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Pourquoi Sophie La Girafe reste aujourd’hui le jouet de naissance le plus offert en France
©REUTERS/Radovan Stoklasa

Bonnes feuilles

Ils ne sont pas encore tous entrés dans nos musées, mais ils appartiennent à notre mémoire collective ; et ces jouets vintage du XXe siècle sont chinés ou vendus aux enchères dans nos salles les plus prestigieuses. À travers l’histoire de ces jouets cultes, c’est une histoire de design, une histoire d’inventions et de techniques qui s’écrit. Extrait de "Les jouets cultes du XXe siècle", de Dorothée Charles, Brigitte Durieux, Claire Didier, Laziz Hamani, publié aux éditions La Martinière (1/2).

Sophie la girafe est née le 25 mai 1961, fête des Sophie. Son créateur est anonyme. Depuis, elle est devenue la compagne indispensable des nouveau-nés.

Cet herbivore au long cou et aux pattes élancées a les proportions idéales pour la préhension de l’enfant qui la mordille et la fait couiner en lui appuyant sur le ventre. Elle reste aujourd’hui le jouet de naissance le plus offert en France (800 000 exemplaires vendus en 2013 pour 832 000 naissances).

Ce type de jouet était appelé, chez les Romains, crepundia, du verbe crepare, « faire du bruit ». Ainsi, hochets et crécelles étaient offerts à la naissance de l’enfant et faisaient partie de ces jouets dits « du premier regard ». Le fabricant de Sophie la girafe a pris successivement le nom des trois industriels qui furent propriétaires de l’usine installée dans le 3e arrondissement de Paris, puis à Asnières-sur-Oise : Culaz (1862), Derolland (1874) et Delacoste (1916). Produisant tout d’abord des imperméables, la société se spécialisa par la suite dans les jouets en caoutchouc. Sous l’impulsion de Basile Delacoste, la production se développa considérablement à partir des années 1930 grâce à l’achat de la licence Disney, puis plus tard de celle de l’ORTF.

Saturnin le petit canard (1954), Aglaé et Sidonie (1959), Nicolas, Pimprenelle et Nounours de l’émission Bonne Nuit les petits (1962) figurent parmi les tout premiers personnages fabriqués par Delacoste qui sont issus de la première chaîne de télévision française. Dans les années 1950-1960, les innovations techniques se succèdent avec un procédé de roto-moulage applicable au latex (un caoutchouc naturel issu de l’hévéa qui a la particularité de rester flexible et d’être lavable), le sifflet en caoutchouc intégré (au lieu du sifflet en fer que l’enfant pouvait avaler) et le vernis à l’acétate (qui fixait les couleurs tout en étant inoffensif au contact de la salive). Ces caractéristiques sont liées aux nouvelles normes hygiéniques et de sécurité imposées en France dans les années 1960 pour tous les jouets destinés au premier âge.

En 2011, une étude révélera des taux de nitrosamines (substances classées cancérigènes) chez Sophie la girafe. L’entreprise savoyarde Vulli, qui a racheté Delacoste en 1981, modifiera son processus de fabrication pour entrer en conformité avec les directives européennes. Le succès de Delacoste réside également dans la diversité des sujets proposés et de ses emballages. Chatons, lapins, chiens, agneaux, mais aussi poupées et héros de la littérature jeunesse, du cinéma et de la télévision sont présentés dans des boîtes bleues recouvertes d’un film transparent afin d’identifier facilement les sujets et de proposer des ensembles à thème (wagon à animaux, personnages…). Le jouet « mou » s’inscrit aussi dans le développement psychomoteur de l’enfant. Jusqu’à 8 mois, le nourrisson presse, mordille, suce et plie. C’est dans cette catégorie que s’inscrit Sophie la girafe.

Avant de devenir le jouet culte français, elle a eu, en 1959, une petite soeur, Zoé, trop grande (46 cm). Pour décliner d’autres versions, la société a également sorti, en 1980, Mona (22 cm) puis Cléo (31 cm), qui ne connaîtront pas le même succès que Sophie.

Extrait de "Les jouets cultes du XXe siècle", de Dorothée Charles, Brigitte Durieux, Claire Didier, Laziz Hamani, publié aux éditions La Martinière, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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