Les fonds spéculatifs américains lancent un avis de tempête sur l’Europe et espèrent bien en profiter<!-- --> | Atlantico.fr
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Ray Dalio, fondateur de Bridgewater.
Ray Dalio, fondateur de Bridgewater.
©THOS ROBINSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

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Bridgewater, le plus gros fonds spéculatif du monde, s’est mis à vendre l‘Europe, alors que les fonds activistes continuent d’assiéger les plus belles entreprises.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La décision de Bridgewater, principal hedge funds de la planète qui a décidé de vendre plus de 22 milliards d’actions européennes, a fait l’effet d’une bombe sur les marchés financiers. Bridgewater est un bulldozer de la finance internationale, il gère plus de 160 milliards de dollars investis partout dans le monde. C’est dire si le moindre clignement d’œil de l’un des traders est capable de faire bouger les marchés.

En général, on ne connaît pas à l’avance les intentions d’arbitrage sauf quand ils agissent sur l’espace européen. En vertu de la règlementation qui a été mise en place au lendemain de la crise, les fonds doivent prévenir de leur intention.

Et depuis 24 heures, on sait que l’intention de Bridgewater est claire : ils vont vendre à découvert pour 22 milliards d’actions d’entreprises européennes, des actions qu’ils ne possèdent pas. Airbus, BNP, Société Générale, Total, Sanofi et Vivendi en France sont dans leur collimateur. En Italie, ils visent le groupe pétrolier ENI et le groupe de services aux collectivités Enel. En Allemagne, ils ont ciblé Siemens, BASF et Allianz.

La démarche n’est pas nouvelle. Et en vendant à découvert, cela signifie que les fonds font le pari que ces valeurs vont baisser d’ici 2 à 3 ans et qu’à ce moment-là, ils pourront les acheter moins chères qu’ils ne les ont vendues, ou alors acheter beaucoup plus de titres qu’ils en avaient vendu pour le même prix.

Dans les deux cas, c’est assez inquiétant pour les entreprises en question.

En fait, Bridgewater fait le pari que les données macro-économiques de l’Union européenne vont se détériorer grave, parce que les pressions inflationnistes vont faire remonter les taux d’intérêt. Comme les entreprises sont endettées, leurs marges vont diminuer. Sans parler du désordre politique annoncé par le développement des tensions populistes et protectionnistes.

Bref, l’Europe n'a pas les moyens politiques de surmonter des facteurs de déstabilisation. D’où l'avis de tempête.

Ce qui est intéressant dans cette météo, c’est que les fonds activistes américains, eux, font un raisonnement un peu différent mais aboutissant finalement aux mêmes effets. Les fonds activistes sont des institutions financières qui entrent au capital des grandes entreprises et qui les obligent à des réformes immédiates pour qu‘elles puissent délivrer des résultats plantureux à très court terme. Ces fonds sont très actifs auprès du management, ils n’hésitent pas à forcer la porte des conseils d’administration et même parfois à demander le départ des dirigeants pour changer la stratégie.

Leur préoccupation principale est de dégager des profits à court terme, alors que la plupart des entreprises européennes ont plutôt une culture de vision à  long terme.

Alors, les entreprises françaises notamment sont étroitement surveillées et souvent menacées par des activistes. Ces attaquants sont bien connus, leur cible aussi.

Elliott par exemple est aux portes de la BNP, Third Point lorgne sur Nestlé qui dispose d’une participation chez L’Oréal, ou encore Corvex qui harcèle périodiquement Danone.

Le problème, c’est que des fonds institutionnels installés depuis longtemps dans les entreprises françaises regardent les méthodes des activistes avec intérêt et gourmandise. Un fonds comme Black Rock, par exemple, s’est rangé aux cotés d’un activiste qui cherche à déstabiliser Procter and Gamble.

Par ailleurs, Black Rock ou State Street interviennent de plus en plus pour exiger des efforts supplémentaires en matière de responsabilités sociales et environnementales mais aussi de transparence. Espérant ainsi séduire la majorité des actionnaires ou l'opinion publique. Bref, un peu comme en politique, les fonds ont appris à faire des campagnes de communication pour justifier leur projet et leur ambition.

En attendant, le capitalisme européen risque fort d’être secoué par tous ces avis de tempête.

D’une part, parce que les sous-bassement macroéconomiques sont fragiles.

Ensuite, parce que la situation politique est inquiétante partout en Allemagne, en Italie ou en Espagne

Enfin, parce qu‘il manque toujours à l’Union européenne une solidarité qui pourrait la protéger des prédateurs. 

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