un demi- siècle a provoqué beaucoup de dégâts et d’inégalités, mais elle a aussi généré beaucoup de progrès et d’interdépendance entre les différents partenaires. Aucun chef d’Etat ou de gouvernement ne peut penser évoluer seul, en autarcie. Certains peuvent certes rêver dominer les autres, mais le rêve tournera très vite au cauchemar devant le mur des réalités. Tout le monde se tient. Et tout le monde a intérêt à lutter contre toutes les forces ou toutes les situations qui reviendraient à déséquilibrer les réseaux d’échanges.

La guerre en Ukraine, qui se déroule au cœur de l’Europe a eu, au moins, le mérite de dévoiler cette évidence.

Les 20 chefs d’Etat et de gouvernement ont donc deux urgences à respecter.

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-La première est de trouver les conditions de faire cesser la paix parce que la situation de guerre en Ukraine crée une situation de désordre dans le commerce mondial qui provoque un ralentissement économique avec un risque sérieux de récession. La Chine a besoin d’une reprise de l’activité mondiale. Pour Xi Jinping, c’est primordial. Il fera donc tout ce qu’il est possible de faire pour obtenir que Vladimir Poutine se calme. Les Etats-Unis ont besoin de calmer les poussées inflationnistes et retrouver un potentiel de croissance. Les deux chefs d’Etat les plus importants de la planète sont d’accord sur l’essentiel. Joe Biden comme Xi Jinping ont vendu à leur opinion publique une promesse de prospérité économique. Les pays européens sont dans la même posture. Quant aux pays émergents, ils ne rêvent que d’une chose, acquérir les moyens de faire redémarrer leur processus de créations de richesse.

Ajoutons à cela que la guerre aujourd’hui est insupportable aux opinions publiques qui, grâce aux réseaux, peuvent observer tout ce qu’il s’y passe.

Ajoutons à cela que la guerre provoque des destructions dont les réparations ne sont pas génératrices de croissance, contrairement à ce qui s’était passé lors de la dernière guerre mondiale. La guerre aujourd’hui absorbe les moyens qui seraient nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique dont les dégâts seront à terme beaucoup plus graves encore que tous les bombardements conventionnels.

-La deuxième urgence est de redéfinir les modalités d’une mondialisation utile et plus équilibrée. L’Europe par exemple a trouvé le moyen de ne pas avoir froid cet hiver. L’Europe a remplacé le gaz russe par du GNL qui est importé des Etats-Unis ou du Qatar. C’est un gaz très cher, fortement chargé en CO2 et qui nécessite un traitement et un transport ruineux.

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Mais au-delà de la question de l’énergie, il faudra revenir sur la répartition des chaines de valeur. Comment profiter des avantages compétitifs comparés en intégrant les externalités négatives et les conditions de travail ? Des échanges commerciaux qui aboutissent systématiquement à des délocalisations industrielles, exclusivement pour des raisons de coût du travail ou de laxisme environnemental, ne profite à personne sur le long terme. Les pays occidentaux s’offrent du pouvoir d’achat mais affrontent du chômage. Les pays émergents trouvent un travail générateur de frustration sociale. Il faudra nécessairement revenir aux bases fondatrices de l’OMC. À savoir un commerce mondial fondé sur le respect des intégrités territoriales, sur le libre-choix des peuples et sur le respect de l’application des traités d’échange et leur réciprocité. La mondialisation a démarré avec des intentions nobles d’intégration et de rapprochement des peuples au début des années 2000, qui n’ont jamais été sérieusement suivies.

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