Les meilleures entreprises sont dirigées par des dictateurs éclairés<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les meilleures entreprises sont dirigées par des dictateurs éclairés
©Reuters

La dictature en entreprise

Selon Vivek Wadhwa, directeur de la recherche au Centre pour l'entrepreneuriat et la commercialisation de l'Université américaine Duke, il est évident que la réussite d'une entreprise passe par son patron. Celui-ci doit avoir une vision, des convictions et un pouvoir de décision : bref avoir une personnalité de dictateur. Mais l'autorité a ses limites.

Devenir leader dans l'Industrie n'est pas un concours de popularité. Les meilleures entreprises sont dirigées par des dictateurs éclairés. Voilà les conclusions de Vivek Wadhwa, directeur de la recherche au Centre pour l'entreprenariat et la commercialisation de l'Université américaine Duke après avoir étudié personnalités des PDG et entreprises qui sont devenues de véritables machines économiques.

Selon le chercheur, un PDG doit certes écouter très attentivement ses employés, mais il doit surtout faire ce qu'il y a de mieux pour son entreprise, ses salariés et ses actionnaires. Pour y arriver, explique Vivek Wadhwa, le meneur se doit de prendre des décisions tranchées et accepter d'être responsable des erreurs commises si les choses tournent mal. Le PDG s'attend à ce que tout le monde applaudisse quand une décision a été prise, et les meilleurs d'entre eux partagent le succès mais prend seul le blâme si cela tourne mal.

Bref, un PDG se démarque par sa fermeté dans les décisions prises, insiste le chercheur de l'Université Duke. Or le peuple, les employés adorent être dirigé par un homme fort qui a une vision, des convictions et des principes. Les employés ne sont pas obligés de toujours être d'accord avec le patron, mais tant que l'éthique est respectée, les employés suivent les ordres, travaillent dur et sont loyaux. Bref, les grandes réussites sont le fruit d'un management autocratique.

Et pour étayer son propos, Vivek Wadhwa donne des exemples bien connus des meilleurs PDG de l'histoire moderne :

·         Walt Disney demandait souvent à ses employés de proposer leurs idées à travers des sondages, puis dictait ses choix sans tenir compte d'aucunes propositions. Si ces mêmes salariés n'étaient pas assez performants, il les congédiait manu militari. L'inventeur de Mickey avait une vision claire, était cohérent mais extrêmement autoritaire. Ce qui sur la fin de sa carrière lui a valu de perdre de vue la réalité de ce qui avait fait son succès. Pourtant il a touché le cœur de milliards de gens partout dans le monde et à créer une des entreprises les plus performantes de l'histoire.

·         Henry Ford est connu pour avoir dirigé avec une main de fer, décidant tout, même la vie personnelle de ses employés. Mais sa vision pour l'industrie automobile, sa défiance face aux investisseurs pour construire une voiture pour le peuple, son combat pour augmenter le salaire minimum a fait de lui un révolutionnaire

·         Steve Jobs était un tyran qui demandait l'absolu secret des travaux d'Apple et la complète loyauté à ses employés. Il était égoïste et lunatique explique Vivek Wadhwa. Mais il a changé le monde de la technologie.

·         Enfin Elon Musk PDG de Space X, grand innovateur technologique du 21e siècle est, selon le chercheur de l'université Duke, un être assez inhumain aux demandes irréalistes. Mais c'est un véritable visionnaire et il a fait évoluer de façon drastique des secteurs comme le transport, l'énergie et l'espace.

L'autorité a ses limites

Une étude récente de la société de chasseurs de tête américain Russell Reynolds met en évidence plusieurs traits de la psychologie d'un bon PDG : la détermination, avec des profils "tournés vers l’action, plus optimistes que les autres, et capables de prendre des risques calculés et des décisions difficiles, une "intelligence émotionnelle", avec la capacité de comprendre les motivations des autres, maîtriser leurs émotions et construire des équipes ; une "faculté d’anticipation", enfin, qui permet de "voir loin". Mais aucun mot sur l'autorité, voire le management autocratique dont parle Vivek Wadhwa

Le succès de mettre fin au poste de managers lancé par un entrepreneur américain, Brian Robertson dès 2001, tente à prouver que la dictature entrepreneuriale est vouée à mourir. Pour lui, le système "top-down" né avec la révolution industrielle et le taylorisme ne sont plus adaptés au monde contemporain. L'holacratie comme il a appelé son système, vise à donner le pouvoir de gouvernance à l'organisation elle-même plutôt qu'à certains de ses membres, à substituer à l'autocratie du leader la mobilisation collective des talents.

L'autocratié peut également devenir un prétexte pour des comportements immoraux. Steve Jobs était très connu pour ses comportements abusifs. Peter Thiel, investisseur reconnu de la Silicon Valley, a raconté qu'un PDG qu'il connaissait avait acheté et offerte la biographie autorisée de Steve Jobs "pour expliquer que dorénavant, il serait abusif et méchant avec eux." 

Vivek Wadhwa avoue lui-même que la dictature du PDG marche jusqu'à ce qu'elle ne marche plus. Quand ça ne fonctionne plus, tout s'écroule, dont l'entreprise ell-même. Non seulement le PDG autoritaire bloque l'avancée d'une société puisque tout doit être approuvé par lui, mais il empêche les salariés à prendre des risques parce qu'ils ont peur de faire de mauvais choix.

Le chercheur de l'université Duke préconise donc aux PDG un total équilibre entre un leadership fort et une autonomie voire une responsabilisation des employés.

Le PDG peut être dictatorial, explique-t-il, mais inspirant et moteur de motivation, savoir communiquer et être honnête.

Bref pour survivre à l'arrivée massive des technologies dans pratiquement toutes les industries, les entreprises doivent être dirigé par des dictateurs éclairés au grand cœur.

lu dans Quartz

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !